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La lente et irrésistible montée de la Turquie face à l'Europe
Une autre guerre s'est jouée à la réunion d'Ankara
Publié dans La Tribune le 21 - 07 - 2011

La réunion d'Ankara avait forcé les ministres français au silence, ils reprennent de la voix. Pour revenir sur les mêmes propositions : ils ne demandent plus qu'une Libye sans Kadhafi et acceptent l'idée d'une négociation avec les autres composantes de l'Etat libyen. Ils revoient sérieusement leurs ambitions à la baisse. Une Libye sans Kadhafi c'est déjà une Libye avec les Kadhafistes que la coalition prévoyait, au départ, de nettoyer au karcher des bombardiers et des insurgés. A la veille de la réunion d'Ankara, Hillary Clinton avait refroidi les prétentions françaises de prendre la direction politique de l'agression. Elle a clairement signifié aux Français que l'heure
de la solution politique n'avait pas sonné. En termes clairs et pour les bons entendants, Hillary Clinton avait renvoyé brutalement Sarkozy à ses fonctions de sous-traitant militaire d'une opération que les Etats-Unis piloteraient quand même quels que soient, par ailleurs, les croche-pieds des républicains et les limites opérationnelles de l'armée US en charge de plusieurs fronts, en attendant le front intérieur US qui va s'éveiller avec l'approfondissement de la crise et qui est aussi à l'origine du retrait afghan. La réunion d'Ankara est une défaite pour la France. La reconnaissance du CNT comme seul gouvernement légitime de la Libye apparaît bien pour ce qu'elle est : les Etats-Unis prennent la cagnotte libyenne maintenant avant même que la guerre ait désigné un vainqueur. En termes clairs, à Ankara, les Etats-Unis ont définitivement désigné la seule issue possible pour cette guerre : la victoire du CNT, quitte à étendre sa composante, quitte à partager la Libye qui, alors, n'aurait d'intérêt que par le territoire insurgé qui regorge de pétrole et le port pétrolier de Brega. En décrétant le CNT comme seul gouvernement légitime, les Etats-Unis font main basse sur le trésor libyen, quelques trois cents milliards de dollars qui en ces temps de crise financière et de crise de l'endettement, voire de cessation de paiement des Etats, représentent une aubaine. Pourtant les trois cent milliards libyens ne couvriraient même pas le renflouage de la Grèce, qui demanderait aujourd'hui trois cent milliards d'euros et encore moins les besoins actuels des Etats-Unis et ceux à venir de l'Espagne, de l'Italie et de la France. Oui de la France, tenez-vous bien et ses dirigeants le savent très bien, qui multiplient les mesures préventives d'austérité antisociales jusqu'à vouloir inscrire les limites du déficit dans la constitution, rendant ainsi illégale d'avance tout autre politique fut-elle décidée par l'écrasante majorité du peuple français. Belle démocratie qui ne vous donne le choix que pour des alternatives décidées à l'avance par on ne sait qui ! Et qui décide qui est légitime ou pas, du Hamas en Palestine à Kadhafi en Libye en passant un jour par l'Algérie, ne l'oublions pas car la CNCD algérienne, créature de la presse néocoloniale algérienne et française, et son CNT étaient singulièrement en phase avec les trois jours que se donnaient en février 2011 les coalisés pour régler son compte «au dictateur» libyen tout en haussant le ton contre Bouteflika en Algérie. Entre l'idée de la coïncidence et l'hypothèse de la synchronisation, l'expérience des conduites souterraines des grandes puissances fait immédiatement pencher la balance vers l'hypothèse d'un plan global de recomposition d'un Grand Moyen Orient et d'une nouvelle Afrique du Nord. C'est dans tous les manuels, tous les sites et toutes les analyses depuis la prise du pouvoir aux Etats-Unis puis en France des néoconservateurs. Alors pourquoi est-il si difficile de reconnaître dans un détail de politique étrangère l'architecture du grand ensemble ? Pourquoi est-il si difficile d'induire et de déduire à partir de données pourtant simples, publiques et archi-médiatisées ? Il faut chercher dans la convergence des intérêts du capital financier et de l'attrait de la globalisation financière pour les élites des pays dominés, comme la trahison des hauts responsables libyens fascinés par les perspectives de changements de statut à l'international, de traitement d'égal à égal (ils le croient !) avec les «blancs» et l'accès à de plus grosses miettes par la bradage du pétrole. Les mêmes mécanismes de constitution d'une base favorable au néocolonialisme sont en cours de constitution dans notre pays comme en Libye et, comme en Libye, cette opération affecte l'ensemble du corps des élites à l'intérieur comme à l'extérieur du pouvoir avec la porosité qu'on imagine entre les deux, de la porosité des appareils à celle des intérêts commerciaux partagés en passant par celle des liens familiaux.Comme