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Exclusif : Del Bosque, un Lobanovski le sourire en plus
Publié dans Le Buteur le 09 - 06 - 2012

Del Bosque : «En cas de sacre à l'Euro, c'est l'Espagne qui entrera dans l'Histoire, pas moi»
«Feghouli a été la révélation de Valence cette saison»
«Nous sommes les favoris, mais nous ne serons pas seuls»
Si Vicente Del Bosque est l'un des entraineurs les plus estimés par les médias espagnols, ce n'est pas pour rien. Non pas uniquement parce qu'il a mené la sélection nationale du pays au titre prestigieux de champion du monde, ce qui est suffisant, en soi, pour lui tresser des lauriers, mais c'est surtout parce que jamais, tout au long de sa carrière de joueur ou d'entraîneur, il ne s'est montré discourtois. La courtoisie est même sa marque de fabrique. Il dégage toujours cet air de père de famille pépère et peinard, qui travaille en silence, avec passion, mais sans excès ostentatoires. C'est ce Del Bosquet, serein à l'approche d'un Euro où son équipe est celle qui aura le plus à perdre, qui a accepté de nous recevoir pour la deuxième fois en une année.
Imperturbable en toutes circonstances
Qu'on se rassure : il n'a point changé. Attentif quand il écoute, calme dans ses réponses, il est très posé et dégage la sérénité de celui qui sait ce qu'il fait et fait fi de toutes les critiques. C'est que les critiques, il y en a, comme celle d'avoir sélectionné Negredo pour l'Euro, plutôt que Soldado, ou celle de n'avoir pas donné sa chance à Raul alors que ce dernier a terminé la saison avec Schalke 04 avec un beau ratio matches/buts inscrits. Or, Del Bosque a une qualité rare dans le monde des entraîneurs : il est imperturbable. Que son équipe mène ou soit malmenée, que les journalistes soient dithyrambiques ou se déchaînent sur lui, que les supporters l'acclament ou lui manifestent une «bronca», que son équipe soit au fond du trou ou au firmament, il garde la même attitude réservée. Il tient un peu de Lobanovski, le légendaire entraîneur du Dynamo de Kiev, au visage et à la posture impassibles sur le banc quelles que soient les péripéties des matches, aux seules petites différences que lui préfère rester debout durant les matches et se permet quand même d'esquisser quelques sourires. C'est déjà ça ! Pour le reste, imperturbable, il l'est. Il faut vraiment l'être quand on est entraîneur du Real Madrid et qu'on se fait débarquer malgré un titre de Ligue des champions remporté ou bien quand on est critiqué alors qu'on est champion du monde en titre. Vicente Del Bosque s'énervant devant les médias, ça ne s'est encore jamais vu.
Il parle aux Algériens car il a conscience qu'il ne s'appartient plus
Il fait chaud à Madrid en ce jour printanier. En cette période, les températures climatiques prennent des allures estivales dans cette contrée située en altitude et marquée par un climat continental. Le centre fédéral de Las Rosas est calme. C'est dans ce centre que se préparent les différentes sélections espagnoles. Certes, il n'a ni le cadre féérique du centre français de Clairefontaine ni l'intimité et la discrétion de celui italien de Coverciano, mais il reste quand même le lieu d'où sortent les sélections qui sont en train de dominer le football mondial dans les différentes catégories d'âge. C'est dans un salon mitoyen avec son bureau, dont les murs sont ornés des portraits en noir et blanc de tous les joueurs et sélectionneurs anciens et actuels de la Roja, que l'interview s'est déroulée. Ayant eu des échos positifs de l'impact qu'avait laissé la première interview qu'il nous avait accordée il y a quelques mois, le sélectionneur de l'Espagne est conscient qu'autant que son équipe, il ne s'appartient plus. Il appartient à la grande communauté des fous du foot dont le public algérien. D'ailleurs, il n'ignore pas que des millions d'Algériens seront «Espagnols» durant cet Euro. C'est en particulier à ces «supporters» qu'il s'adresse à travers cet entretien.
