«Au moment où le Venezuela entame un nouveau chapitre de son histoire, les Etats-Unis continuent à appuyer des politiques qui soutiennent les principes démocratiques, l'Etat de droit et le respect des droits de l'Homme». Les propos d'Obama au lendemain du décès de Hugo Chavez, sont un euphémisme vite explicité par un membre du Congrès. «Hugo Chavez était un tyran qui forçait les Vénézuéliens à vivre dans la peur. Sa mort entame l'alliance des dirigeants gauchistes antiaméricains en Amérique du Sud», a déclaré Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. La revue Marianne s'interrogeait hier, sur les raisons de tant de haine des Occidentaux à l'égard de Chavez. La réponse est dans l'œuvre de Chavez, dans sa politique et ses choix stratégiques. Chavez n'a pas rompu avec le combat anti-impérialiste. Il y croit. Pour lui, le capitalisme occidental est responsable de l'état du monde, de ses crises chroniques, de ses guerres, de ses misères, des famines de l'ignorance et de l'arriération de la majorité de l'humanité. Le capitalisme s'est construit sur le pillage et la colonisation avant de se consolider par l'hégémonie économique, militaire et politique. A ce titre Chavez fait partie de ces dirigeants choisis par leur peuple, pour leurs positions, pour leur volonté de résister aux chants des sirènes et protéger les richesses nationales dont l'usufruit ne doit profiter qu'au peuple. Sans ce protectionnisme aucun développement social n'est possible. En 1990, le PIB du Venezuela, l'un des plus riches pays d'Amérique latine était de 91 milliards de dollars. Aujourd'hui, il est de 328 milliards de dollars grâce au choix souverain du peuple vénézuélien. Parce que ce peuple n'a pas choisi une opposition qui a les faveurs de l'Amérique et de l'Europe, l'Occident qui s'est autoproclamé arbitre des libertés, de la démocratie et des droits de l'Homme, a jugé Chavez dictateur et son régime non démocratique, comme il a décrété que le choix des Palestiniens était opposé à l'attente de l'Occident lorsqu'ils ont élu Hamas. Mais le même Occident a permis aux Talibans de détruire l'Afghanistan et de menacer la stabilité du sous-continent indien tant qu'ils défendaient les intérêts capitalistes, le même Occident a soutenu des islamistes en Libye qui ont offert l'arsenal militaire d'un pays aux terroristes du Sahel qui menace aujourd'hui tout une sous région, le même Occident soutien aujourd'hui la même Qaïda en Syrie et qu'il prétend combattre ailleurs. L'Occident pleure le déficit de démocratie, de liberté et de respect des droits de l'Homme, là où il y a du pétrole. En Palestine, il n'y a pas de pétrole. En Palestine, il y a des humains, rien que des humains à l'ombre des oliveraies millénaires qui témoignent de la cupidité des Hommes, de leur hypocrisie, de leur injustice. En Palestine, il n'y a pas de pétrole, mais il y a des enfants et des pierres. Tant qu'il y aura des enfants et des pierres, l'Occident aura une mauvaise conscience. Chavez n'est plus. Demain on saura si le chavisme survivra à l'homme et si le Venezuela a choisi, au-delà de l'homme, des options et un programme. A. G.