«J'ai déposé plainte et alerté le consulat d'Algérie en France» Comme rapporté par nos soins dans notre édition d'hier, Chadli Amri a raté la reprise des entraînements avec son club, Mayence, mardi, à cause d'une contravention de la police. Ladite contravention a même été accompagnée d'une garde à vue dans un commissariat à la frontière franco-allemande. L'international algérien ne compte pas se taire. * Racontez-nous votre mésaventure à la frontière franco-allemande… Revenant de la maison familiale à Metz où j'ai passé deux jours en famille, je me suis arrêté à une station-service à proximité de la frontière, côté français, pas loin de Forbach. En attendant de faire le plein d'essence, je parlais au téléphone. Là, des policiers français en tenue, qui étaient en train de faire le plein eux aussi, m'ont interpellé et l'un d'eux m'a affirmé que je venais de commettre une infraction en parlant au téléphone dans une station-service. Je lui ai répondu que c'était peut-être interdit de le faire, mais que ce n'était pas une infraction prévue par le code pénal. Il a martelé que c'était une infraction, ajoutant que ce n'était pas à moi de lui montrer son travail. Le ton s'est haussé et il m'a provoqué en me disant de lui dire les choses en face si j'en étais capable. Je lui ai dit que je n'avais pas peur de lui parce que j'étais sûr de mon bon droit. Quelques instants après, j'ai été plaqué au sol comme un vulgaire voyou et on m'a replié les bras derrière le dos. Puis, on m'a acheminé vers un commissariat où j'ai passé la nuit en garde-à-vue. J'ai été relâché le lendemain matin. Dès qu'on m'a relâché, j'ai appelé mon avocat, puis j'ai voulu déposer plainte dans le même commissariat pour abus d'autorité. On m'a dit qu'il fallait le faire dans un autre commissariat. On a voulu me faire courir, mais je me suis obstiné car je suis décidé à ne pas me taire sur ce qui m'est arrivé. Je suis allé au commissariat qu'ils m'ont indiqué et ma plainte a été enregistrée. * Avez-vous senti qu'il s'agissait d'un acte raciste ? Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est du racisme. Cependant, les intimidations et les provocations envers les Maghrébins sont devenues tellement banales que c'est normal en France. Des Maghrébins sont molestés ? C'est normal. Des Maghrébins n'ont pas bénéficié de logements comme les autres ? C'est normal. Des Maghrébins sont embarqués injustement ? C'est normal. La hogra anti-Maghrébine s'est «normalisée» et ce n'est pas normal ! Moi, je n'accepte pas ça ! Des policiers voient un Maghrébin typé dans une belle voiture et ils lui cherchent la petite bête, comme si c'est forcément suspect pour un Beur d'avoir une grosse voiture. Non, ça ne se passera pas comme ça ! * Avez-vous saisi le Consulat d'Algérie à Metz ? J'ai prévenu des gens du Consulat que mon avocat allait les appeler en mon nom. Je vous le dis : je ne me tairai pas ! J'irai jusqu'au bout dans cette affaire. * Avez-vous constitué un dossier solide ? Bien sûr ! Je suis allé chez un médecin et je me suis fait faire un certificat médical attestant de l'existence d'hématomes à mon bras qui a été plié de force. De plus, il y avait des caméras de télésurveillance dans la station-service et tout a été enregistré. Il y a même des témoins. J'ai préparé un dossier dans les normes. Déjà, à cause de cet incident, j'ai raté les entraînements de mardi avec mon club. Il y a donc un préjudice financier, sans compter le préjudice moral. Je ne suis pas un voyou pour qu'on me brutalise de la sorte.
