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La rumeur assassine et le ridicule qui tue !
Publié dans La Tribune le 08 - 09 - 2012

Elle court, elle court, comme dit la célèbre chanson de Michel Sardou. Mais il ne s'agit pas, dans le cas présent, de la maladie d'amour. Elle, l'indéfinissable, l'inqualifiable, elle court plus vite encore et elle enfle à la vitesse même de sa propagation. «Elle est sale, elle est glauque et grise, insidieuse et sournoise, d'autant plus meurtrière qu'elle est impalpable. On ne peut pas l'étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l'anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C'est la rumeur», ainsi décrite par Pierre Desproges, philosophe du rire noir et auteur des «Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires». Ici, l'exemple de flagrant délire en question, est une histoire de cornecul de la mer molle qui aurait pu être amusante, comique, drôle même, si elle n'avait annoncé la mort du chef de l'Etat algérien. La source d'émission de ladite rumeur est un ducon la trompette, journaliste parisien à temps et à fonds perdus, polémiste et blogueur à plein temps, à l'affut de la rumeur du monde et prompt à chercher le buzz, à faire sur le Net toute une toile ! Ce gugusse a reconnu lui-même, tout en s'en réjouissant, plus de 150 000 visiteurs de son blog, sans compter le nombre de reprises et de partages sur les forums sociaux. Il raconte qu'il était gentiment installé à la terrasse d'un café parisien, lorsque, telles des muses divines, des sources helvétiques, des médecins, selon lui, l'appellent pour lui confier la «mauvaise nouvelle». Et hop, à la vitesse à laquelle il sirotait son café, il décida, en son âme et conscience, de diffuser l'information, par charité chrétienne, naturellement, et par affection, c'est évident, pour nous Algériens, peuple si fragile et tellement vulnérable, qui risque de subir un sort à la syrienne ! Après, la rumeur, le plus vieux média du monde, enflamme le Web et ravage Facebook, telle une tumeur métastatique. Finalement, le vrai problème n'est pas ce bachi-bouzouk narcissique mais plutôt cette incroyable chaîne de relayeurs algériens de la rumeur, au pays comme dans la diaspora, qui ont acheté le bruit pour le vendre comme une nouvelle, chacun selon son style, son intérêt, sa névrose, ses états d'âme ou le degré d'affection ou de révulsion à l'endroit du président Abdelaziz Bouteflika. La question, la vraie, est davantage une histoire de naïveté, de crédulité, de jobardise, de sentiment ou de ressentiment à l'égard du chef de l'Etat. Sans ces dizaines de milliers de jobards, le blogueur n'aurait pas fait son ramdam en ligne et la vraie-fausse information de la «mort clinique» du président de la République aurait fait «tchoufa», comme on disait à Bab El Oued au moment de l'anisette, et pschitt comme aurait dit Jacques Chirac. Et voila comment un bobard, balancé par un canard improbable, devient tumulte et une histoire à prétention de vérité, grâce notamment à une armée de renifleurs de pets de vache ! Radio-moquette parisienne et radio-trottoir algérienne ont donc fonctionné en modulation de fréquences ! Il est vrai que l'enjeu est très valorisé, la personne, objet du canular toxique, étant très importante. C'est en effet le chef de l'Etat algérien lui-même, dont l'état de santé est objet d'interrogations récurrentes depuis son hospitalisation en 2005. Dans cette histoire, on est en présence d'un phénomène classique d'implication collective. Un processus traditionnel d'assimilation de la rumeur, de son appropriation et de son amplification. C'est bien connu depuis que l'Allemand Louis William Stern a exposé le «Protocole expérimental de la rumeur». Mais, ce coup-ci, ce n'est pas simplement l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Non plus, le téléphone arabe qui a fonctionné à sonneries répétitives sur Facebook, Twitter et la blogosphère. Plutôt une information qui avait tout de même l'apparence de la vraisemblance et de la pertinence, car elle survenait dans un contexte politique marqué par la nomination d'un nouveau Premier ministre, après une période de profonde léthargie politique qui a suivi les élections législatives de mai 2012. Mais voilà que la rumeur assassine s'avère finalement un tuyau crevé et que le ridicule tue ceux-là même qui ont assuré la bonne fortune du blogueur-blagueur. Le président Bouteflika n'a pas certes la forme olympique d'Usain Bolt, mais il se porte bien et il croit même, comme Nietzsche, que tout ce qui ne le tue pas le renforce dans sa conviction de faire et de laisser dire. Même si des rumeurs aussi vénéneuses que celle qui l'a «tué» en Suisse est de nature à déstabiliser le régime et le pays. Preuve s'il en fut, quarante-huit heures après la diffusion de ladite rumeur, des internautes algériens continuent de l'amplifier. A ce niveau, on est tenté de crier «hourra cornecul, vive le père Ubu !», en chœur, comme dans la «Chanson du décervelage» d'Alfred Jarry. Et le père Ubu, c'est aussi le rapport des officiels algériens à la communication politique. Notamment quand il s'agit de la santé du chef de l'Etat. En l'état, la culture officielle, c'est-à-dire la gestion du mutisme et l'obsession du secret, inepte, voire ridicule à l'époque des TIC, de la connectique et de l'Internet à très haut débit, relève, elle aussi, d'Ubu roi. D'aucuns arguent du fait qu'on ne dément pas une rumeur, fusse-telle funeste. Et que le démenti est toujours un pis-aller qui ne dément rien, car la rumeur est boulimique et se répand de manière boulimique. A l'instar de Jacques Attali, les mêmes peuvent penser que «dans un monde où l'information est une arme et où elle constitue même le code de la vie, la rumeur agit comme un virus, le pire de tous car il détruit les défenses immunitaires de la victime.» D'accord. Mais, blog à part, une apparition à la télévision du président de la République, en temps réel, aurait «tué» la rumeur assassine. En attendant, elle court, elle court encore…la rumeur.
N. K.

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