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Les «fausses routes» de l'excuse et de la repentance
L'Assemblée française discute une loi algérienne
Publié dans La Tribune le 31 - 10 - 2009


Photo : Riad
Par Mohamed Bouhamidi
Le 24 octobre dernier à Aïn Oulmène (Sétif), puis le 26 octobre, à l'occasion d'un hommage à Tewfik El Madani, Abdelaziz Belkhadem a réitéré la demande d'excuses françaises pour ses crimes coloniaux qu'attendent quelques ONG et dirigeants algériens. Cette demande passe aujourd'hui pour normale et naturelle par sa récurrence ; elle va de soi et presque tout le monde la perçoit comme une sorte de fermeté, de fidélité au combat de nos aînés et de nos aïeux. Nous pouvons résumer en écrivant que, dans l'air du temps, elle «va de soi». Outre, que du point de vue de la pensée critique, aucune
idée ne va de soi et que toute idée «se questionne», même celle-là. Pourquoi la réitérer puisqu'elle a déjà reçu des réponses sans équivoque ? Toutes réponses qui valent un peu plus que du refus. Les deux dernières sont évidemment la décision d'une institution française d'attribuer un prix aux travaux et publications qui mettront en valeur les apports positifs de la colonisation à la vie des peuples anciennement dominés. Pourquoi s'échiner à demander des excuses à une France qui vous répond par cette persistance l'idée qu'elle a «exporté» le progrès et la modernité à des peuples arriérés ? On peut répliquer que cette institution ne reflète pas tout à fait le point de vue de l'Etat français en tant qu'Etat. On peut imaginer que l'Etat français vit en vase clos et que ses représentants et responsables ne «nagent» pas dans les bains idéologiques de leur société mais cette position n'est pas tenable d'une part. D'autre part, le Parlement français qui a adopté la loi dite du 23 février glorifiant les «aspects positifs du colonialisme» est bien une institution constitutive de l'Etat français en même temps qu'elle en est hautement l'un des symboles. La loi devant faire les parcours habituels entre ses concepteurs au sein du gouvernement et les députés habilités à l'adopter, nous pouvons mesurer combien, l'Etat français reste imprégné de la valeur messianique de son entreprise coloniale.
Raison de plus pour se demander s'il est vraiment utile de demander à un Etat de renier une nature qu'il ne cesse de réaffirmer. A moins d'avoir du temps à perdre ou d'exprimer quelque chose d'essentiellement différente de la demande formulée.
Le pire dans cette persistance française est survenu le 20 octobre l'Assemblée nationale française. Et il s'agit bien d'une institution de l'Etat français et non d'une quelconque association ou institut que l'alibi démocratique permet de multiplier pour faire dire à la «société civile» ce qu l'Etat préfère penser tout bas. Le 21 de ce mois d'octobre, le ministre délégué français au commerce extérieur, Hervé Novelli, répondait à une élue UMP de Marseille qui s'inquiétait des conséquences de la loi de finances complémentaire sur les activités du port de Marseille et s'inquiétait par conséquent de l'action du gouvernement français pour corriger les «dégâts collatéraux» de notre LFC. Le ministre répondra qu'il expliquera à «ses amis algériens» qu'ils font «fausse route» -d'où le titre de cet article- à l'occasion d'une réunion des ministres du Commerce de l'Union pour la Méditerranée. Mazette ! Quel programme !
Vous pouvez vous étonner et vous poser cette question élémentaire et naïve : «De quel droit cette députée française, et son ministre du Commerce, considèrent que les lois algériennes doivent se conformer aux intérêts de la ville de Marseille en particulier et de la France en général ?» Des élus algériens ont-ils demandé, un jour, que les lois françaises soient conformes aux intérêts algériens ? Question essentiellement naïve. Car de cette démarche de l'élue française dans l'auguste enceinte de l'Assemblée nationale française et l'acception par le ministre de cette démarche -sinon il aurait juste rappelé à la députée que les lois algériennes ne se discutent pas au parlement français- on comprend qu'elle n'imagine l'action du gouvernement algérien qu'assujetti à une «souveraineté extérieure». Mais comprenez-moi, cela va de soi dans sa tête et dans celle de son ministre et il faudra bien les rabrouer pour rendre à l'évidence que le 1er novembre a fini, un cinq juillet, par mettre fin à la souveraineté française sur les territoires d'Algérie. Les rabrouer, pas autre chose. Il faudra bien de notre côté faire le bilan de résultats concrets des orientations néo et ultra libérales défendues par certains courants algériens qui ont consisté à chanter l'«infitah» et prendre pour certificat de bonne conduite chacune des flatteries de l'Union européenne et de ses Etats membres chaque fois que nous abandonnions un part de notre souveraineté nationale et cédions sur l'idée que nous avions à construire un Etat et une économie au profit exclusif de notre peuple dans sa diversité. Comment demander des excuses et une repentance à des gens qui montrent tant de constance à se considérer supérieurs et à poursuivre une politique néocoloniale et porter une mentalité néocoloniale si profonde qu'elle en devient «naturelle» comme leurs demandes de corriger notre LFC comme leur «droit» de regard sur nos orientations nationales ?
