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La Conférence de Genève sur la Syrie compromise
Les Onze veulent inverser les rapports de force sur le terrain militaire
Publié dans La Tribune le 24 - 06 - 2013

Samedi dernier, lors d'un conclave des «Amis de la Syrie», les Onze ont décidé d'envoyer des armes à la rébellion syrienne pour inverser le rapport de force militaire à défaut de renverser le régime de Bachar al-Assad. Ayant vainement tenté de créditer l'idée du recours aux armes chimiques par le régime syrien, l'Occident justifie son aide militaire à la rébellion par la nécessité de protéger les civils. Vendredi dernier, le président de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a réaffirmé qu'il ne pouvait pas dire avec certitude qui avait utilisé des armes chimiques en Syrie. Interrogé par des journalistes sur ces accusations, Paulo Pinheiro a refusé de «commenter les déclarations ou décisions de gouvernements». «Nous ne sommes pas capables de dire qui a utilisé des agents ou des armes chimiques, et nous sommes très préoccupés par la chaîne de détention», c'est-à-dire le parcours des armes jusqu'à leur découverte, a-t-il indiqué. Dans son dernier rapport devant le Conseil des droits de l'Homme, la commission avait dénoncé l'usage d'agents chimiques à au moins quatre occasions en Syrie, mais sans pouvoir «identifier la nature de ces agents chimiques, les systèmes d'armes employés, ni qui les a utilisés». Selon M. Pinheiro, les pays occidentaux qui accusent le régime de Damas n'ont pas fait part de leurs informations à la commission et seuls les experts de l'ONU, menés par Ake Sellstrom, pourront trouver éventuellement des preuves en allant sur place, ce qu'ils n'ont pas pu faire jusqu'ici. M. Pinheiro, qui a rencontré vendredi dernier à huis clos des membres du Conseil de sécurité, a aussi rejeté l'option militaire: «La fourniture d'armes engage la responsabilité de ceux qui les livrent car les gens qui les reçoivent pourraient commettre des crimes de guerre.» «Il faut un nouvel élan diplomatique, pas un nouvel élan militaire», a-t-il souligné en appelant le Conseil à accélérer la tenue de la conférence de Genève. «La Syrie est en chute libre», a-t-il insisté. Faisant fi de ces recommandations visant à mettre un terme au déchirement d'un peuple et à la destruction d'un pays, les principaux pays soutenant l'opposition syrienne ont décidé samedi dernier d'intensifier leur aide à la rébellion dans l'espoir d'affaiblir le régime syrien pour, d'une part, lui imposer les objectifs occidentaux et, d'autre part, renforcer la position de la rébellion pour qu'elle accepte de prendre part à la conférence de Genève. Au terme d'une réunion à Doha, les onze pays amis de la Syrie, dont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont annoncé avoir décidé «une aide urgente en matériel et en équipements» à la rébellion afin de lui permettre de faire face aux «attaques brutales du régime». Ils ont précisé que chaque pays aiderait la rébellion «à sa manière», contournant ainsi l'épineuse question de l'aide militaire directe que plusieurs pays occidentaux refusent de fournir. Jusqu'à présent, le gros de l'aide militaire provient de l'Arabie saoudite et du Qatar. Les participants ont souligné dans leur communiqué final que «toute aide militaire sera canalisée» par le Haut conseil militaire syrien relevant de l'Armée syrienne libre (ASL), principale faction de l'opposition armée, afin qu'elle ne tombe pas entre les mains des groupes extrémistes. Le chef de la diplomatie du Qatar, soutenant activement l'opposition, cheikh Hamad ben Jassem
Al Thani, a en outre affirmé que les participants à la réunion avaient pris «des décisions secrètes» pour modifier l'équilibre des forces sur le terrain. Cheikh Hamad a indiqué que neuf des onze pays participants étaient d'accord sur l'apport d'aide militaire à l'ASL. Selon des sources diplomatiques, les deux Etats réservés seraient l'Allemagne et l'Italie. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait déclaré avant la réunion que son pays n'avait «pas pris la décision» d'armer la rébellion syrienne. Laurent Fabius a annoncé que Paris avait envoyé des traitements anti gaz sarin «qui peuvent protéger un millier de personnes». Le Président français, François Hollande, en visite à Doha, s'est félicité de l'issue de la réunion qui, selon lui, a permis «d'établir une ligne : soutenir l'opposition syrienne». «Les Amis de la Syrie vont chacun à sa façon (...) augmenter la portée et l'ampleur de leur assistance à l'opposition politique et militaire», a déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry, sans préciser si son pays allait fournir des armes à la rébellion. Mais il a estimé que les rebelles avaient besoin d'un soutien accru «afin de se rendre à Genève» et de renverser «le déséquilibre sur le terrain», où le régime a récemment enregistré des progrès. Paradoxalement, Kerry a déclaré que son pays continuait d'appuyer la tenue de la conférence internationale Genève 2 visant à trouver une solution politique au conflit qui a fait en plus de deux ans quelque 93 000 morts selon l'ONU. De son côté, cheikh Hamad a estimé qu'un règlement politique «ne peut être réalisé qu'en établissant un équilibre sur le terrain pour que le régime accepte de négocier». Selon une source diplomatique occidentale, le chef d'état-major de l'ASL, le général Sélim Idriss, avait présenté «une liste de demandes sur les armes». Ces demandes «ont été en grande partie agréées», a déclaré une source diplomatique occidentale ajoutant que «tout le monde va aider et va aider mieux» et qu'il fallait s'attendre à «un saut qualitatif et quantitatif important». Le porte-parole de l'ASL, Louaï Moqdad, avait annoncé vendredi que l'ASL avait reçu récemment de l'étranger des armes «modernes» susceptibles de «changer le cours de la bataille», notamment des armes antiaériennes et antichars. La rébellion réclame des armes lourdes pour protéger les zones civiles de la puissance de feu du régime, qui tente actuellement de reconquérir des poches rebelles à Damas et Alep (Nord), après avoir repris début juin avec l'aide du Hezbollah libanais la localité de Qousseir, bastion rebelle stratégique. Les Amis de la Syrie ont dénoncé «l'intervention des milices du Hezbollah et des combattants d'Iran et d'Irak, qui aident le régime à réprimer le peuple syrien», et exigé «que ces combattants quittent la Syrie immédiatement». Ils ont invité «l'Irak et le Liban à protéger activement leurs frontières» pour prévenir l'entrée de «combattants et équipements» qui accentueraient la tension dans la région. Samedi dernier, trois enfants ont été tués dans l'est de Damas, pilonné pour le quatrième jour consécutif par l'armée syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh).

L'illusion de Hollande
Afin de se donner bonne conscience, François Hollande a appelé dimanche dernier, à partir de Doha, l'opposition syrienne modérée à «reprendre» les zones tombées entre les mains des groupes extrémistes en Syrie. «L'opposition doit reprendre le contrôle et de ces zones et de ces groupes pour les écarter», a affirmé M. Hollande lors d'une conférence de presse. «C'est l'intérêt de l'opposition, c'est l'intérêt de la Syrie car s'il apparaît que des groupes extrémistes sont présents, ils peuvent demain être les bénéficiaires d'une situation de chaos. Ce sera Bachar al-Assad qui se saisira de ce prétexte pour continuer les massacres», a ajouté le Président français. Hollande a souligné que la question de l'éventuelle livraison d'armes aux rebelles devait «être réglée entre Européens et également avec nos amis américains parce que nous avons mis des conditions», notamment «que l'opposition se structure politiquement et militairement». «On ne peut pas imaginer livrer des armes à des groupes qui pourraient les utiliser ensuite au détriment des intérêts de la Syrie démocratique ou éventuellement contre nous», a-t-il ajouté. François Hollande avait souligné à l'issue d'un entretien avec l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, que Paris et Doha avaient «une approche commune» sur le conflit syrien, visant à aider l'opposition à améliorer sa position sur le terrain pour parvenir à une solution négociée. Cette «approche commune» vise à «aider l'opposition à se défendre et gagner des positions sur le terrain» mais également «trouver une solution politique», a déclaré le Président après son entretien avec l'émir. «Nous avons conscience que ce sera aussi le rapport de force qui nous indiquera le sens et le rythme de cette solution», a ajouté François Hollande. «Nous avons conscience qu'il faut aider, soutenir ceux qui se sont engagés dans ce qu'on a appelé le printemps arabe, comme la Tunisie, l'Egypte et nous travaillerons main dans la main pour appuyer les efforts de développement et de démocratie dans ces pays», a encore dit François Hollande qui a achevé dimanche dernier une visite au Qatar et devait se rendre en Jordanie. Si l'appel de François Hollande est entendu par la rébellion non islamiste, c'est toute la configuration de la crise syrienne qui va changer. Si la rébellion soutenue par l'Occident s'en prend au groupe Ennosra, ce