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«Mon meilleur prof, c'était celui de français»
Alors que nous avions pris le soin de nous offrir les services d'une interprète, il s'est révélé, après quelques échanges avec Vicente Del Bosque, que ce dernier comprend assez bien le français. En effet, sur plusieurs questions posées, il a répondu directement, sans attendre la traduction, montrant ainsi qu'il avait compris ce que nous lui disions. Questionné à ce sujet, il a souri et après une hésitation, nous a confié : «J'ai eu la chance d'étudier le français pendant six ou sept ans. Aujourd'hui, le français n'a plus l'importance de jadis. On lui préfère l'anglais. J'avais un meilleur vocabulaire, mais je l'ai perdu avec le temps. Si vous me demandez quel était mon meilleur professeur, je vous dirais le prof de français. Je vous le jure. C'était un savant. Il s'appelait Conrado, un vrai personnage. La littérature française, je l'ai connue grâce à lui.»
Costume-cravate malgré la chaleur
En dépit de la chaleur presque suffocante qui sévissait à Madrid ce jour-là, Vicente Del Bosquet n'a pas dérogé à ses habitudes, comme à chaque fois qu'il se présente devant un journaliste : il est venu en costume-cravate. Il y a eu des moments où il transpirait, mais il n'en avait cure, tout occupé à répondre aux questions.
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Del Bosque : «En cas de sacre à l'Euro, c'est l'Espagne qui entrera dans l'Histoire, pas moi»
M. Del Bosque, bonjour et merci d'avoir accepté d'accorder une seconde interview au journal algérien Le Buteur.
Bonjour à vous. Je suis très enchanté de vous recevoir ici.
L'Espagne va devoir défendre son titre européen en Pologne et en Ukraine. Elle a gagné le doublé Coupe d'Europe-Coupe du monde, mais aucun entraîneur au monde n'a réussi, pour l'instant, à remporter un tel doublé. Est-ce que vous allez être le premier à remporter l'Euro après avoir gagné le Mondial ?
C'est ce qu'on veut faire, c'est ce qu'on espère réaliser. On est là pour ça, pour gagner trois titres majeurs consécutifs. Personne n'a réussi cet exploit dans le passé. Cela prouve que c'est une chose difficile à réaliser, mais on fera tout pour y arriver.
Mais à titre personnel, ambitionnez-vous d'être le premier sélectionneur à remporter successivement la Coupe du monde et la Coupe d'Europe ?
Ce n'est pas un objectif personnel, ça ne peut pas être un objectif personnel. C'est l'objectif de la Fédération espagnole de football, de l'équipe d'Espagne. Tout a commencé avec Luis Aragonès et le titre européen d'il y a quatre ans. Par la suite, on a gagné la Coupe du monde avec moi. C'est donc normal qu'on vise un autre titre majeur. Ce n'est pas une question personnelle.
Etes-vous au moins conscient que vous pouvez entrer dans l'Histoire si vous remportez ce titre ?
Vous savez, je ne suis pas du genre à donner de l'importance aux questions personnelles. C'est la sélection espagnole, c'est le collectif qui entrera dans l'Histoire, pas Del Bosque ni d'autres personnes en particulier. C'est comme ça que je vois les choses.
En 2008, l'Espagne a été la belle surprise de l'Euro. Cette fois-ci, elle sera l'équipe à battre. Serait-ce un avantage ou un inconvénient ?
On ne peut pas nier que nous serons les favoris durant cet Euro en tant que détenteurs, mais aussi en tant que champions du monde, mais on ne peut pas nier non plus qu'il y aura des rivaux de taille durant le championnat d'Europe comme l'Angleterre, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal... Non, nous ne serons pas seuls en Pologne et en Ukraine.
Beaucoup pensent que le titre va se jouer entre l'Espagne, les Pays-Bas et l'Allemagne comme lors de la dernière Coupe du monde. Est-ce votre avis également ?
