Des familles qui occupaient des logements de fonction au port d'Alger, non loin de l'usine des corps gras «Safia», se sont insurgées hier contre la décision des autorités locales de les déloger de leurs habitations pour des raisons dites d'intérêt général. «C'est le projet Dubaï… », affirme, sur un ton coléreux, un ancien résidant. «J'ai passé toute ma vie à travailler au port et voilà comment on me récompense. Non seulement, je me vois privé d'un relogement décent mais je suis aussi menacé d'expulsion.» L'homme habite un appartement F4 de près de 140 m⊃2; depuis une trentaine d'années. Le logement, très spacieux, offre beaucoup de commodités. Malheureusement pour cette famille, le père est déclaré déjà bénéficiaire d'un logement F2 qu'il a acquis bien avant d'avoir cet appartement F4 du port. «C'est un F2 de seulement 36 m⊃2;. Il n'a ni cuisine ni salle de bains. Je l'ai acquis dans l'urgence. Les enfants étaient encore très jeunes, certains n'étaient pas encore nés. C'est un ami qui m'a fait le désistement», raconte le père. Et son enfant d'interroger : «Comment pourrions-nous y habiter maintenant que nous sommes une grande famille ?» La famille est sommée de quitter les lieux sans être relogée ailleurs pour la simple raison qu'elle a déjà un appartement. Une explication que rejettent tous ses membres. «Faites un recours et on verra», leur dira un représentant de l'administration. «Et où irons-nous pendant que vous étudierez notre dossier ?» interrogent-ils. La question reste sans réponse. Un autre père, lui aussi ancien cadre au port d'Alger, exprime sa non-satisfaction de toute l'opération de relogement : «Ils ont donné des F4 à des gens qui ont déjà des logements, voire des villas et en ont privé d'autres du minimum. Qu'ils fassent de véritables enquêtes sur les possessions des uns et des autres !» Rappelons que ce sont deux blocs administratifs du port d'Alger qui ont été transformés, au lendemain de l'indépendance, en logements de fonction pour des travailleurs du port. Les deux blocs devraient être démolis et l'assiette de terrain récupérée pour la réalisation d'un projet de nouvelle gestion du port. Les familles délogées ont été relogées dans des appartements F3 et F4 à Aïn Benian. Une dizaine d'entre elles se déclarent non satisfaites des nouveaux logements. «J'avais un appartement F3 de 120 m⊃2;. Je demande d'avoir la même superficie ailleurs», lance l'un des habitants. «J'héberge quatre familles. Ils doivent donc me donner quatre appartements», affirme un autre. Les familles en colère ont-elles raison ou tort ? Là est toute la question. L'Etat a une grande responsabilité dans l'occupation anarchique de ses biens et il doit en assumer les conséquences. K. M.