on ne peut prendre cette équipe dirigeante française pour une troupe de boy-scouts, il faut bien admettre qu'à la veille de la réunion d'Ankara les ministres français cherchaient un soutien à leur position contre celle des Etats-Unis. La visite de Juppé à Alger puis en Mauritanie pouvait passer pour une forme de pression de Paris sur les gouvernements de pays riverains ou proches de la Libye. Surtout que dans son langage, Juppé insistait sur l'accord des pays hôtes sur le principe d'un départ du pouvoir de Kadhafi, laissant ainsi l'impression qu'Alger, par exemple, s'était aligné sur l'essentiel de la position française, mis à part l'usage de la force. On pouvait dès lors se demander si les deux gouvernements partageaient le même objectif en divergeant simplement sur la méthode. La rebuffade Clinton puis les résultats de la réunion d'Ankara éclairent tous les autres aspects. Juppé est venu demander le soutien des gouvernements africains, (celui des gouvernements et
présidents françafricains, il l'avait déjà mais pour quel effet ?), à la positon de la France contre celle des Etats-Unis. Alors sa promesse tout à fait absconse de proposer la prochaine tenue du groupe de contact en Afrique prend tout son sens. Sur le moment, on pouvait se demander pourquoi le groupe de contact se réunirait sur une terre africaine dont il avait brutalement et grossièrement rejeté les propositions et une feuille de route toute entière tournées vers la prévention de la guerre civile. Gérard Longuet et Juppé viennent de reprendre la parole. Dans un contexte de désastre. La confirmation vient à partir du port pétrolier de Brega, par le porte-parole officiel du ministère français des Affaires étrangères, qui prouve que le gouvernement français a joué un coup en solo espérant gagner sur le terrain ce qu'il a perdu en diplomatie face aux Américains. Ces opérations en solo tournent à la déconfiture aussi bien à Qawalish, que les médias français ont placé à cinquante kilomètres de Tripoli alors qu'elle s'en trouve à cent dix-sept, que dans ce même port de Brega que les supplétifs de Benghazi ne finissent pas de prendre depuis trois jours. Les motivations de l'équipe colonialiste qui dirige la France sont transparentes. Il est clair aujourd'hui que le la France ne prendra en Libye que la part que lui laisseront les Etats-Unis. L'engagement du CNT à respecter les engagements internationaux de l'Etat libyen sont un gage américain à la Russie et à la Chine que leurs intérêts majeurs et leurs investissements ne seront pas spoliés en contre partie d'une «plus grande compréhension» de ces puissances à l'endroit des difficultés américaines dans la région. Il n'est pas sûr que la Chine et surtout la Russie bradent leur toute nouvelle alliance dans le nouveau pôle international formé par les BRICS pour des promesses d'une Amérique en proie au vertige du «faire n'importe quoi» pour donner le change à son impuissance fondamentale et essentielle face à la crise financière qui la frappe au cœur.A Ankara, la France n'a pas parlé haut et fort. Qu'elle ait créé le CNT et engagé ses armes et ses troupes spéciales ne pèse pas lourd dans les rapport de forces internationaux. En une guerre libyenne, la France a découvert combien la politique atlantiste et d'alignement sur les Etats-Unis – plus par aveuglement idéologique et mimétisme culturel que par intérêt national bien compris – a réduit sa place, son rôle et son influence. A Ankara, une autre guerre subtile s'est jouée. La Turquie offre bien trop d'avantages par rapport à la France pour jouer au profit des américains le rôle de puissance régionale. Face à l'Europe que les Etats-Unis détruisent à petit feu dans une guerre monétaire qui ne dit pas son nom mais aligne ses victimes, la Turquie possède l'immense avantage de reposer ses ambitions sur le prestige des Ottomans, qu'Erdogan a su si bien raviver face à Israël dans une opération à plusieurs tiroirs, sur sa communauté de religion avec les populations qu'elle sera appelée à réprimer, sur sa base militaire infiniment plus intéressante pour fermer la Méditerranée aux puissances hostiles aux Etats-Unis (suivez le regard jusqu'en Syrie) et de pouvoir pousser son influence et son rôle dans cette zone de l'Asie Centrale, casse-tête gazier des Américains. À Ankara, la France est devenue une puissance de troisième zone. Point à la ligne. Nefoussa, Misurata, Brega, c'est des avantages de terrain qu'elle n'arrive même pas à concrétiser. Alors Gérard Longuet se résigne à reconnaître la défaite. Tripoli est imprenable. En attendant la lutte des Etats-Unis, féroce dans son fond, contre les BRICS, continue sur notre terre africaine. À ses dirigeants qui ont rabaissé la France il reste pour consolation la jactance. Se souviennent-ils même de ce mot avec leur usage actuel de la langue ?
M. B.


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