De notre envoyé spécial à Casablanca Chafaa Bouaiche L'atelier de journalisme citoyen, organisé par l'organisation internationale IREX, s'est ouvert hier à l'hôtel Sheraton de Casablanca au Maroc. De nombreux experts, des journalistes et des blogueurs ont pris part aux travaux de la première session consacrée à l'intersection entre le journalisme citoyen et les médias. Le psychologue algérien Yazid Haddar a expliqué, dans son exposé, que le journalisme citoyen a un rôle actif dans le processus de récupération de l'information, des reportages, des enquêtes… «Si le journaliste rapporte de l'information, il doit s'en tenir aux faits ; il a pour mission de rapporter la vérité au cours d'une enquête, ne doit pas influencer le jugement du lecteur ; le rôle du journalisme citoyen est plutôt de montrer d'autres points que le journaliste traditionnel ne rapporte pas», a souligné M. Haddar. Dans le journalisme citoyen, a-t-il souligné, il existe deux formes de journalisme : le journaliste amateur, qui est un simple passionné qui écrit dans le but de partager sa passion, dont l'information doit être gérée par un professionnel ; le journaliste citoyen doit pousser le lecteur à réfléchir, à donner son opinion, à dénoncer la corruption, il accomplit un devoir de citoyenneté. Par ailleurs, le conférencier a précisé que le journaliste citoyen n'est ni amateur ni professionnel, il est animé d'une volonté de défendre la citoyenneté. Le journaliste citoyen, a souligné M. Haddar, est tenu par le devoir de déontologie. A cet effet, il est tenu de trier les informations recueillies, de vérifier ses sources, de faire appel aux compétences nécessaires, d'éviter de propager des rumeurs infondées, d'apporter un point de vue signé, référencié, réfléchi et responsable, de maîtriser la langue, d'utiliser un langage simple, de faire valoir l'idée. Une journaliste tunisienne a, pour sa part, souligné que le journaliste citoyen a pour rôle essentiel d'informer et de communiquer sur des événements : «Le journaliste citoyen doit pousser le lecteur à réfléchir, il permet à tout le monde de s'exprimer en toute liberté et doit garantir et respecter le droit de penser.» Selon elle, le journaliste citoyen peut écrire ce qu'un journal ne peut pas imprimer. Elle a donné un exemple d'une situation qu'elle a vécue en Tunisie : «Lors de sa dernière visite en Tunisie, le président français Nicolas Sarkozy avait déclaré devant des hommes d'affaires que la Tunisie a la main-d'œuvre et la France a l'intelligence. Le journal où je travaille a refusé de publier l'information que j'ai jugée grave. J'étais contrainte de recourir à l'utilisation de son blog pour diffuser l'information.» Il est à souligner qu'IREX est une organisation internationale qui travaille avec des partenaires locaux pour faire avancer le professionnalisme et la durabilité économique à long terme des médias de la presse écrite, de la radio… Les programmes IREX consistent à la formation et à l'éducation des journalistes, à élaborer des stratégies de développement commercial et de publicité… Les travaux se poursuivront aujourd'hui.