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L'Amérique latine à l'avant-garde du combat antilibéral
Avec le changement intervenu au Pérou
Publié dans La Tribune le 07 - 06 - 2011

Longtemps marginalisées, les populations amérindiennes se réveillent et s'impliquent à travers le truchement démocratique, dans la vie politique des pays de l'Amérique latine. Les Amérindiens ont toujours subi le diktat de leurs concitoyens européens conjugué à l'hégémonisme américain qui, lié à des lobbies d'intérêts locaux, a accaparé les richesses minières de l'Amérique latine. Les processus de restructuration économique ayant caractérisé les années 1980 n'ont rien changé à la situation des populations latino-américaines. Le néo-libéralisme était vécu comme une version moderne du système comprador qui a toujours dominé en Amérique latine. A l'origine de ces bouleversements sociopolitiques, le profond mécontentement des populations qui n'acceptent pas les effets d'un «libre-échange» déséquilibré et d'une mondialisation d'inspiration libérale, génératrice, depuis les années 1980, d'un appauvrissement sensible et d'une croissance des inégalités dans tout le continent. Ce mouvement, dans sa traduction électorale diverse, de la plus tempérée (Argentine, Chili) à la plus radicale (Venezuela) en passant par la plus pragmatique (Brésil), signe également la faillite actuelle des Etats-Unis dans une de leurs zones d'influence traditionnelle. Des questions s'imposent, néanmoins, et devront être vérifiées dans les prochains mois et des prochaines années : ces nouveaux gouvernements pourront-ils modifier les équilibres économiques et sociaux, parviendront-ils à définir de nouveaux modèles de développement ou se perdront-ils, comme tant de leurs prédécesseurs, dans l'incantation et la corruption ? Les Etats-Unis auront-ils la volonté ou seront-ils en mesure de déstabiliser ou de collaborer avec ces nouveaux gouvernements ou se replieront-ils dans la défense d'un précarré, essentiellement réduit au Mexique ? L'Europe, via l'Espagne, s'impliquera-t-elle plus en Amérique Latine, pour se substituer à l'influence américaine ? Ou est-ce la politique étrangère chinoise qui montera en puissance dans la région au cours des prochaines années ?
La gauche se renforce
En attendant la réponse à ces questions pertinentes, le «front de gauche» latino-américain se renforce avec le Pérou qui a opté pour la «grande transformation» promise par l'ancien militaire et nationaliste de gauche Ollanta Humala, au second tour de l'élection présidentielle, qui l'opposait dimanche dernier à Keiko Fujimori, fille de l'ex-chef d'Etat autoritaire. «Nous avons gagné les élections», a proclamé dimanche soir l'ancien lieutenant-colonel de 48 ans, avant de rejoindre ses partisans qui l'attendaient depuis des heures sur une place du centre de Lima. Après dépouillement de plus de 81% des bulletins, Humala obtenait 50,7% des voix, contre 49,3% à la députée de 36 ans, une avance vouée à s'accroître avec l'arrivée des résultats des fiefs ruraux du candidat de gauche. Mme Fujimori a déclaré «attendre les résultats officiels», tout en assurant qu'elle serait «la première» à les reconnaître s'ils confirment la victoire d'Humala, battu en 2006 par le président sortant Alan Garcia (centre-droit), qui ne pouvait briguer un deuxième mandat consécutif. Sur la Plaza Dos de Mayo, cet ancien émule d'Hugo Chavez, qui a pris ses distances avec le modèle étatiste du président du Venezuela, est monté sur scène sous une pluie de confettis rouges et blancs aux couleurs du Pérou. «Je renouvelle mon engagement d'une croissance économique avec intégration sociale à partir du 28 juillet (son investiture)», a-t-il lancé en bras de chemise à des milliers de partisans brandissant des drapeaux péruviens. Humala, d'origine indienne (quechua), comme 80% des Péruviens, veut rendre le pays moins dépendant du secteur minier (or, argent, cuivre) et mieux répartir la forte croissance (8,7% en 2010), notamment en faveur des provinces andines reculées où la pauvreté atteint 60%. Ses envolées contre les «pouvoirs économiques» ou ses propositions de taxe des profits miniers ont régulièrement inquiété la Bourse de Lima, qui devrait réagir négativement lundi au résultat de l'élection. Sa victoire consacre le grand retour de la gauche à la tête du Pérou, 36 ans après le régime militaire du général Juan Velasco Alvarado (1968-75), un nationaliste de gauche parvenu au pouvoir et chassé par des coups d'Etat. La droite n'est plus au pouvoir que dans deux pays en Amérique du Sud, le Chili et la Colombie. «C'est excellent que le peuple sorte enfin de cette léthargie de 50 ans, se rende compte que les pouvoirs économiques profitent de la faiblesse des pauvres et dictent l'agenda politique», s'émerveillait Mario, 46 ans, au centre de Lima. «Pourvu qu'il tienne ses promesses, sinon il pourrait y avoir des soulèvements», met en garde Liliana Cruz, 30 ans. Selon des analystes, la victoire d'Humala scelle la revanche des exclus de la croissance des dix dernières années, en majorité les indigènes des zones reculées du pays, qui manifestent régulièrement contre l'exploitation, selon eux abusive, de leurs terres. Le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, libéral de droite rallié au candidat de gauche par crainte du retour au pouvoir de l'entourage du père de Keiko Fujimori, a quant à lui salué «une défaite du fascisme». Humala avait aussi agité le spectre des excès d'Alberto Fujimori (1990-2000), emprisonné pour corruption et violation des droits de l'Homme. En 2000, il avait lui-même mené une rébellion militaire sans lendemain et sans effusion de sang contre Alberto Fujimori, sur le point de démissionner, qui lui avait valu un bref séjour en prison. Humala devra forger des alliances au Parlement, où son Parti nationaliste, première formation, n'a que 47 sièges sur 130.
