L'industrie du papier au sens large du terme, est considérée, à l'échelle mondiale, comme une industrie stratégique non seulement au plan de l'économie mais aussi au plan de la souveraineté nationale. Tous les pays développés dans le monde ainsi que les pays émergents, y compris au niveau régional, disposent d'une industrie de base du papier et veillent à sa préservation et son développement. Fortement capitalistique, cette industrie nécessite des investissements lourds mais génère, à travers le monde, une importante valeur ajoutée de l'ordre de 40%, selon quelques estimations. Quid de l'Algérie ? Dès l'Indépendance, la création de la filière papier en Algérie s'inscrit dans une dynamique d'intégration nationale allant de l'amont agricole, avec l'utilisation de l'alfa et la paille, et de la production de la pâte à papier jusqu'aux activités transformation. Le développement de la filière papier pouvant être succinctement découpé en deux segments industriels (la production des produits de base et leur transformation en différents types de produits à usage domestique ou industriel) s'inscrivait dans le cadre de la politique de substitution à l'importation et celle de l'intégration nationale qui visaient non seulement la réduction de la facture d'importation, mais aussi la réduction de la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Toutefois, et à l'instar d'autres segments d'activités, cet élan de développement des années 1970 a été freiné suite à la situation qu'a connue le pays depuis la crise de 1986 et qui a généré un désinvestissement dans le secteur. L'obsolescence technique et technologique de l'outil de production a eu également des répercussions sévères sur la filière au plan économique et social et a obligé un redéploiement des activités vers la fabrication de l'emballage avec l'abandon de la fabrication de pâtes, de P.I.E et de carton compact. D'ailleurs, les statistiques de ces dernières années montrent que cette industrie connaît globalement des contreperformances. Les taux de productivité ont baissé. On estime même la valeur des importations de papier, carton et produits chlorés à environ 500 millions de dollars. La cause ? Cette baisse est due à l'ancienneté de cette industrie, ainsi que la vétusté de ses usines. Car, l'industrie du papier en Algérie s'appuie actuellement sur des usines héritées de l'ère coloniale. En effet, l'outil de production est devenu vétuste et ne demande qu'à être rénové. «La baisse de la production du papier en Algérie est due en outre à la faiblesse de industrie de recyclage, la vétusté des moyens de production et le faible taux de productivité dans la plupart des unités», nous a fait savoir un cadre du secteur. Le même responsable soutient que le «désinvestissement massif opéré ces dernières années dans cette filière industrielle dans le secteur public fera disparaître du marché la quasi-totalité du potentiel productif, notamment celui de la fabrication de pâte à papier et de papier et carton». En d'autres termes, l'absence d'une production de base de certaines sortes de papier, l'ensemble de cette industrie papetière va se trouver extravertie, car totalement dépendante tant pour ses matières premières que pour les autres produits semi-finis et finis. «Aussi, une réflexion sur la stratégie à mener pour sauvegarder et développer cette filière est incontournable, laquelle, une fois adoptée, devra avoir le soutien requis de l'Etat pour relancer les investissements et rattraper ainsi les retards», suggère-t-il plus loin.
S. B.
Des chiffres à retenir… La demande nationale était, il y a quelques années de l'ordre de 460 000 tonnes/an, ce qui représente un marché important de l'ordre de 350 millions de dollars. Elle est actuellement de 600 000 tonnes de papier/an. L'Algérie récupère seulement 100 000 tonnes/an, alors que plus de 50% de la production mondiale du papier sont fabriquées à partir de fibres recycléesL'Algérie occupe une position modeste dans la production et la consommation des produits papetiers, comparativement aux pays d'Europe, d'Amérique ou d'Asie. La consommation annuelle par tête d'habitant en Algérie est estimée à 14,7kg, très loin derrière celle des Etats-Unis 324 kg, et du Japon 242 kg et de la France 183 kg. La demande nationale en carton d'emballage est de l'ordre de 160 000 tonnes/an, elle est exprimée par différents secteurs d'activités, l'industrie agroalimentaire, pharmaceutique et les cosmétiques, l'industrie manufacturière, détergents et dérivés.
