Par Sihem Bounabi En communion avec l'esprit du mois sacrée de Ramadhan, l'élévation de l'esprit et l'allégresse de l'âme dans l'amour du divin, le tout puissant, la troupe des «Derviches tourneurs de Konya», a animée durant deux soirées consécutives un spectacle enivrant qui a ravi les regards et les âmes du public présent. Originaire de Konya, la ville où a été fondée la confrérie soufie des Mevlevi, elle partagé avec le public algérien, une partie de la cérémonie religieuse dansée du «Samma», une danse mystique transmise de génération en génération est dont l'origine est attribuée au sage et poète mystique Mevlana Jalal Eddin El Rumi. Mais avant d'entrer dans la danse le public est mis en condition grâce à une première partie musicale, où une dizaine de musiciens entament plusieurs morceaux de musique savante turque où transparaissent les origines de la musique andalouse. Ainsi, les tonalités poignantes, s'échappant des cordes sensibles du luth classique et du luth à long manche s'envolent dans les airs pour rejoindre le souffle émouvant de la flute. Les mélomanes ont pu ainsi apprécier des parties de solo, où la virtuosité des musiciens, et les lancinantes mélodies au rythmes des Dikr et de louange au prophète de «sala allamah alyahi ou wa salam» tel un prélude à la communion avec le divin. Après une quarantaine de musiques empreintes de sacré et de divin, place à la danse avec son rituel et ses codes. D'abord un long chant de psalmodie acapella, dont les puissants frémissements des vocables transpercent les présents dans des frissons de l'âme. Puis lentement, la musique suit, l'harmonie entre le souffle du ney et celui de la corde de luth fait monter d'un cran l'émotion dans la salle. Avant d'entamer celle qui permet au derviche d'accéder à un état de communion avec Dieu. Les danseurs d'un geste rapide ôtent le manteau sombre, symbole de l'enveloppe matériel, avant de rentrer en communion avec Dieu vêtus de larges robes blanches, représentant le suaire, et coiffés de toques représentant la pierre du sépulcre. Les derviches entament alors dans de longs mouvements posés et sereins, un tour circulaire de la salle saluant leur maître, avant de commencer à faire des mouvements circulaires sur eux-mêmes, une main levée vers le ciel et l'autre vers la terre, la tête légèrement penchée vers le côté tel le mouvement giratoire de la danse cosmique des planètes sur elle même et autour du Soleil. Ainsi, «associés à la danse, le chant et la musique tiennent une place essentielle dans le rituel mevlevi. Par la conjugaison du souffle et des mouvements corporels le zikr (invocation du nom divin) est censé mener les derviches à l'extase spirituelle pour être en harmonie avec dieu». S. A.