Un front antilibéral
L'ordre économique mondial libéral, secoué par des crises cycliques générées par ses propres limites, fait face depuis des années à une récession qui peine à s'estomper. L'économie mondiale telle que définie par les puissances internationales n'arrive pas à trouver la voie de la croissance dans son propre terreau, alors que les pays émergents comme le Brésil, l'Inde, la Chine et la Turquie sont en train de réaliser des performances inégalées. Ce constat à lui seul fait grincer les dents des multinationales et des gouvernements occidentaux qui voient l'éveil des peuples du Sud s'accélérer et commence à menacer sérieusement des acquis historiques. L'altermondialisme se renforce également et ne se limite plus à des mouvements épars et à des ONG philanthropiques. Depuis le milieu des années 2000, les peuples d'Amérique latine se sont engagés dans un processus de recouvrement de leur souveraineté mais à travers les urnes, rompant ainsi avec les expériences révolutionnaires des années 1970 qui n'ont pas abouti. Ces mutations en douce sont marquées par un pragmatisme et un réalisme qui coupent le souffle des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis qui, du moins
formellement, n'ont rien à reprocher aux choix souverains des peuples ni aux décisions politiques que les élus prennent pour préserver les intérêts des nations latino-américaines. Si l'on excepte le Venezuela où le discours musclé de Chavez et ses mesures radicales nourrissent le courroux de Washington, ailleurs, en Amérique latine, rien ne se fait sans le recours à la volonté populaire, et les arguments qui sous-tendent toutes les décisions politiques sont économiques. Si les pays d'Amérique latine entretiennent des relations commerciales et politiques depuis toujours, les nouvelles mutations induites par l'arrivée au pouvoir de courant de gauche anticapitaliste conduiront-elles à l'avènement d'un front commun pour un nouvel ordre économique mondial qui pourrait être rejoint par les pays d'autres continents comme l'Afrique qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise économique mondiale et les aspects néfastes du libéralisme sauvage ?Selon Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG) français, «le néolibéralisme a engendré un niveau incroyable de destruction et de régression dans les sociétés latino-américaines. Il a œuvré pour la destruction du rôle de l'Etat, sous prétexte que c'était un système collectif inefficace et bureaucratique qu'il fallait donc supprimer et remplacer par les entreprises privées. Aujourd'hui, le rôle de l'Etat a presque complètement disparu, et les services rendus sont mauvais et chers. Je pense qu'au Venezuela, en Bolivie, en Uruguay, en Equateur et dans d'autres pays d'Amérique latine, on prend la bonne direction pour sortir de ce schéma-là». Mélenchon ajoute : «L'argument de toujours : dans ces pays, on manque de liberté. On exige d'eux une liberté de presse inconcevable même en Europe. Ici “on ne peut ni insulter ni calomnier le président ou le roi ni aucune autorité de l'Etat, et c'est pourtant bien ce que fait la presse d'opposition dans ces pays. Ils disent que Chavez est un dictateur, mais ils éludent qu'il a gagné douze processus électoraux tout à fait ouverts.» Donc, l'argument de l'absence de démocratie est battu en brèche par la manière dont les dirigeants actuels de l'Amérique latine sont arrivés au pouvoir. Toutes les actions qu'ils entreprendront seront légitimes et traduiront la volonté des peuples.
A. G.


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