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Darwich en travers de la gorge de Libération
Le quotidien français a traité l'enterrement du grand poète comme un fait divers
Publié dans La Tribune le 21 - 08 - 2008

Darwich est né dans le fracas du monde qui amènera le peuple palestinien à payer pour des crimes européens. Il sera mort au milieu d'autres fracas, poète d'une si grande valeur, d'un si grand message, de cette si grande espérance qu'au milieu des injustices inédites et des crimes sans fin et sans nom des sionistes, il ne perdra jamais cette quête de sa part d'humanité qui lui était niée, la restituant ainsi à tous les autres hommes que la haine raciale n'aveuglaient pas totalement. Il a eu le grand tort, impardonnable, de chanter cette part d'humanité d'un peuple arabe, le peuple palestinien, dont il fallait, à tout prix et surtout à n'importe quel prix, pour tous les milieux sionistes et impérialistes présenter l'image de la barbarie, du sang et du meurtre. Ce rôle immanent à la beauté, la profondeur, la grandeur de sa poésie continuera par son existence même à miner toutes les entreprises de propagande et de stigmatisation de ce peuple. Entre le moment de sa mort et celui de son enterrement, le monde médiatique occidental s'est mobilisé comme une seule cohorte de propagandistes pour défendre l'intégrité territoriale de la Géorgie. Ce n'est pas le souci de ce texte de s'attarder sur cette «guerre» de Géorgie, épisode important des menées américaines autour du gaz de l'Asie centrale et provocation délibérée des Etats-Unis et d'Israël –qui cherche à devenir un relais de la redistribution de gaz eurasiatique- qui ont ensemble entraîné et préparé les troupes géorgiennes à tester le niveau de réactivité de la Russie sur la question de ses intérêts nationaux. Inutile de rétorquer à la propagande occidentale que la Serbie avait plus de droits que la Géorgie au respect de son intégrité territoriale et sa souveraineté sur le Kosovo ou qu'inversement les Ossètes et les Abkhazes n'ont pas moins de droits que les Kosovars à faire sécession. Cela n'a rien à voir avec la logique et l'impératif de respecter un principe dans son universalité. Un droit est valable pour tous ou n'est pas. Il n'est pas même dans mon intention de rappeler que tout ce bruit fait autour des intégrités territoriales ou des sécessions légitimes ou non, accuse dans le fond l'acharnement à nier au peuple palestinien le droit d'avoir son Etat sur l'intégralité de son territoire et surtout dans le respect de l'intégrité de ce territoire. Car pourquoi tenir compte de la réalité du terrain pour imposer les colonies israéliennes et ne pas en tenir compte pour effacer Ossètes et Abkhazes malgré une réalité du terrain pluriséculaire ? L'enterrement de Mahmoud Darwich à Ramallah que n'ont pu rallier des milliers et des milliers de Palestiniens emprisonnés par la multitude de barrages fixes, de barrages volants, de check points me faisait penser au morcellement de la terre qu'il avait aimée et chantée, à cette étrangeté d'un territoire en confettis, à cet encerclement permanent des Palestiniens, à leur mise en cellules et au déni froid opposé aux plus simples exigences de la vie. Peut-on à ce point montrer tant de contradictions, de contrevérités, de violence symbolique et physique à l'endroit d'un peuple quand G. W. Bush déclare après l'Irak, l'Afghanistan, la Serbie, qu'au XXIe siècle on ne peut se comporter avec brutalité ? Bref, inutile de revenir sur cette question. Les droits des peuples et des hommes sont distribués à l'humeur des Etats-Unis et de l'Union européenne selon leurs intérêts géostratégiques, le reste est de la propagande, de la manipulation médiatique, de la préparation des foules à accepter les décisions des dirigeants de l'Empire et il n'est nul besoin de rappeler les innombrables mensonges, fabrication de l'information et autres «actions psychologiques» qu'aurait jalousé Goebbels lui-même. L'affaire étant entendue pour moi, je reçois sur mon mail la copie de ce message indigné que je vous invite à lire : «Honte à l'équipe de rédaction de Libération qui annonce les obsèques de Mahmoud Darwich à Ramallah par une brève en page “Culture” (pourquoi pas, même si cette classification réduit déjà la dimension du personnage ?), mais, au sein de cette page, l'annonce est située dans la rubrique “Variétés” (sic !). Là, il ne s'agit plus de réduire la dimension du personnage, mais de tourner en dérision son œuvre, sa personne et son action ! Comment peut-on en arriver là ? Cette rubrique “Variétés” contient, mises sur le même plan, deux autres brèves consacrées l'une à “téléchargement et royalties” et l'autre à “réunion de crise à TF1” ; la place la plus importante de cette page “Culture” est consacrée à un festival “rock”, à un festival “rave” et à un artiste peintre qui occupe l'essentiel car il est “enfin reconnu et rémunéré”…
“VARIETES” ? Qui aurait osé ? Seul un ignare total ou un malveillant intégral pouvait oser rabaisser ainsi ce géant de la poésie, mais aussi de la pensée universelle, ami d'Edouard Saïd, amoureux comme lui de la Paix pour tous les peuples et pas seulement pour le sien, même si la Palestine lui collait à la peau sans aveugler sa pensée. Presque pis, était-il nécessaire de s'étonner dans cette «brève» du choix de Ramallah pour son inhumation en précisant que de ce lieu «on peut apercevoir la banlieue de Jérusalem… puisque les Palestiniens veulent faire de Jérusalem la capitale de leur futur Etat… » C'est quoi le message ? Un poète de variétés serait instrumentalisé dans sa mort pour légitimer ce qui ne serait peut-être pas une évidence pour tous, El Qods, capitale de l'Etat palestinien ?
