«C'est à s'arracher les cheveux, nous dit un automobiliste hors de lui, ça fait plus d'une heure que je tourne en rond et je n'ai pas encore trouvé de place de parking pour ma voiture, la prochaine fois pour faire des courses je prendrai le bus !» Et les parkings à Annaba se comptent sur les doigts d'une seule main. La ville étouffe. Un flot incessant de véhicules sillonne les rues à la recherche d'une petite place pour se caser. Le parking Stambouli, situé en plein centre-ville, est submergé malgré son état vétuste et un sous-sol sans éclairage envahi par les eaux de pluie et parfois par des eaux usées. Les automobilistes sont obligés de se faufiler, non sans peine, pour en sortir. Le parking en question est une propriété de la commune d'Annaba concédé à un particulier avec un cahier des charges qu'il n'a jamais respecté, se contentant de l'exploiter, sans plus. Dégradation, infiltration des eaux, éclairage et surveillance, le gérant n'en a cure et le parking est de plus en plus abandonné malgré des recettes consistantes. Et si d'aventure un automobiliste se plaint de la situation, on le prie de sortir et ne plus revenir. La commune qui a, à maintes reprises, tenté de reprendre le site pour en faire un parking à étages n'a pas pu le récupérer et la situation perdure attendant une décision ferme du conseil communal. L'autre parking couvert, aux capacités d'accueil très réduites - tout au plus une quarantaine de véhicules- est réservé aux abonnés et appartient à un particulier qui pratique des prix exorbitants. Un tarif de 200 dinars la place, ce qui décourage la plupart des automobilistes qui se rabattent sur les parkings à ciel ouvert avec tous les aléas que cela suppose. En effet, les vols d'accessoires (rétroviseurs, essuie-glaces, caches et autres) sont légion, avec en plus des risques de retrouver son véhicule cabossé par un chauffard dont les manœuvres pour se garer ne sont pas tout à fait maitrisées. Ce qui est incroyable, c'est que même dans ce type de parkings, et ils sont au nombre de cinq, on ne trouve pas de place et on est contraint de tourner encore avant qu'une place ne soit libérée. Autrement, on sort carrément du centre-ville pour aller stationner dans la périphérie, ce qui ne règle nullement le problème. Le parking situé dans la rue du Cnra, juste derrière le Cours de la Révolution, comporte des risques puisque il est mitoyen à des constructions qui menacent ruine. Cela a été le cas, il y a près de quatre ans lorsque par une nuit orageuse, en plein hiver, un immeuble s'est effondré, écrasant 4 voitures stationnées pour la nuit. Le gérant du parking avait déclaré ne pas être responsable parce qu'il avait loué le site de la commune propriétaire des lieux. Les automobilistes victimes avaient porté l'affaire devant les tribunaux qui avaient rendu responsables les propriétaires de l'immeuble effondré parce qu'il leur avait été notifié par les services compétents de procéder à la démolition de l'immeuble en question, ce qu'ils n'avaient pas effectué. Le parking à étages El Djahidh, situé à la plaine ouest dans la cité Safsaf, peut accueillir jusqu'à 150 véhicules, mais celui-ci est loin du centre-ville et si l'on y gare son véhicule on doit prendre un taxi pour faire ses courses. Là aussi les prix pratiqués sont prohibitifs, 250 dinars la place, de quoi faire fuir les plus décidés. Reste les parkings sauvages qu'exploitent des jeunes dans les rues; des parkings que se partagent des bandes qui rackettent les automobilistes sous peine de voir leurs véhicules subir des dégradations. Et là on est contraint de payer, parce que ces rues et ruelles sont devenues des propriétés privées sous l'œil impassible des policiers en faction. En effet du côté des plages situées en ville, Rizzi Amor ou Fellah Rachid (Ex-Saint-Cloud et Chappuis), des jeunes se sont autoproclamés gardiens de parkings, vacanciers ou habitants de la ville passent à la caisse alors que les lieux regorgent de policiers en civil ou en uniforme et que des brigades motorisées sillonnent la plage. «On laisse faire, nous dit un citoyen, pour ne pas avoir de problèmes ou avoir à gérer des protestations et des manifestations; normalement, ici, c'est la voie publique, ces parasites ont confisqué ces espaces et les exploitent au vu et au su de tout le monde. Où allons-nous comme ça ?» Il y a bien deux projets de parkings à étages initiés par des particuliers, l'un est en construction du côté du CAM, en plein centre-ville près du marché El Hattab, et l'autre, dont la réalisation sera bientôt lancée, à la sortie est de la ville. Cela restera insuffisant au vu du nombre impressionnant de véhicules à Annaba, le parc automobile ayant décuplé, sans compter les milliers de véhicules qui viennent quotidiennement des wilayas limitrophes. M. R.