Pire, le ministre français compte poser la question dans le cadre d'une réunion des ministres du Commerce de l'Union pour la Méditerranée. Cette union a-t-elle vocation à superviser les politiques nationales de notre pays ? Ou alors la France tient les promesses inscrites dans la charte de l'UPM de «paix, de développement et de prospérité partagée» que les Palestiniens ne voient pas venir, pour un engagement des pays arabes à assurer la prospérité de l'Europe ? Il serait très grave que notre ministre accepte que notre LFC soit inscrite à l'ordre du jour d'une telle réunion. De mon point de vue, il serait très grave de participer à toute réunion en présence d'Israël alors que ce pays foule aux pieds les principes de cette charte en promettant aux Palestiniens plus de colonisation, plus de nettoyage ethnique avec l'exigence d'«une reconnaissance du caractère juif de l'Etat d'Israël et de la ville d'El Qods. Mais puisqu'il s'agit de commerce et d'économie, il aura échappé à la députée et au ministre français que le plus grand problème commercial et économique de la Méditerranée et, donc, de l'UPM se pose à Ghaza. Est-il «naturel» que l'Etat d'Israël et le régime égyptien imposent aux Ghazaouis un blocus commercial sans aucun mandat du Conseil de sécurité ? Est-il naturel qu'Israël impose en Cisjordanie des centaines de barrages fixes et mobiles, des check-points qui paralysent l'économie palestinienne ? Mais Israël a le droit de se défendre, n'est-ce pas, contre toute menace future et virtuelle qui fait de chaque enfant palestinien un futur ennemi ? La réalité mentale du ministre français et de la députée est qu'ils appartiennent «naturellement» à des peuples supérieurs tout comme les Israéliens et qu'ils ont «naturellement» le droit de nous dicter notre conduite.
L'origine inconnue d'une fausse route
Je ne sais qui a mis dans la tête de nos dirigeants d'aller dans cette voie de demander des excuses à la France. Outre qu'il est complètement inutile de demander à des néocolonialistes de s'excuser pour le colonialisme c'est vraiment «une fausse route». Il faut examiner le concept dans son contenu. A qui exige-t-on des excuses ? A ses proches et à ses aimés qui ont commis une faute, c'est-à-dire à son enfant, son conjoint, son ami, etc. pour que la blessure qu'il nous a infligée ou que la transgression qu'il a commise ne produise pas des effets irrémédiables sur la relation qui les lie. On pardonne alors et tout redevient comme avant.
Admettons que l'Etat français s'excuse pour les crimes coloniaux. Cela efface-t-il ses crimes ? Cela nous avancerait à quoi que Massu et qu'Aussaresses s'excusent ? Et, surtout, cela nous ramènerait-t-il «comme avant» ? Nous voulons revenir vraiment comme avant ? Dans la relation coloniale. Quand notre enfant ou notre proche s'excuse, il nous dit que sa faute est un «accident», une erreur, quelque «chose» de non voulu et nous n'acceptons les excuses que dans ce sens. Sinon nous penserions que cette erreur procède d'une logique permanente et que des excuses ne peuvent mener à une correction de l'erreur et à sa réparation. Et, dans ce cas là, on coupe la relation affective ou alors nous acceptons une relation sado-masochiste. C'est bien ce que nous voulons ? Considérons-nous vraiment que les crimes sont des bavures, des erreurs et non les conduites constitutives du projet colonial ?
Il faudra bien un jour liquider cette question et de bonnes âmes pourront nous présenter la fraternité franco-allemande comme exemplaire. Grave erreur et grave erreur de Gribouille. Si nous devions prendre un modèle d'excuses et de repentance c'est plutôt le cas des rapports de l'Etat allemand avec la shoah. L'Etat allemand ne s'est pas contenté de présenter des excuses mais a reconnu le caractère criminel de l'Etat nazi, a fait son propre procès moral, contribué à la poursuite des criminels et présente des compensations financières et politiques aux associations juives -ce qui est légitime- et à l'Etat d'Israël ce qui déplace sur les Palestiniens la plus grosse partie des réparations de la faute européenne. Cette attitude, légitime, des associations juives et de l'Etat d'Israël -à mes yeux illégitime- ne relève pas de la même nature que la demande algérienne. Ils agissent face à un Etat considéré comme vaincu et devant présenter des réparations. Vous pensez que l'Etat français est prêt à nous restituer le trésor du dey Hussein, les trésors archéologiques emmenés dans les musées français, nous compenser l'équivalent des richesses pétrolières et minières mises à la disposition des besoins français, etc. ? C'était la seule façon d'exclure les criminels nazis de notre humanité et de reconnaître aux juifs la même humanité que les autres humains. En bref, nous n'appartenons pas à la même humanité que les criminels et leur demander des excuses sans qu'elles soient spontanées et suivies de réparations, c'est gémir d'une situation passée, rester dans une posture victimaire quand novembre a fait de nous non pas des victimes mais des acteurs de l'Histoire.
Je ne crois qu'on retrouve l'esprit de Novembre dans la démarche algérienne. Nous avons gagné la bataille de l'indépendance à la suite d'incommensurables sacrifices. Nous avons à poursuivre en établissant clairement que le crime est constitutif de la nature coloniale, qu'il est son essence et nous devons recenser ces crimes un à un et les instruire aux plans national ou international.
Encore une fois, nous n'aurions pas été seuls dans ce combat. En France même des associations et des chercheurs comme Olivier Le Cour Grandmaison poursuivent ce combat contre les crimes coloniaux après nous avoir aidés si magnifiquement pendant notre guerre de libération. C'est vers eux que devrait aller notre attention et nos besoins d'alliance dans le combat commun contre la permanence de l'Etat impérial français comme l'appelle Olivier Le Cour Grandmaison dans son dernier livre ; Etat impérial qui trouve «normal» et «naturel» de discuter dans son Parlement de nos lois et de notre politique. Car, a nous remettre dans l'appel de la nuit rebelle, nous avions à nous lever contre l'Etat colonial et néocolonial par à les supplier de reconnaître leurs torts.


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