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L'impossible équation
Concilier gaz de schiste et écologie
Publié dans La Tribune le 03 - 08 - 2013

Les problèmes posés par l'exploitation du gaz de schiste en France ne semblent pas insurmontables. La vraie question concerne la politique énergétique. Mais se priver d'une manne économique est-il le meilleur moyen, en temps de crise grave, pour développer les énergies renouvelables?
Quelques mots de Jean-Marc Ayrault ont suffi pour rallumer le débat sur le gaz de schiste. Et quels mots! Le premier ministre a déclaré cette semaine que la question de l'exploitation du gaz de schiste en France, interdite par la loi du 14 juillet 2011, sera tranchée lors de la conférence environnementale organisée par le gouvernement le 14 septembre 2012. Insupportable pour les associations écologistes qui pensaient que le débat était clos. Que la nouvelle majorité au pouvoir s'interroge sur cette question, qui a fait l'objet de positions contradictoires lors du quinquennat précédent, apparaît pourtant comme une évidence. Lorsque la crise économique fait rage, qu'elle promet de durer encore des années et que le gouvernement est amené à envisager d'intervenir pour limiter la hausse du prix des carburants, ne pas se demander si la France pourrait tirer profit de ressources largement exploitées aux Etats-Unis depuis 20 ans serait une faute grave.
En France, l'interrogation semble valoir décision. Surtout quand on découvre que les lobbies pétroliers sont à l'œuvre pour promouvoir au moins l'exploration des gisements de gaz de schistes. Incroyable! Ils invitent même des journalistes français aux Etats-Unis pour les convaincre grâce à la visite d'installations modèles.
Extraordinaire! En France, les lobbies sont considérés comme des instruments de complots ourdis dans l'ombre, comme un pouvoir occulte impossible à contrôler. Pour toutes ces raisons, le débat sur le gaz de schiste promet d'être palpitant, sur le fond parce qu'il remet l'énergie fossile en selle au moment où on la croyait en perdition, et sur la forme car il donne une occasion de traiter un sujet qui mêle intimement la science, la technologie, l'écologie, l'économie et la politique qui, espérons-le, aura le dernier mot.

1. Qu'est ce que le gaz de schiste ?
Le pétrole et le gaz naturel conventionnels exploités aujourd'hui proviennent d'une migration de la matière organique transformée en hydrocarbures au cours de dizaines ou de centaines de millions d'années. Enfermés dans la roche-mère, ce liquide et ce gaz remonte vers la surface de la Terre sous l'effet de la pression croissante exercée par les couches de sédiments successives qui s'accumulent au dessus d'elle, au fil du temps.La roche-mère se comporte ainsi comme une éponge. Si l'on appuie assez fort, elle relâche le liquide et le gaz qu'elle contient. Plus légers que l'eau, ils se fraient un passage. Parfois, ils sont piégés par une couche géologique étanche, comme l'argile. Ils s'accumulent alors dans ce que l'on nomme une roche-réservoir et forment ainsi un gisement exploitable. Le gaz de schiste, lui, est celui qui est resté prisonnier de la roche-mère. L'extraire revient donc à racler le fond du tiroir. Il n'y aura plus rien au-delà. Mais l'opération est aussi la plus difficile. La roche-mère est située entre 1 000 et 3 000 mètres de profondeur et ses pores sont beaucoup plus petits que ceux des roches-réservoirs.

2. Comment fonctionne la fracturation hydraulique ?
Pour l'extraire, il faut créer des fissures dans la roche-mère afin de libérer le gaz de schiste. Pour cela, les exploitants forent un puits jusqu'à la roche-mère et ils injectent de l'eau sous très forte pression qui engendrent ces fissures. Pour éviter sur les pores ne se referment, l'eau utilisée contient du sable. Ces deux éléments représentent plus de 95% du fluide de fracturation. Le reste est composé de produits chimiques destinés à lubrifier le mélange afin qu'il pénètre plus facilement dans la roche-mère.

