Les débats autour du plan d'action du gouvernement se sont poursuivis durant les deux soirées de mercredi et de jeudi derniers. Le plan d'action, présenté durant la plénière nocturne de mardi par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune ne semble pas avoir attiré l'attention de la majorité des députés. Les élus du peuple issus des élections législatives du 4 mai dernier préfèrent dévier l'ordre du jour tracé par le bureau de l'APN, pour évoquer, chacun de son côté, les «souffrances» de sa circonscription. Plusieurs députés ont tenté tout au long de leurs interventions de porter les doléances de leurs wilayas respectives. En effet, remise en état du réseau routier, amélioration du secteur de santé, dégel de projets structurants, création d'emplois et logement étaient le dénominateur commun des dizaines d'interventions de députés à l'hémicycle. Tenant compte de la «crise financière» qui secoue le pays depuis 2014, les députés du Rassemblement national démocratique (RND) ont évoqué le secteur du tourisme, lequel, «pourrait être l'alternative à une économie jusque-là dépendante aux hydrocarbures», pense la députée Imane Aouada. A cet égard, la parlementaire du RND a insisté sur l'impératif «d'associer les collectivités locales en accordant plus de prérogatives et plus de moyens aux élus locaux pour», estime-t-elle, «promouvoir ce secteur en exploitant les potentialités naturelles et humaines de chaque région». Du même parti, Mohamed Dehisa, député d'Illizi, a revendiqué «plus de logements» pour sa wilaya. Et ce, a-t-il précisé, «selon les spécificités de la région du Sud». Il a également évoqué «un manque cruel», selon ses termes, de structures sanitaires. «Nous avons attentivement écouté le discours du Premier ministre. Il était clair que le développement économique dans ses multiples aspects est le but recherché par le gouvernement. Pour ce faire, il faut beaucoup de moyens. Or, lorsque le baril du pétrole était à 120 dollars, vous l'avez utilisé pour l'achat de la paix sociale pour fabriquer une société qui ne produit aucune valeur ajoutée», lâche Khelifa Benslimane, député du Front El Moustakbal, énumérant ensuite les «maux», dit-il, dont «souffre» sa wilaya, Laghouat. Par ailleurs, les députés issus des wilayas des Hauts- Plateaux ont à l'unanimité «salué» le «découpage administratif» pour la création de wilayas déléguées, un des points contenus dans le plan d'action exposé par le Premier ministre. Rappelant la chute des cours du pétrole suite à quoi «l'Algérie se trouve au point de non retour» et qui a fait que la diversification de l'économie nationale soit devenue une «nécessité», le porte-parole du RND, Seddik Chihab tranche : «Notre problème aujourd'hui n'est pas dans les textes mais il réside de la volonté d'agir.» «Nous avons avec brio prouvé notre capacité à ‘‘vouloir faire sans pouvoir faire''. En effet, nous sommes passés maitre dans l'art de légiférer mais pour finalement faire de nos lois des déclarations d'intention inapplicables», déclare-t-il. Selon lui, «on ne peut construire une économie si on ne donne pas la priorité aux petites et moyennes entreprises». De leurs côté, les députés du Parti des travailleurs (PT), outre ce qu'ils qualifient de points «positifs» contenus dans le plan d'action du gouvernement, notamment l'engagement de l'Etat de ne pas recourir à l'endettement extérieur, ils ont toutefois ouvertement critiqué la «politique d'austérité» à laquelle «le gouvernement est attaché». «Cette politique, dont les mesures accablent et affaiblissent le simple citoyen, risque de provoquer l'irréparable», avertit un des députés du PT, qui s'est interrogé sur «les mesures que prendra le gouvernement pour arrêter l'effondrement du front social». Dans la soirée de jeudi dernier, les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont intervenu en série. L'un après l'autre ils ont usé de termes acerbes pour critiquer le plan d'action du gouvernement qu'ils estiment «réchauffé, déjà vu et dépourvu de chiffres et de délais». Ce plan présenté par M. Tebboune est «dépourvu de contenu, il ne contient que des généralités, des déclarations et des affirmations», a dénoncé la députée d'Alger, du même parti, Fetta Sadat. A. B.