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«Acewwiq» : menaces sur un chant profond de la Kabylie
Ces chants regroupent un vaste répertoire musical et poétique
Publié dans La Tribune le 15 - 05 - 2013

Chants profonds et nostalgiques exécutés sur un rythme libre, poésie religieuse ou profane improvisée majoritairement par des femmes dans diverses circonstances, «acewwiq», un des genres les plus représentatifs de la culture musicale traditionnelle Kabyle, disparaît peu à peu. Il constitue aujourd'hui un vaste chantier de recherche pour sa préservation et son classement au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
Popularisés sous le nom d'«Acewwiq» ou «Achouiq», ces chants regroupent un vaste répertoire musical et poétique, encore mal défini. Cela va des chants accompagnant le travail domestique jusqu'à une forme de poésie amoureuse exclusivement féminine, en passant par des pièces d'inspiration religieuse exécutées par les mystiques des confréries soufies.
Chanté sous forme de mélopée solitaire pour exprimer la tristesse de la perte d'un être cher ou pour extérioriser ses tourments, en groupe lors des fêtes familiales et de funérailles ou pour accompagner des travaux dans les champs, l'«Acewwiq» est encore pratiqué dans certaines régions de Kabylie par les femmes les plus âgées.
En témoignent des enregistrements datés de 2012 et réalisés par les étudiants de Mme Ait Kadi Dahbia, enseignante de littératures populaires à l'Université de Mouloud-Mammeri, dans la région de Mâatka (Tizi Ouzou) lors de la cueillette des olives.
Mais les bouleversements sociaux et techniques, la rupture de transmission entre les générations constatée par les chercheurs, menacent cette pratique de disparition. A cette réalité, s'ajoute le nombre restreint de recherches menées sur ce genre musical et poétique, à commencer par sa transcription. La réticence des personnes pratiquant encore ces chants à être enregistrées ou filmées, constitue une autre entrave à la recherche, explique Ait Kadi Dahbia dont les propos sont corroborés par l'ethnomusicologue, M. Mhenna Maffoufi, dans son ouvrage de référence «Chants de femmes en Kabylie».
Se confondant avec «Asvoughar», désignant les chants de circoncision et de naissance, avec «Adhekker» (du vocable soufi «Dhikr» signifiant se remémorer le nom de Dieu) propre aux chants religieux ou encore «Ahiha», une sorte de poésie amoureuse et érotique féminine, le terme «Acewwiq» lui même reste équivoque pour les chercheurs, toujours partagés sur une définition commune. «Acewwiq désigne un mot d'origine arabe utilisé par les Kabyles dans deux sens distincts: partir ou voyager, pour le premier, et chanter pour le second qui devient synonyme de ‘'Agheni'', désignant le chant profane», explique l'ethnomusicologue.

Un patrimoine musical à classer
De son acception religieuse, attestée par des «poèmes mystiques de la confrérie Rahmanya en Kabylie», poursuit M. Mahfoufi, le mot «Acewwiq» devient, à partir des années 1940, synonyme d'une forme de «poésie profane» en raison du contenu même des émissions radiophoniques et grâce aux chorales féminines de cette époque, à l'origine de sa popularité. «Sous l'impulsion de Boudali Safir, missionné par l'administration coloniale à la fin des années 1940, la section kabyle de Radio Algérie s'est vue dotée d'une chorale féminine ‘'Nouba l'khalat''(...) à laquelle se son jointes au début des année 1950 Ourida, Djamila, Cherifa et Hnifa (chanteuses populaires kabyles) et auxquelles nous devons beaucoup...» dans la préservation de «Acewwiq», rappelle M. Mahfoufi.
Pour respecter les codes régissant la société kabyle d'alors «qui aimait la musique mais n'aimait pas avoir de musiciens au sein des familles», poursuit-il, «le mot ‘'Acewwiq'', utilisé pour désigner le chant profane va remplacer celui d''Aghenni''», connoté «péjorativement'», explique-t-il. «Jusqu'à la fin des années 1980, sur les ondes de la chaîne II, le mot ‘'Acewwiq'' prendra le sens de ‘'Mestekhber'' qui désigne les ‘'timbres'' au rythme non mesuré sur lesquels on chantait les sept modes caractéristiques de la musique traditionnelle kabyle...», dira-t-il. Ce sont toutes ces différences dans la définition de «Acewwiq» qui montrent l'étendue du travail qui reste à mener avant d'en soumettre la candidature au classement de l'Unesco au titre de patrimoine immatériel de l'humanité. Un travail qui nécessite d'abord un état des lieux sur tous les travaux qui ont été menés sur le genre et «d'inscrire Acewwiq au patrimoine culturel national», préalable au classement de «Acewwiq», explique M. Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah).
APS

Transmission et préservation du chant «Acewwiq»: le rôle des artistes
Parallèlement au travail des chercheurs, des chanteurs et des auteurs de théâtre en Algérie et en France utilisent «Acewwiq» dans des créations contemporaines et contribuent à préserver ce patrimoine musical
traditionnel Kabyle.
Azal Belkadi, chanteur et artiste peintre originaire de la région de Aïn El Hammam (Tizi Ouzou) vivant à Paris, intègre des poèmes traditionnels kabyles, dont ceux de «Acewwiq», dans des pièces musicales lyriques proches de l'Opéra.
Fils d'une tisseuse de tapis, Azal Belkadi, a été bercé par les «chants nostalgiques» que sa mère fredonnait devant son métier à tisser en plus. Il affirme aussi avoir été influencé par de la diva de la chanson kabyle Marguerite Taos Amrouche dont il a appris, dit-il, par cœur les chants. En 2011, le chanteur participe à une adaptation du Boléro de Maurice Ravel, dans lequel il interprète des chants berbères anciens. Il prépare actuellement un album intitulé «Izlan» dans lequel il reprend des poèmes amoureux féminins. En plus de son travail d'artiste,
Azal Belkadi contribue à la transmission du patrimoine
culturel kabyle à travers plusieurs chorales féminines qu'il dirige.
Nommées «Thiliwa» (Les fontaines) ou encore
«La chorale Taos Amrouche», ces chorales sont composées de femmes de tous horizons et constituent «une véritable chaîne de transmission de la poésie et des chants kabyles anciens», dit-il. En Algérie, la «Chorale Cheikh Aheddad» continue d'animer des fêtes dans la région d'Akbou (Béjaïa) et a été intégrée à la pièce du même nom, produite en 2012 par le Théâtre régional de Béjaïa et mise en scène par son directeur Omar Fetmouche.
Cette chorale, composée de quatre femmes, explique
M. Fetmouche, «fait office de chœur» comme dans le théâtre grec ancien. Elle a, notamment, interprété des «chants funèbres» dans la partie de la pièce relatant la mort de Cheikh Aheddad, raconte pour sa part
Na Tassadit, qui à soixante-dix ans continue toujours d'animer au sein de la chorale des spectacles à la maison de jeunes d'Akbou et dans les fêtes du village.
APS


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