3. Quels sont les problèmes environnementaux ?
Les écologistes dénoncent trois problèmes environnementaux liés à l'exploitation du gaz de schiste. Le premier concerne la consommation d'eau, très importante puisqu'elle se compte en millions de m3. Les promoteurs de l'exploitation rétorquent qu'une partie de cette eau, environ 40%, peut-être récupérée et recyclée. Ils envisagent également d'exploiter des nappes aquifères sous-terraines salées ou de l'eau de mer pour éviter de ponctionner les réserves d'eau douce.
Le second problème concerne les risques de pollution par les produits chimiques utilisés des nappes phréatiques situées à proximité des puits. Les pétroliers répondent que les nappes sont souvent très éloignées, à plusieurs centaines de mètres, des roches-mères et que les fissures engendrées par la fracturation hydraulique ne peuvent pas remonter qu'à elles.
Par ailleurs, ils font valoir les moyens de modélisation de la propagation des fissures en fonction de l'analyse géologique des roches-mères pour garantir la maîtrise du procédé. Ce dernier est, par ailleurs, déjà utilisé sur les gisements classiques depuis des dizaines d'années. Dans des roches plus faciles à fracturer, certes. Enfin, le risque de pollution via le puits lui-même qui peut traverser une nappe phréatique est également contrôlé grâce aux technologies (tubes multiples) utilisées depuis longtemps.
Dernier problème, les tremblements de terre engendrés par la fracturation hydraulique. Ils peuvent se produire lorsque les vibrations engendrées rencontrent des failles naturelles. La perturbation peut alors libérer des tensions existantes. Là encore, l'analyse géologique préalable peut réduire les risques de déclenchement de tels séismes. Les exploitants estiment que les tremblements de terre, lorsqu'ils se produisent, restent d'une magnitude extrêmement faible. Les écologistes avancent l'exemple de l'Oklahoma où leur nombre aurait atteint 1 047 en 2010, soit une multiplication par 20 du fait de l'exploitation du gaz de schiste.

4. Des progrès technologiques sont-ils possibles ?
Il ne semble guère exister d'alternatives sérieuses à la fracturation hydraulique aujourd'hui. Des essais ont été réalisés aux Etats-Unis avec de l'air sous pression à la place de l'eau ou au Canada avec du gaz de pétrole liquéfié (GPL). La fracturation par arcs électriques, qui a fait l'objet de brevets, en est au stade expérimental, comme le note le site L'énergie d'avancer.
Si le gouvernement de François Ayrault reste sur la ligne de l'interdiction de la fracture hydraulique dont il a déclaré qu'elle a «des effets dévastateurs», l'exploitation du gaz de schiste en France sera hautement improbable. La seule voie pour concilier le bénéfice d'une telle manne énergétique et l'écologie serait d'imposer des contrôles sévères par une autorité indépendante dotée de moyens suffisants et d'intensifier les recherches pour améliorer les modèles mathématiques de prévision de la propagation des fissures.

5. Quel est le vrai débat de fond ?
Au delà des vrais et des faux risques que présente l'exploitation du gaz de schiste, la question essentielle est celle de la politique énergétique. Ce que les associations écologistes craignent, à juste titre, c'est que l'abondance, éventuelle, d'une ressource fossile nouvelle en France retarde d'autant la transition vers les énergies renouvelables et propres.
On peut noter que le nucléaire a eu cet effet sur le solaire, entre autres. Sa part importante dans la production d'électricité a conduit la France à un sous-équipement notoire en panneaux photovoltaïques, par exemple. Du gaz de schiste à profusion ne favoriserait ni les économies d'énergie ni le développement de technologies renouvelables et propres.
Quel dommage que le contexte économique soit celui d'aujourd'hui ! S'il était favorable, la question du gaz de schiste ne se poserait même pas. Quelles que soient les menées des lobbies pétroliers. En revanche, dans une période de croissance nulle, de chômage croissant, de balance commerciale négative et d'Europe vacillante, la décision est autrement délicate.
Refuser le gaz de schiste, c'est choisir de continuer à importer massivement du gaz russe, dans la mesure où il est exclu de se passer de cette ressource au cours de prochaines décennies. Coté environnemental, le gaz contribue nettement moins au réchauffement climatique que le charbon.
Alors que faire ? Comment concilier l'exploitation d'une manne énergétique potentielle avec l'impérieuse nécessité de progresser dans la transition énergétique? C'est pour répondre à ce type de question qu'il existe un président de la République, un gouvernement et un Parlement.
Face à ce problème, les prochains mois promettent d'être passionnants. Ils révèleront comment un gouvernement de gauche, dont le changement est le slogan, peut imaginer une solution plus subtile que le moratoire, en passe de devenir une spécialité française. On note, au passage, que le débat se déroule de façon essentiellement virtuelle dans la mesure où l'on ignore aujourd'hui quelles sont les réserves de gaz de schiste présentes dans le sous-sol français.
Si elles sont dérisoires, plus de problème. Si elles sont aussi importantes que les pétroliers l'espèrent, pourquoi ne pas affecter une part des bénéfices générés à la constitution d'une filière solaire digne de ce nom, à financer les éoliennes en mer ou à développer les hydroliennes?
La première étape serait donc, peut-être, d'autoriser l'exploration, fusse à l'aide de fracturation hydraulique. Sinon, la France devra inscrire un nouveau principe dans sa Constitution: le principe d'inaction. Décider sans savoir, dans cette affaire, laisserait un goût amer et créerait un précédent fâcheux. Celui d'un pays gouverné par la peur et non par la raison.
M. A.
In slate.fr


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