Ils ont osé en effet ! Le président du directoire et directeur de la publication et de la rédaction, Laurent Joffrin, devra nous dire comment, avec Gérard Lefort, rédacteur en chef en charge de la culture, a pu être composée cette page d'anthologie au chapitre de l'infamie…»
Djamal B. un ami qui vit en Belgique a oublié de me signaler qui est l'auteur de cette réaction indignée. Les règles du métier étant de vérifier l'info, même celle fournie des copains, j'ouvre le site. Je vous livre l'article in extenso : «Darwich enterré à Ramallah Le poète palestinien de renommée internationale Mahmoud Darwich, décédé samedi aux Etats-Unis, devrait être enterré demain à Ramallah, en Cisjordanie, dans un terrain proche du palais de la Culture, d'où l'on peut apercevoir la banlieue de Jérusalem. Un choix hautement symbolique puisque les Palestiniens veulent faire de Jérusalem la capitale de leur futur Etat. Des dizaines de milliers de personnes, dont le président palestinien Mahmoud Abbas et son Premier ministre Salam Fayyad, sont attendues à ces obsèques nationales, annoncées comme les plus imposantes depuis celles du chef historique des Palestiniens, Yasser Arafat, mort le 11 novembre 2004». Libération, 12 août 2008, page 21.
Je vous avoue que ma réaction a été la colère sourde. Comme celle de mon ami, comme celle de la personne qui a rédigé cette note. Vraiment, en effet, parler de l'enterrement de Darwich dans la rubrique variétés ! C'était fête pour qui la mort de cet homme ? Je me suis demandé si Joffrin qui monte si souvent au créneau pour combattre l'antisémitisme des Siné osant écrire le mot juif quel que soit le contexte et pour défendre la liberté d'expression quand il s'agit de stigmatiser les musulmans ou les Arabes n'a pas sablé le champagne. Puis ma colère s'est éteinte, brusquement. J'ai mesuré, en un éclair, combien Darwich leur était une épine dans le pied, un ennemi hors de leur portée, une écriture des étoiles trop haute pour les combles obscurs de leurs satisfactions racistes, une pensée trop soyeuse sur l'Autre et sur l'altérité pour leurs suffisances européocentristes. Il fallait que Libération rappelle le danger palestinien incarné par le poète : «Un choix hautement symbolique puisque les Palestiniens veulent faire de Jérusalem la capitale de leur futur Etat.» Voilà, n'oubliez pas derrière le ciselage des mots, la beauté des vers, la musique des métaphores, la transmutation des sens, les métamorphoses des éléments, le chant de l'homme et cette mémoire biblique des poèmes, le but ultime de cet homme, occuper Jérusalem, reprendre El Qods. J'imagine que Joffrin et ses sbires dans leur aparté se demandaient comment dire que Darwich est un antisémite, un terroriste, un destructeur d'Israël, quand ils ne peuvent pas le dire, quand ils sont bridés par la grandeur de l'homme, par sa stature, par la réalité de ses textes. Il ne leur restait que la vilénie, la bassesse, l'usage de l'ellipse et du sous-entendu. Dans la rubrique variétés ! Quel aveu ! Ils auraient voulu pouvoir choisir entre un bal, un cabaret et l'immense plaisir de voir le spectacle de la mise en terre du géant. En même temps, Libération éclaire la profondeur de ce déni des droits des Palestiniens. De la haine portée à leur lutte. Entre la Géorgie, le Kosovo, le Tibet, l'Irak, la Palestine et l'enterrement de Darwich classé comme variété, se révèlent les trames profondes de la haine raciale, culturelle et religieuse de l'Occident.
J'ai décidé d'écrire ce papier en pensant à tous ces Algériens qui nous montrent la France et ses journaux comme l'expression des valeurs universelles des droits de l'Homme. Universelles ! Je ne crois pas qu'ils s'éveillent aux contradictions de ce monde qui les fascine parce qu'ils partagent ses haines de l'Arabe et du musulman, parce qu'ils sont dans la condition du dominé qui intériorise les arguments du maître, parce qu'ils sont en plein complexe du colonisé qui retourne son agressivité contre ses congénères. Ils ne s'éveilleront à rien. Mais voici l'image réelle de leur modèle. Elle est bien basse et bien triste. Je vous propose, en post-scriptum, de lire ce poème de 2002 publié dans le Monde diplomatique qui fait un travail admirable sur la Palestine. Merci de nous appartenir, Mahmoud !
M. B.


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