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Le départ du Premier ministre, «bonne et mauvaise nouvelle»
Dans une interview accordée au Nouvel Observateur, Giles Yabi estime :
Publié dans La Tribune le 14 - 12 - 2012

Nouvel Observateur : Comment expliquez-vous l'éviction soudaine du Premier ministre de transition, Cheïkh Modibo Diarra, par l'ex-junte qui avait fait tomber, en mars dernier, le président malien, Amadou Toumani Traoré ? Vous a-t-elle surpris ?
G. Yabi : On savait, depuis plusieurs mois, que Cheïkh Modibo Diarra était, politiquement, affaibli. Déjà, en juillet, il avait subi des pressions internes et externes, y compris de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), pour le faire partir.
Il n'avait, alors, réussi à se maintenir qu'en allant chercher des soutiens dans la société civile, notamment auprès des forces religieuses. Son départ n'est, donc, pas une surprise. Peu de personnes - au Mali et à l'étranger - souhaitaient le voir rester.

Qu'est-ce qui lui était reproché ?
La junte du capitaine Sanogo reproche, sans doute, à Cheïkh Modibo Diarra, d'une part d'avoir montré sa volonté d'indépendance alors que c'est elle qui l'avait choisi à la suite de l'accord du 6 avril qu'elle avait négocié avec la Cédéao et, d'autre part, d'avoir affiché ses ambitions personnelles, présidentielles aux dépens de sa mission qui devait être de gérer la double crise que traverse le Mali : la crise au Nord, tombé aux mains de groupes islamistes, armés, alliés d'Al-Qaïda et, au Sud, en préparant les élections.
Le Premier ministre a perdu, ainsi, le soutien des militaires, après s'être mis à dos la classe politique, malienne. Depuis le début, cette dernière lui reprochait non seulement d'avoir été nommé par la junte mais, également, de se montrer plus intéressé par son propre avenir politique que par la gestion de la crise. Il a réussi à faire l'unanimité contre lui. La junte l'a probablement démis avec l'assentiment tacite de la plupart des acteurs politiques.

Cette éviction manu-militari confirme donc l'influence des militaires…
A l'évidence. Et ce n'est, finalement, pas le départ de Cheïkh Modibo Diarra qui pose problème mais bien les circonstances de ce départ : elles montrent que le pouvoir militaire a la possibilité de choisir les autorités civiles de transition. Cette influence des putschistes, qui avait été actée par l'accord du 6 avril, n'a pas, véritablement, varié depuis. Certes, Sanogo a été nommé, entretemps, par décret, à la tête d'un comité de réforme des forces de sécurité, ce qui était une manière de le cantonner dans un rôle militaire, mais la garnison de Kati qui abrite les militaires demeure, bel et bien, un des pôles du pouvoir.

Que pensez-vous de la nomination du médiateur de la république, Diango Cissoko, à la place de Cheïkh Modibo Diarra ?
C'est une personnalité plus consensuelle. Premièrement, par sa position de médiateur de la République, il a dû côtoyer tous les acteurs
politiques maliens, tout en maintenant une distance avec eux. Deuxièmement, il a une très longue expérience des rouages de l'Etat malien, dans lequel il a occupé différents postes, comme secrétaire général de la présidence ou au cabinet du Premier ministre.

Mais, alors, pourquoi ne pas avoir fait ce choix plus tôt ?
On en revient à la manière dont l'après-coup d'Etat a été géré… et à l'accord du 6 avril. C'est à la junte qu'avait été donnée la responsabilité de nommer le Premier ministre et elle avait, alors, choisi quelqu'un qu'elle pensait pouvoir contrôler.

Diango Cissoko est-il, lui aussi, le choix de la junte ?
On est dans une phase où les militaires semblent chercher à ne pas se mettre à dos la communauté internationale, tout en préservant leurs intérêts. Ils vont affirmer, ou du moins essayer de faire croire, que le pouvoir est réellement entre les mains du président intérimaire, Dioncounda Traoré, et du nouveau Premier ministre. Cela se voit dans la manière dont le capitaine Sanogo a présenté l'éviction de Cheïkh Modibo Diarra : il a cherché à se positionner comme une sorte de garant du bon fonctionnement de la transition. Avec, bien évidemment, une arrière-pensée : que les autorités civiles ménagent et protègent les militaires.

Vous ne craignez pas que les militaires se soient débarrassés de Cheïkh Modibo Diarra, partisan d'un soutien militaire international, pour se lancer seuls dans la reconquête du Nord ?
Cela aurait été, en effet, l'un des plus grands risques que l'armée se lance derrière Sanogo dans une reconquête du Nord sans soutien international, au prétexte que le Mali ne puisse pas attendre le déploiement d'une force internationale au deuxième semestre 2013.
Mais je ne crois pas que ce soit un danger immédiat. Car, bien qu'il y ait une impatience affirmée à libérer le Nord du pays, je ne pense pas, au fond, que les militaires maliens aient, quoi qu'ils en disent, une farouche envie d'aller se battre au Nord. Je ne pense pas, non plus, que les autorités de transition valideraient une opération militaire, malienne sans accompagnement ni validation de la communauté internationale.

Qu'attendre du nouveau Premier ministre ?
Il a annoncé ses priorités qui sont celles de la transition. A commencer par un dialogue national dont le but est de formuler une feuille de route qui indique aux acteurs internationaux ce que les Maliens eux-mêmes pensent de la gestion de la crise et de ses modalités. Sont-ils d'accord ou non avec son volet diplomatique : la négociation avec les acteurs armés au nord du pays qui se désolidarisent des
terroristes et son volet sécuritaire et militaire, la mission d'entraînement et de structuration de l'armée malienne par les formateurs européens qui doit débuter en début d'année et le déploiement d'une force militaire internationale ? Ils vont devoir répondre. Je crois que le nouveau Premier ministre a la capacité de mener ce processus sans être soupçonné de visées personnelles, contrairement à son prédécesseur. Je crois, même, que sa nomination va permettre de sortir de certaines impasses, de débloquer un peu la situation à Bamako. Je pense aussi – du moins il faut l'espérer – qu'il va avoir un discours plus modéré, plus clair et plus pédagogique afin de mieux expliquer à l'opinion publique malienne, que la reconquête du Nord par la force sans penser aux risques et au lendemain ne peut être une solution viable de sortie de crise.Pour ce qui est des négociations avec les groupes armés du Nord, je ne m'attends pas à ce qu'il change, fondamentalement, l'attitude adoptée par Bamako. D'ailleurs, Cissoko a, déjà, annoncé comme l'une de ses priorités la mise en place de la commission nationale de négociations. Peut-être que Bamako va-t-elle, même, s'investir plus dans ces discussions.

Moralité : le changement du Premier ministre est, finalement, plutôt une bonne nouvelle ?
Disons qu'il y a une bonne et une mauvaise nouvelle… La bonne nouvelle, c'est le départ de Cheïkh Modibo Diarra. La mauvaise nouvelle, c'est que les militaires gardent le contrôle des affaires et demeurent une force incontournable. Au niveau international, il faut se saisir de ce moment pour le transformer en véritable opportunité. Premièrement, il faut aller appuyer très vite le nouvel exécutif de transition et le processus politique à Bamako et, deuxièmement, trouver un compromis avec l'armée : ne pas valider son rôle politique tout en reconnaissant son rôle militaire.
*Gilles Yabi est directeur pour l'Afrique de l'Ouest du think tank International Crisis Group


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