En Libye où tout est fait pour déchoir le plus vite possible le guide Khadafi, les événements s'accélèrent. L'OTAN, qui intensifie ses frappes, a détruit, dans la nuit de jeudi à hier, huit navires libyens lors d'attaques coordonnées dans les ports de Tripoli, Al-Khums et Syrte. «Vu le recours de plus en plus fréquent à la force navale, l'Otan n'avait pas d'autre choix que de prendre des actions décisives pour protéger les populations civiles de Libye et les forces de l'Otan en mer», a déclaré, dans un communiqué, l'amiral Russ Harding, commandant adjoint de l'opération de l'Otan. Quelques heures avant ces attaques, le président américain Barack Obama avait légitimé l'intervention de l'OTAN et affirmé que le colonel Mouammar Kadhafi n'avait d'autre choix que de quitter le pouvoir. «L'opposition a organisé un conseil par intérim légitime et crédible. Et quand Kadhafi quittera inévitablement le pouvoir ou sera forcé de le faire, des décennies de provocations cesseront et la transition vers une Libye démocratique pourra commencer», a déclaré Obama. Le régime libyen a aussitôt dénoncé un discours «délirant». M. Obama «croit aux mensonges que son propre gouvernement et ses médias répandent. Ils n'ont pas trouvé la moindre charge contre nous», a déclaré le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, au cours d'une conférence de presse. «Ce n'est pas Obama qui décide si Mouammar Kadhafi quitte la Libye ou non. C'est au peuple libyen de décider de son futur», a-t-il souligné. Pour renforcer ces propos, Mouammar Kadhafi est apparu jeudi soir dernier à la télévision d'Etat. La rébellion libyenne a salué, pour sa part, le discours du président américain et a appelé les Etats-Unis à lui apporter plus de soutien contre le régime de Mouammar Kadhafi.Assuré que le régime libyen, de plus en plus isolé, est sur le point de s'effondrer, les responsables américains multiplient les déclarations annonçant la chute proche du président Khadafi. La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a souligné, jeudi dernier, que «la pression sur le régime de Kadhafi s'est accrue au point où la femme et la fille de Kadhafi ont fui le pays vers la Tunisie». Une information démentie par le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim. Mais si la famille Khadafi n'a pas quitté la Libye, les migrants, eux continuent de fuir les zones de conflit. Plus de 3 800 Tchadiens, qui ont fui la Libye via le Niger pour retourner dans leur pays, sont dans une situation critique à la ville frontalière de Zouarké, dans le nord-est du Tchad, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a affirmé hier que ces migrants «ont peu de nourriture, pas d'eau ni moyens de transport pour se rendre dans le sud». L'OIM est en train de déployer des équipes de secours sur place et espère «pouvoir rapatrier les plus vulnérables au cours des deux trois prochains jours». L'agence onusienne redoute toutefois une dégradation de la situation en raison de l'arrivée attendue d'un millier de nouveaux migrants.Enfin, l'Union africaine (UA) va tenir un sommet extraordinaire sur la Libye, mercredi et jeudi prochains à son siège d'Addis Abeba. «Le sommet sera l'occasion d'examiner la situation en Libye, sur la base du travail que mène le comité ad hoc de haut niveau de l'UA sur la Libye, et d'autres situations de conflit (en Afrique), aux fins d'articuler des réponses collectives africaines en vue de leur règlement rapide», a annoncé l'organisation dans un communiqué. H. Y.