En Espagne, de nombreuses manifestations ont eu lieu hier, contre les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement. Des manifestations qui coïncident avec l'amplification de l'inquiétude concernant la stabilité financière du pays et la survie de l'euro. Les manifestations prévues samedi surviennent au lendemain d'une journée noire pour la situation économique et financière de l'Espagne, durant laquelle le gouvernement a prévenu que la récession se poursuivrait jusqu'en 2013 et que les taux d'intérêt des obligations espagnoles grimperaient à des niveaux dangereux. Ces rassemblements sont quasiment quotidiens depuis l'annonce du Premier ministre, Mariano Rajoy, le 11 juillet, de coupes budgétaires de 65 milliards d'euros comprenant des réductions des salaires de la Fonction publique et des indemnités de chômage. Des pompiers, des policiers, des infirmières, des enseignants et d'autres travailleurs se sont massés ces dernier jours dans les rues en criant : «Haut les mains, c'est un hold-up!» Les manifestants soutiennent que les efforts de réduction du déficit espagnol sont injustement concentrés sur les classes populaires et ne feront qu'entraîner l'économie récessive espagnole dans sa chute. Le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2013, vendredi, de +0,2% à -0,5%, dans un contexte de chômage élevé, à 24%. Il soutient qu'il n'a pas d'autres choix que de faire appliquer des mesures d'économies drastiques au vu du déficit public très élevé du pays. La région espagnole de Valence a également annoncé, vendredi, avoir demandé l'aide de l'Etat espagnol, via un nouveau fonds public dédié, admettant souffrir d'un manque de liquidités, alors que les régions endettées sont source de vives inquiétudes sur les marchés financiers. En réaction à ces annonces, la Bourse de Madrid a plongé de près de 6%, tirée vers le bas par des actions bancaires n'ayant trouvé aucun soutien dans le plan de sauvetage de la zone euro pour le secteur financier espagnol, finalisé par les ministres européens des Finances vendredi. Les rassemblements de jeudi dernier étaient pour la plupart pacifiques, mais à la fin de l'un d'eux, la police a tiré des balles en caoutchouc et a cherché à disperser plusieurs petits groupes à coups de matraques. Pour sa part, le président du Parlement européen, Martin Schulz a mis en garde hier, contre la menace d'«une explosion sociale en Europe» sur fond de grogne en Espagne, empêtrée dans la crise, dans un entretien au quotidien allemand Bild publié hier. R. I.