Oui, si l'on se fie au dernier classement de la Coupe du monde où tous les trois avions terminé sur le podium. Cependant, il y aura d'autres sélections, celles que je viens de citer notamment, à savoir l'Angleterre, l'Italie, le Portugal et la France qui sont au même niveau que nous.
Ne pensez-vous pas que l'Espagne est en train de vivre sa meilleure période avec les excellents résultats de la sélection, mais aussi des clubs espagnols avec l'Atlético Madrid et l'Athletic Bilbao qui ont animé la finale de l'Europa League, mais aussi le Real et le Barça qui ont raté de peu la finale de la Ligue des champions ?
Je dois d'abord dire que l'élimination du Real et du Barça a été un fait inhabituel parce qu'à mon humble avis, ce sont les deux meilleurs clubs d'Europe à l'heure actuelle. Cela dit, je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que le football espagnol traverse sa meilleure période, que ce soit au niveau des clubs ou au niveau de la sélection. On fera en sorte que cela dure le plus longtemps possible.
Des défaites lourdes comme celles essuyées face à l'Argentine et le Portugal, même en matchs amicaux, peuvent-elles semer le doute chez la sélection ? Cela veut-il dire que l'Espagne est attendue au tournant ?
On ne peut pas occulter le fait qu'on n'a pas été bons au cours de certains matchs amicaux, mais je sais que j'ai des joueurs fiables, capables de se transcender dans les matches officiels. La preuve : nous avons gagné 18 matches sur 18 lors des éliminatoires de la Coupe du monde et de l'Euro-2012. C'est vrai que nous avons encaissé beaucoup de buts contre le Portugal et l'Argentine, mais cela n'a pas eu de conséquences sur le comportement des joueurs en matches officiels, au contraire. Finalement, ce ne sont que des matchs amicaux qui nous ont permis de rectifier le tir et qui ne peuvent en aucun cas remettre en question la qualité de nos joueurs.
Le Real Madrid a terminé champion d'Espagne avec 100 points au compteur. Pourtant, dans l'équipe-type de la sélection, il n'y a que trois titulaires du Real : Iker Casillas, Xabi Alonso et Sergio Ramos. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
C'est vrai que le Real Madrid a réalisé un parcours magnifique en championnat avec 100 points et 120 buts notamment. Ils ont joué avec beaucoup d'énergie, ce fut un beau champion, mais il n'y a pas que ces trois joueurs en sélection. Il y a aussi Arbeloa et Albiol. Il y a même d'autres joueurs espagnols du Real qui auraient pu être avec nous, notamment Granero et Callejon.
Lors de la précédente interview que vous nous aviez accordée, vous nous aviez parlé d'un tournoi auquel vous aviez participé à Alger avec la sélection espagnole junior sans vous rappeler des détails. Eh bien, nous avons fait notre enquête et nous vous apprenons que ce tournoi avait été organisé par Air Algérie pour rapprocher les rives sud et nord de la Méditerranée.
Cela prouve que l'Espagne a toujours eu d'excellentes relations avec l'Afrique du Nord et j'en suis content.
Le Maroc est tout proche de l'Espagne. Pourtant, peu de joueurs marocains arrivent à percer dans le championnat espagnol. Pourquoi, selon vous ?
Le marché marocain n'est peut-être pas très prisé par les clubs espagnols, mais quelques joueurs marocains ont laissé une trace dans notre championnat. Je pense notamment à Naybet qui a joué plusieurs années à La Corogne et qui a montré un excellent niveau. Sincèrement, je ne connais pas les raisons qui font qu'il y ait pas beaucoup de joueurs nord-africains en Espagne alors que, géographiquement, nous sommes proches les uns des autres. Vous savez, aujourd'hui, le rôle des agents de joueurs est très important. C'est peut-être leur rôle d'aller prospecter un peu plus en Afrique du Nord.
En revanche, les Algériens qui étaient rares dans le championnat espagnol commencent à se faire connaître chez vous puisqu'ils ont été cinq à jouer en Liga. Yebda de Granada étant blessé, quatre ont joué régulièrement : Feghouli à Valence, Lacen...
