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Vente de films et séries piratés à Alger
Publié dans La Tribune le 28 - 08 - 2013

Que l'on soit fan de cinéma ou de séries télévisées, se procurer le dernier film de Martin Scoresses ou la dernière saison de notre série favorite est parfois un véritable casse-tête. Sachant que le téléchargement prend des heures, télécharger un film nécessite parfois une journée, les Algériens se rabattent sur les DVD qui se vendent sur les trottoirs d'Alger. Véritables passionnés de cinéma ou simples commerçants, ces jeunes revendeurs de DVD gravés vendus à 100 dinars, rendent un grand service à la société algérienne qui n'a que le cinéma pour s'évader.
Interdit dans la plupart des pays dans le monde, en France notamment depuis l'adoption en 2008 de la loi Hadopi destinée à lutter contre le piratage en ligne, en Algérie il n'existe aucune loi interdisant cela. Certes il y a l'Onda (Office national des droits d'auteurs), mais cette institution ne peut intervenir que sur les œuvres déposées à son niveau et bénéficiant de sa vignette. Mais malgré cela, on retrouve souvent des œuvres protégées par cette institution piratées et vendues sur les étals des disquaires d'Alger. Face à la cherté de la vie, la plupart des Algériens ont recours au téléchargement dit illégal et cela en passant par des sites de téléchargement gratuits comme I Torrent. Ils existent des sites payants mais pour cela il faut être titulaire d'une carte bancaire, ce qui n'est pas le cas du citoyen lambda. Pour nous faciliter la tâche, c'est là qu'intervient le génie et la débrouillardise de la jeunesse algérienne qui ont fait de cela un commerce florissant et très rentable.
C'est le cas de Aissa, un jeune homme de 25 ans résidant dans un quartier populaire à Alger.

Génie ou simple débrouillardise
Aissa était un jeune au chômage, amateur de films d'action et d'horreur. Aissa à commencé d'abord à télécharger des films pour sa consommation personnel. Face à la demande de ses amis, il s'est mis à graver un grand nombre de copies de films et c'est là qu'il a eu le déclic. «Dans mon quartier seulement j'ai vu qu'il y avait une forte demande sur les classiques du cinéma , les séries TV à la mode, alors je me suis dit pourquoi pas me lancer dans ce commerce surtout que cela n'est pas vraiment interdit. Le seul problème que j'ai eu au début c'était la police qui m'interdisait de vendre mes DVD sur le trottoir», déclare Aissa. Mais les temps de la vente à la sauvette sont bien révolus pour Aissa qui, aujourd'hui, jouit d'un local dans lequel il exerce sa profession en toute liberté. Avec son nouvel espace de commercial, il se permet même de varier les produits et de les ranger décemment sur des étals en verre. Cependant à son ancien lieu de travail, un trottoir à Bab el oued, un autre jeune a prit sa place et propose des DVD de films bien que ce dernier s'est spécialisé dans les feuilletons turcs, véritable phénomène de société. Exposant ses disques sur une table mobile, on retrouve chez ce jeune des séries comme Wadi eddiab, hareem essoltane et Fatma, des séries turques dont les Algériennes raffolent et ne ratent aucun épisode. «La plupart des jeunes au chômage comme moi on recours à la vente de DVD gravés. Contrairement à ce que les gens pensent cela ne rapporte pas beaucoup mais nous occupe et nous permet de travailler à notre propre compte», déclare le jeune vendeur avant de nous laisser et s'occuper d'un jeune client indécis.
Concernant la clientèle, elle ne peut être que satisfaite. Comment ne pas l'être quand on trouve la dernière série de Mentalist qui vient juste de sortir aux USA à 200 dinars. «Cela est certes illégal d'un point de vue éthique mais hélas nous n'avons pas le choix. Je ne peux me permettre d'acheter un DVD original à 1 000 dinars, donc je préfère me fournir chez ces jeunes», nous déclare Farid, un trentenaire. Ilhem, une fidèle cliente nous déclare pour sa part que même les émigrés se ruent vers ces DVD. «Les gens qui viennent passer des vacances en Algérie n'hésitent pas à acheter un grand nombre de films, séries etc., en Algérie car à l'étranger non seulement le piratage est interdit mais les DVD coutent chers», dit-elle.

Des microentreprises pas comme les autres
Pour ce qui est de la confection de ces DVD piratés, les jeunes vendeurs n'hésitent pas à investir pour la réussite de leur commerce et cela en s'offrant des graveurs capable de graver 32 DVD à la fois. C'est le cas d'Aissa, cité plus haut, qui a fait de sa chambre une microentreprise équipée en différents matériels nécessaires pour la confection des DVD.
Par ailleurs, on notera qu'en Algérie, il y a plein de facteurs qui encouragent l'émergence de ce commerce qu'on criminalise de l'autre côté de la Méditerranée. Au delà du pouvoir d'achat réduit du citoyen qui ne lui permet pas de suivre la voie légale pour acquérir des films, il y a aussi l'absence de salles de cinéma. En effet, encore une fois l'absence de salles de cinéma se fait sentir car elle a entraîné l'absence d'un réseau de distribution de films en Algérie, ce qui fait que l'Algérien ne peut rêver de voir sur grand écrans des films récents. Contrairement, nos voisins Tunisiens (avant la révolution) et Marocains peuvent se vanter d'avoir des complexes de cinéma opérationnels. Un autre facteur : celui du chômage. En effet, la plupart des vendeurs de DVD que nous avons rencontrés sont des jeunes sans emploi qui en ont eu marre de se faire exploiter par les autres, monter sa microentreprise est une belle revanche pour eux.

Cinéphiles ou amateurs d'argent facile ?
De Bab el Oued en passant par l'avenue Hassiba Ben Bouali, la rue Charras ou encore la place Audin, les vendeurs de DVD sont partout dans la capitale. Offrant un large choix de films et de séries TV aux passants, ils sont vite arrivés à se constituer un réseau de fidèles clients qui parfois même passent des commandes sur certains films rares à trouver. Dans cette catégorie, notre champion est bel et bien un quinquagénaire dont on taira le nom exerçant à Bab el oued. Ce monsieur aux cheveux gris, grand cinéphile, possède plus de 3 000 œuvres cinématographiques dont des classiques du 7e art, des péplums, des westerns et autres merveilles. «Contrairement à ce que les gens pensent, les jeunes s'intéressent beaucoup aux classiques, j'ai une très large collection que je garde chez moi. Je ne peux pas exposer tous mes films, il y a des titres que je garde pour les connaisseurs», nous déclare-t-il. D'où s'est-il procurer cette collection ? Notre interlocuteur avoue avoir affaire au téléchargement, une tâche qu'il confie à un ami à lui. «J'ai un ami qui me télécharge les films, j'ai commencé d'abord à me constituer une collection personnelle mais comme je suis à la retraite j'ai décidé de partager ma passion avec les gens». Juste à côté, posé sur un petit carton, on trouve des films qui nous ont sans doute marqués comme Rosemary Baby ou encore La maison du diable qui date de 1967. Concernant la vente de ces DVD téléchargés gratuitement, notre interlocuteur nous avoue n'avoir aucune gêne dans cette action. «Nous sommes en Algérie, on ne va pas pénaliser les gens parce qu'ils aiment regarder des films. Il y a des faits beaucoup plus graves sur lesquels l'Etat doit se pencher d'abord et puis, ils n'ont qu'à donner aux gens les moyens de s'acheter et trouver des films», conclut-il.
W. S. M.


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