dernier ne se laisserait pas faire et va retourner ses armes contre ses alliés actuels. D'autant plus que les islamistes en Syrie, sont activement soutenus par le Qatar et l'Arabie saoudite qui leur fournissent armes et moyens financiers. L'opposition modérée et laïque est assez consciente de ce risque pour se lancer dans une aventure qui risque sinon de l'anéantir, du moins d'aggraver une crise déjà complexe. Les courants non islamistes en Syrie sont faibles politiquement et militairement par rapport aux islamistes toutes tendances confondues, qui mènent une véritable guerre contre le régime syrien. Sous la direction du groupe Ennosra, les islamistes contrôlent l'essentiel des zones libérées. A ce titre, l'appel de François
Hollande est incompréhensible, à moins qu'il soit une stratégie visant à pousser le groupe Ennosra à retourner ses armes contre l'opposition laïque, ce qui en ferait un allié du régime syrien et ce qui justifierait une intervention étrangère contre un régime soutenu par les terroristes. En fin de compte, Washington et Paris tiennent un discours et font le contraire de ce qu'ils disent. D'une part, ils soutiennent la conférence de paix de Genève, devant réunir le régime syrien et l'opposition pour trouver une solution négociée et, d'autre part, ils arment l'opposition pour exacerber la crise en Syrie. Cette conférence de la dernière chance, est d'ores et déjà compromise par les décisions de Doha. La Russie, un acteur décisif de la crise syrienne, rejette les accusations américaines de l'usage d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad et appelle les Etats-Unis à ne pas rééditer l'erreur commise en Irak. «Nous le dirons clairement: ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant», a déclaré Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin, aux journalistes, indiquant qu'une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains à ce sujet, dont les détails n'ont pas été divulgués. «Je ne voudrais pas faire de parallèle, je ne veux pas croire qu'il s'agisse d'une situation similaire (à celle de l'Irak), quand le secrétaire d'Etat Colin Powell avait brandi une fiole au Conseil de sécurité», a ajouté Iouri Ouchakov. Il faisait référence à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en 2003, au cours de laquelle Colin Powell avait notamment montré une fiole contenant selon lui de l'anthrax, une arme biologique, pour justifier une intervention armée en Irak. Les affirmations sur les armes irakiennes de destruction massive ont été depuis battues en brèche, Colin Powell a déclaré regretter son erreur et avoir été trompé. Vendredi dernier, le chef de la commission des affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, avait déjà accusé les Etats-Unis d'avoir «fabriqué» ses informations. «Obama suit la même voie que George Bush», le précédent Président américain qui avait lancé l'opération militaire en Irak en 2003, avait ajouté ce membre du parti au pouvoir Russie unie. La Russie, principal soutien du régime syrien auquel elle livre des armes, a toujours émis les plus grandes réserves quant aux accusations visant le régime. Dans un communiqué, la diplomatie russe s'est en revanche inquiétée de l'usage de gaz sarin par les rebelles, rappelant que, le 6 mai, Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, avait affirmé qu'ils en avaient employé. Le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, a par ailleurs estimé que la décision des Etats-Unis d'accroître leur aide aux rebelles syriens compliquerait les efforts pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 93 000 morts, selon un nouveau bilan de l'ONU. «Si les Américains décident vraiment et réellement de fournir une aide plus importante aux rebelles, une aide à l'opposition, cela compliquera la préparation d'une conférence internationale» pour trouver une solution politique au conflit, a-t-il souligné. Le ministère des Affaires étrangères a été plus loin. «Nous avons peu de doutes sur le fait que la décision de fournir les groupes armés rebelles en armes et équipements militaires supplémentaires attisera la confrontation et les violences contre les civils», a-t-il déclaré dans un communiqué. Rappelant le massacre de 60 personnes, en majorité des femmes et des enfants, commis par des rebelles islamistes à Hatlah (dans la province de Deir Ezzor), le porte-parole du ministère, Alexandre Loukachevitch, a exprimé son
«incompréhension face aux décisions prises ces derniers temps par certains pays pour aider l'opposition en Syrie».
A. G.


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