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Du bon usage de la repentance…
à l'opposé du discours sarkozyste sur la colonisation, Ségolène Royal demande pardon à l'Afrique
Publié dans La Tribune le 23 - 04 - 2009

Nul doute que Ségolène Royal est une disciple de Max Weber. La rivale de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de mai 2007 est
manifestement habitée par l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité. Plus encore par l'éthique de respect. Son discours du 6 avril 2009 à Dakar, contre-pied de l'allocution de Nicolas Sarkozy sur l'Homme africain, dans la même ville, en est une édifiante illustration. Iconoclaste, il rompt avec la rhétorique de la Françafrique, et ce n'est pas le moindre de ses mérites. Il taille en pièces un discours ethnocentrique revisitant une anthropologie coloniale, et là est assurément sa plus grande valeur. Ce texte, débattu durant un mois au sein de son association Désir d'Avenir, a été irrigué par des discussions avec l'altermondialiste malienne Aminata Traoré et le politologue français Jean-François Bayart. Son souffle humaniste en a acquis les accents forts des mots justes et sincères. Pas étonnant donc qu'il ait autant scandalisé l'establishment français, courrouçant la droite UMP et irritant royalement ses camarades socialistes. Et la polémique à son encontre continue. En posture de confrontation politique et philosophique permanente avec Nicolas Sarkozy, elle pourfend régulièrement la condescendance philosophique et le mépris politique de son adversaire de toujours. Pas surprenant donc d'apprendre l'existence de tentatives de sabotage de son retour médiatique au Sénégal, sa terre natale. Etait-ce réellement un hasard, si le jour même où elle débarquait à l'aéroport de Dakar, l'ambassadeur de France, l'écrivain Jean-Christophe Ruffin, s'envolait, lui, pour Paris ? Est-ce par ailleurs une contrainte d'agenda qui expliquerait que le président Abdoulaye Wade ait finalement reporté sine die son audience du 6 avril, pourtant dûment confirmée par courrier à Ségolène Royal ? Bien que cela reste à confirmer, ça sent la pression politique. Ségolène Royal ou le bon usage de la culpabilité et de la repentance. A Dakar, devant ses camarades socialistes sénégalais, la «fille de l'Afrique et sœur des hommes et femmes d'ici», a porté «une parole de respect, de fraternité et de justice». A mille lieues de la harangue sarkozyste, affirmant, le 26 juillet 2007, que «le drame de l'Afrique, c'est que l'Homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire […] et jamais ne s'élance vers l'avenir ; jamais ne lui viendrait l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin». Porteur d'un déni flagrant d'historicité, ce discours avait en son temps provoqué la colère légitime d'intellectuels et de dirigeants africains, affligés par cette posture magnifiant l'ancienne puissance coloniale. Loin donc des phrases essentialistes de Nicolas Sarkozy, les mots, plutôt existentialistes de Mme Royal, récusent cette idée simpliste, encore au goût du jour, selon laquelle le monde se divise entre peuples fossiles et peuples en constante évolution. A Dakar, la dame du Poitou-Charentes s'est insurgée contre Tintin au Congo. Dans la capitale sénégalaise, le chef de l'Etat français, sentencieux, a, lui, annoncé : «Cette renaissance, je suis venu vous la proposer.» Se défaisant du relativisme culturel et réhabilitant du coup l'universalisme républicain que la gauche socialiste semble avoir abandonné, Ségolène Royal a démontré que les nations, notamment les anciennes puissances coloniales, ne sont jamais aussi grandes et tellement civilisées que lorsqu'elles reconnaissent leurs torts. Ni auto-flagellation ni têtes à couvrir de cendres, le pardon qu'elle a exprimé est celui du repentir vrai, de la juste repentance : pas de «ressassement du passé, mais moyen de le dépasser sans amnésie» ; les «mots justes sur ce qui fut.» Le discours de Dakar de la candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 ne constitue pas une surprise car il est dans la continuité de sa réflexion globale sur les nouveaux rapports à construire avec l'Afrique.
Sa philosophie est perceptible dans son discours de campagne présidentielle. Elle sera mieux élaborée dans un ouvrage co-écrit avec le sociologue Alain Touraine et dans Femme debout, rédigé avec Françoise Degois. Elle y annonce à une gauche de gouvernement ayant trahi ses idéaux et abandonné le petit peuple que «l'Afrique est notre avenir, que son développement sera l'œuvre des Africains». Devoir de mémoire et devoir de vérité qui «permettent de regarder les faits en face», guident donc la démarche de Mme Royal.
Celle-ci, rappelant simplement que le continent a connu de grands empires. Evidence que tous les historiens, pas seulement les Africains, savent : A l'époque où l'Europe était encore féodale, on voyait se développer en Afrique des «monarchies constitutionnelles». Par exemple, l'université de Sankoré, dans l'actuel Mali, accueillait 25 000 étudiants. Des milliers de manuscrits centenaires, qui ont nourri le dense savoir d'Amadou Hampaté Ba, de cheikh Anta Diop et de Joseph Ki-Zerbo, révèlent toute l'étendue du savoir technologique et de la pensée philosophique des Africains avant l'arrivée de la colonisation «civilisatrice». C'est alors l'hommage solennel de Mme Royal : «Honneur aux maîtres de la parole qui conservèrent et transmirent. Honneur aux historiens de l'Afrique qui ont rappelé au monde que non seulement l'Afrique était le berceau de l'humanité, mais qu'elle était, avec l'Asie mineure, le berceau de la civilisation humaine.» A contre-courant de la loi scélérate du 5 février 2005 glorifiant la colonisation et du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a énoncé la simple vérité qui fait du colonialisme «un système». Un système, «au-delà des hommes et des femmes sincères et de bonne volonté» qui «doit être condamné pour ce qu'il est : une entreprise systématique d'assujettissement et de spoliation» et dont «les séquelles doivent être combattues sans fléchir». En demandant «pardon» à l'Afrique et en lui disant «merci», elle a aussi reconnu la dette morale que la France libre doit aux combats et aux sacrifices des centaines de milliers d'Africains morts pour sa liberté et sa dignité. «Il y a des mots que le peuple français doit au peuple sénégalais et à tous les peuples africains qui ont souffert pour nous et par nous, ce sont des mots simples mais puissants […] : Pardon. Merci pour le passé. Et, s'il vous plaît, pour l'avenir, bâtissons ensemble.» En droit fil de cette expression civilisée de la reconnaissance et de la repentance qui grandit leurs auteurs, Mme Ségolène Royal a proposé la création concertée d'une «commission Vérité du passé et avenir commun qui aurait accès à toutes les archives civiles et militaires, qui accueillerait tous les témoignages et qui aurait pour mission de dire le vrai et de pacifier les mémoires.»
N. K.


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