La polémique enfle entre Israël et l'Iran au lendemain de l'attentat-kamikaze qui a fait sept morts, dont cinq touristes israéliens, à leur arrivée pour des vacances en Bulgarie mercredi soir, et blessé une trentaine d'autres personnes. Les autorités israéliennes ont ouvertement accusé l'Iran d'avoir commis cet attentat qui a visé un bus de touristes israéliens à leur sortie de l'aéroport de Bourgas. Un Bulgare, le chauffeur du bus, a aussi été tué. Mais les Iraniens ont nié toute implication dans cette attaque qui a visé des ressortissants israéliens en dehors d'Israël. «Tous les éléments convergent vers l'Iran. Au cours des derniers mois, nous avons assisté à des tentatives iraniennes pour s'en prendre à des Israéliens en Thaïlande, en Inde, en Géorgie, au Kenya, à Chypre et en d'autres endroits», a accusé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a promis de réagir à «la terreur iranienne», ont rapporté les agences de presse. «Dix-huit ans exactement après l'explosion au centre de la communauté juive en Argentine, la terreur meurtrière de l'Iran continue de viser des innocents. Il s'agit d'une offensive terroriste iranienne qui se propage à travers le monde entier. Israël réagira avec force à la terreur iranienne», a-t-il averti dès mercredi. «Cette attaque coïncide avec le 18e anniversaire de l'attentat en 1994 contre la Mutuelle juive argentine à Buenos Aires», imputé au Hezbollah et à l'Iran et qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés, a indiqué M. Netanyahu. Tout en appuyant la thèse d'une implication iranienne dans cet attentat, le ministre de la Défense israélien Ehud Barak a montré du doigt, principalement, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. «Il est clair qu'il s'agit d'une attaque terroriste perpétrée probablement par le Hezbollah, le Hamas, le Jihad islamique ou un autre groupe terroriste sous l'égide de l'Iran ou des forces islamistes radicales», a insisté M. Barak sur les ondes de Radio Israël. Le porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev, a affirmé de son côté qu'un suspect avait été arrêté au début du mois en cours à Chypre alors qu'il s'apprêtait à commettre un attentat contre des touristes israéliens. «Lors de son interrogatoire, le suspect a révélé un plan opérationnel qui est pratiquement identique à celui qui s'est produit en Bulgarie. Il vient du Hezbollah», a indiqué M. Regev qui soutient aussi que Téhéran a été derrière l'attaque terroriste de mercredi soir. Mais l'Iran, via sa représentation diplomatique à Sofia, a rejeté en bloc les accusations israéliennes qui voient à chaque fois la main de Téhéran dans le moindre acte anti-israélien. «Les affirmations infondées de plusieurs hommes d'Etat du régime sioniste liées aux accusations contre l'Iran (...) sont une méthode familière du régime sioniste, motivée par un but politique, et témoigne de la faiblesse (...) des accusateurs», a déclaré l'ambassade d'Iran à Sofia dans un communiqué transmis à la presse. Qualifiant ces accusations de «hâtives» et de «ridicules», le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé à la télévision d'Etat que «la position de l'Iran est de condamner tout acte terroriste dans le monde». Pour rappel, l'Iran a toujours imputé à Israël l'assassinat de ses scientifiques nucléaire à Téhéran, les attaques informatiques commises contre ses installations nucléaires à travers le pays. La tension va encore monter entre les deux pays mais des analystes affirment que la réaction israélienne contre l'Iran sera de «nature diplomatique» et «consistera à montrer la carte des attaques terroristes de l'Iran pour convaincre tous ceux qui en doutent encore que l'Iran est un exportateur de terrorisme à grande échelle», a déclaré Ofer Shelah, expert militaire du quotidien israélien Maariv, repris par l'hebdomadaire français l'Express. A noter enfin que les corps des victimes israéliennes ont été rapatriés dans la nuit de mercredi à jeudi. Une enquête conjointe avec la CIA et le FBI américains, ainsi qu'Interpol est en cours à Bourgas. Le présumé kamikaze a été filmé par les caméras de surveillance à l'intérieur de l'aéroport. «Nous parlons de quelqu'un qui n'est pas citoyen bulgare», a toutefois affirmé le ministre de l'Intérieur bulgare, Tsvetan Tsvetanov, ajoutant que son identité sera connue dans trois ou quatre jours. L. M./agences
