Le 18 mai est la date symbolique de la célébration de la Journée mondiale des musées. En Algérie, cette date clôture la célébration du mois du patrimoine, qui a débuté le 18 avril dernier avec l'annonce de moult activités et manifestations artistiques et culturelles dédiées au patrimoine. Parmi les grandes annonces du mois du patrimoine de cette année, deux nouvelles émergent médiatiquement : la réouverture du musée Bardo, après plusieurs années de fermeture pour rénovation, et la promotion du prestigieux Musée des Beaux-arts d'Alger par l'Association des Musées méconnus de la Méditerranée (AMMed) avec la construction du grand site internet interactif et la réalisation d'un documentaire en partenariat avec la chaîne Arte. La où le bat blesse, c'est que si la première nouvelle a laissé les Algériens sur leur faim, la seconde laisse perplexe. Ainsi, il a fallu le parrainage d'une association régionale pour que ce genre d'action puisse voir le jour au Musée des Beaux-arts, l'un des joyaux de la capitale. Certes l'initiative est louable, mais la question qui se pose est pourquoi elle n'a pas pu être réalisée par les responsable du musée. Surtout que ce n'est ni les compétences humaines, ni les financements qui manquent en Algérie. Ceci dévoile le sommet de l'iceberg de l'absence d'une réelle politique muséale dans le domaine de la promotion du patrimoine algérien. Le ministère de la Culture a lancé plusieurs projets de partenariats et de formations pour tenter de mettre à niveau nos musées nationaux aux niveaux des standards internationaux mais cela reste insuffisant. Car cette tâche n'incombe pas seulement à la tutelle mais également aux responsables des musées eux- mêmes. Il s'agit pour les musées de se doter de véritables moyens humains et techniques non seulement pour promouvoir le riche patrimoine qu'ils recèlent intramuros mais également d'aller vers le grand public et sortir du cadre fermé des enceintes muséales. D'autre part, la mission des musées n'est pas seulement d'exposer les trésors qu'ils possèdent mais également d'investir d'autres domaines. A savoir l'organisation de formations, ou de comités de recherches, la préservation des objets en périls tels que les manuscrits et, pourquoi pas, chapeauter des fouilles, sans oublier l'épineux problème d'acquisitions nouvelles quasi inexistantes afin de rafraichir les collections muséales. La Journée mondiale des musées ne devrait pas être juste une célébration conjoncturelle pour épater une galerie restreinte, mais devrait être le catalyseur de réelles initiatives ambitieuses dans les domaines de la communication, d'actions de proximité, de marketing, de formations, de recherches scientifiques et de management. Fédérer tout pour redonner d'abord le goût aux Algériens de reprendre les chemins des musées, qui devient de plus en plus ardu, et, ensuite, aux touristes étrangers de venir découvrir les merveilles du patrimoine algérien qui souffrent d'être «méconnues». Ce n'est qu'avec ce genre d'initiatives que l'on pourrait faire sortir réellement les musées algériens de leur anonymat. S. B.
