Photo : Hacène De notre correspondant à Béjaïa KamelAmghar La Journée de l'artiste compte parmi les rares dates qui inspirent l'administration culturelle. A pareille occasion, on improvise généralement des collations au cours desquelles on délivre des diplômes d'honneur et on décerne, parfois, des prix dans une bonne humeur de circonstance. Les artistes, notamment les valseurs qui ne dérangent pas l'ordre établi, font alors l'objet d'une attention spéciale. Ils sont courtisés et choyés le temps que dure la réception. Il arrive même à la presse, qu'on convie pour peindre cette ambiance éphémère, de grossir son trait pour en faire un événement émouvant.Il est vrai que les artistes, quels que soient leurs choix thématiques et esthétiques, méritent toujours qu'on leur rende hommage, mais la tutelle ne doit pas se limiter à cela. L'action de la Direction de wilaya de la culture doit dépasser le cadre étroit de la commémoration symbolique. Elle est appelée à créer des synergies entre les différents acteurs culturels, à encourager ceux qui occupent le terrain au quotidien et à créer des manifestations régulières. Hier à Béjaïa, la Direction de la culture a organisé au Théâtre régional de Béjaïa (TRB) une fête à l'honneur des hommes et des femmes de la culture. Au même moment, la maison de la culture Taous Amrouche a fait de même de son côté pour honorer d'autres artistes. Partout, il y eut de la musique, des rafraîchissements et, surtout, de chaleureuses retrouvailles. C'est bien. Et si ce genre d'initiatives interviennent plus souvent, c'est mieux. Il faut notamment agir pour aider les associations et les collectivités qui créent des événements et ne ménagent aucun effort à les perpétuer. La 5e édition du Festival national du théâtre amateur, qui se poursuit depuis le 2 juin dans la ville voisine d'Amizour, mérite, par exemple, davantage d'intérêt et de soutien. La ligue des activités culturelles de cette commune, initiatrice et organisatrice de la manifestation, a eu cette fois-ci beaucoup de peine à maintenir le rendez-vous. Sérieusement dégradée lors des événements de janvier dernier, la maison de la culture Malek Bouguermouh, qui abrite traditionnellement la manifestation, n'est toujours pas réparée. Que fait la tutelle pour régler ce problème ? Une bonne partie des activités a été conséquemment délocalisée vers la maison de jeunes qui n'offre pas toutes les commodités requises. Les 18 troupes participantes, issues de 8 wilayas du pays (Alger, Bouira, Msila, Oran, Naâma, Tizi Ouzou, Boumerdès et Béjaïa), se sont produites dans des conditions peu convenables. On doit préciser cependant que tous les festivaliers, sans distinction aucune, n'ont pas tari d'éloges sur la qualité d'accueil qui leur a été réservé par les habitants de cette ville et la consistance des échanges qu'ils ont eus entre eux. Chacun a donné et pris tant de plaisir à jouer sa pièce et à regarder les autres faire de même. Ce cas précis n'est qu'un exemple. Beaucoup d'autres associations ont émergé dans le domaine culturel ces dernières années. Cinéma, patrimoine, théâtre, arts plastiques, poésie et littérature, tous les créneaux ont été investis. Des manifestations périodiques ont été initiées dans le même sillage dont nous citerons, encore et encore, les rencontres cinématographiques, les Journées du film documentaire, les Poésiades d'Aït Smaïl, le Café littéraire, le Festival de Djoua et le Carrefour de la Soummam. Les promoteurs de toutes ces manifestations peinent toujours à boucler leurs montages financiers et à trouver les infrastructures adéquates. La tutelle devrait en principe accompagner de très près tout ce beau monde, notamment en ce qui concerne la réparation et l'équipement des installations culturelles. C'est le minimum que l'on puisse espérer de la Direction de la culture. Célébrer les artistes est une bonne chose. Leur donner les moyens de travailler et de s'exprimer, c'est encore mieux.