L'Agence internationale de l'énergie atomique reprend de nouveau ses pressions contre Téhéran. Des experts de l'Aiea ont entamé hier à Téhéran des discussions qu'ils ont espéré «constructives» sur le dossier nucléaire de l'Iran. La délégation de huit personnes, dirigée par le numéro deux de l'agence, Herman Nackaerts, doit négocier avec le représentant iranien à l'Aiea, Aliasghar Soltanieh, la signature d'un «accord global» lui permettant d'activer «librement» dans le monde du nucléaire iranien. Il s'agit pour l'agence onusienne d'obtenir un accès plus large à certains sites, documents ou individus, et notamment à la base militaire de Parchin, où l'Aiea, probablement sous inspiration américaine, soupçonne l'Iran d'avoir procédé à des tests d'explosions conventionnelles, susceptibles d'être utilisées pour des activités militaires. Téhéran résiste jusqu'à présent aux pressions de plus en plus grandissantes de l'agence, estimant qu'elles allaient au-delà de ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. Pour l'heure les négociations sont dans l'impasse. Téhéran réitère sa position de fermeté: si elle veut davantage de coopération, l'Aiea doit reconnaître «pleinement les droits nucléaires» de l'Iran, dont celui à l'enrichissement d'uranium. La base de Parchin «n'a aucun lien avec les activités nucléaires» de l'Iran et cette question ne pourra être discutée que dans le cadre d'un éventuel accord global, a expliqué le porte-parole de la diplomatie iranienne. Les Occidentaux, actionnant l'Aiea, pressent l'Iran, en dépit de ses démentis répétés, sous le prétexte de vouloir se doter de l'arme atomique. La réunion sera suivie par le groupe des «5+1», interlocuteur de Téhéran sur la question nucléaire iranienne depuis 2009, avant une reprise prochaine de pourparlers politiques dans l'impasse depuis trois ans. Le groupe, qui comprend les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne, ferme les yeux sur certains pays nucléarisés à l'image d'Israël et focalise sur l'Iran. Trois rounds de négociations infructueuses avec Téhéran ont eu lieu en 2012, à Istanbul en avril, à Baghdad en mai, puis à Moscou en juin. L'Iran a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties de sanctions internationales, renforcées unilatéralement par les Etats-Unis et l'Union européenne. Les grandes puissances occidentales disent redouter que les stocks et la technologie accumulés par Téhéran ne permettent de produire rapidement de l'uranium enrichi à plus de 90%, nécessaire à la fabrication de l'arme atomique. Pourtant Téhéran ne cesse de déclarer que la possession des armes à destruction massive est interdite par l'islam. M. B./Agences