Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali
Si les enfants résidant à Oran-Ville bénéficient de quelques petites activités culturelles – à mettre à l'actif d'un certain nombre d'associations ou d'institutions qui, comme le théâtre Abdelkader Alloula ou la Cinémathèque, tentent d'honorer leur engagement moral envers la catégorie juvénile – il en est autrement pour les enfants des communes et localités éloignées du centre urbain pour lesquels la culture pourrait se résumer à écouter de la musique raï sur leurs téléphones portables. Point de salles de cinéma (là, au moins, la situation est presque analogue à toutes les villes du pays), pas de théâtre ni de bibliothèques ou de centres culturels, de rares cybercafés et du temps libre à ne plus savoir qu'en faire, tel est le quotidien de ces oubliés de l'Algérie moderne. Il est vrai que lorsque l'on n'a pas encore réussi à régler les problèmes de couverture sanitaire, de transports, d'éclairage public ou de réseau routier..., on ne pense pas forcément au volet culture qui a toujours été et demeure encore le parent pauvre des politiques de développement prônées par les pouvoirs publics. «Ce qui n'empêche pas l'existence de projets pour sortir ces communes de leur enclavement culturel. Mais il faudra sans doute encore quelques années avant qu'ils soient menés à terme», reconnaît-on du côté des autorités locales.Sur le territoire de la wilaya d'Oran, ce sont ainsi des centaines de localités qui souffrent de ce désert culturel que rien ne vient remplir, même momentanément, ne serait-ce qu'à l'occasion des vacances scolaires. Tout ce qui se fait en termes de manifestations culturelles se concentre au chef-lieu de la wilaya et les amateurs des arts doivent se rendre à Oran pour y prendre part. Il en est jusqu'à cette opération ciné-bus promise à travers les médias par les organisateurs de la cinquième édition du Festival du film arabe qui a été décommandée à la dernière minute par un commissariat débordé par l'ampleur de la tâche. Si la résolution de tenir le festival avait été prise à temps (on dit que la ministre de la Culture n'a pris la décision que le 3 novembre dernier), les habitants de Misserghin, Arzew, Aïn Turck et Gdyel - qui ne sont pas vraiment des petites localités - auraient pu bénéficier de ce bol d'air culturel pendant les six jours que dura cette ultime édition. A l'instar des années précédentes, l'année 2011 s'achève sur la même note de tristesse pour les habitants de cette «Algérie profonde» qui demeurent exclus des festivals et autres galas organisés conjoncturellement par les institutions. Et c'est probablement en raison de ce caractère occasionnel que ces manifestations culturelles restent cloisonnées et ne s'ouvrent pas, ou très rarement, sur le reste du pays.