(Il nous coupe) A La Corogne ?... Non, plutôt à Getafe.
Il y a aussi Cadamuro de la Real Sociedad et Ghezzal qui a été prêté en hiver à Levante. Pensez-vous que le championnat espagnol est fait pour les Algériens ?
On ne peut pas voir les choses sous cet angle parce qu'aujourd'hui, le football est universel. On ne peut plus dire que le footballeur allemand est plus fort que le sud-africain ou que le Marocain et plus habile que l'Algérien. Le football s'est tellement globalisé qu'on ne peut plus parler de spécificités de chaque pays.
En Espagne, il y a le Real et le Barça, c'est clair, mais il y a aussi Valence et les autres outsiders. A Valence, justement, pensez-vous que Sofiane Feghouli a été une révélation ?
En Espagne, nous avons le Real et le Barça, dont les moyens économiques se répercutent sur les résultats sportifs sur le terrain. Il est donc très difficile pour les autres clubs de rivaliser avec ces deux clubs. Cependant, je pense que le championnat espagnol est très bon avec de l'émotion en haut, en bas et au milieu du tableau. En réalisant une très bonne saison, Feghouli a été effectivement la révélation à Valence.
Si, un jour, l'Espagne est appelée à jouer un match en Afrique, à quel type de football aimerait-elle être confronté ? Celui anglo-saxon pratiqué par des pays comme le Nigeria ou le Ghana, celui joué en Afrique du Nord ou celui inspiré du football portugais et qu'on pratique en Angola et au Mozambique ?
Vous croyez vraiment qu'il y a un type propre à chaque région ? Moi, en tout cas, je ne le pense pas parce qu'il y a tellement de mélange de styles qu'on ne peut plus parler de football d'Afrique du Nord et de football d'Afrique du Sud. Aujourd'hui, le football du monde entier est basé sur une bonne condition physique, une bonne organisation tactique et sur la qualité technique de chaque joueur.
Cependant, si l'Espagne devait choisir un adversaire en Afrique, le préférerait-elle technique ou physique ?
Je crois que la tendance actuellement est l'amélioration des qualités techniques des joueurs car c'est cela finalement qui fait la différence. Le football nord-africain est basé sur l'agressivité, mais il a aussi ce souci de toujours améliorer les qualités techniques.
Etes-vous amateur du football technique ?
On aime tous le football technique, mais on ne peut pas dissocier la technique du physique. Sans une bonne préparation physique, les qualités techniques ne peuvent pas être très utiles.
Entre l'époque où vous étiez joueur et celui contemporaine, en quoi le football a-t-il changé ?
Surtout la préparation physique. Avec le nombre de matches chaque fois plus grand, il faut une préparation physique optimale. Je crois qu'un bon joueur des années 1960, 70 ou 80 pourrait bien s'imposer dans le football actuel.
Le modèle espagnol est devenu la référence dans le monde si bien que les Français, qui privilégiaient la condition physique et la vitesse au moment de sélectionner des jeunes dans les écoles de football, préfèrent désormais prendre des joueurs techniques même s'ils sont petits de taille. Cela peut-il constituer un motif de fierté pour les Espagnols ?
Dans le passé, nous, Espagnols, n'hésitions pas à aller importer le savoir des écoles française, italienne, russe ou yougoslave. Par la suite, et grâce aux nouvelles technologies d'information, nous avons pu apprendre beaucoup des autres pour ensuite trouver notre voie selon nos moyens et selon les qualités de nos joueurs. Aujourd'hui, beaucoup de gens viennent de l'étranger pour visiter nos installations et apprendre de nous non pas parce que l'Espagne est championne du monde, mais parce que notre méthode est la meilleure puisqu'elle a également permis aux sélections des jeunes catégories de réaliser d'excellents résultats.
Vous dites que les jeunes catégories réalisent d'excellents résultats. Peut-on affirmer aujourd'hui que l'Espagne est bien partie pour dominer le football dans les années à venir ?
Je crois que oui car le travail qui se fait en bas va sans doute se répercuter en haut. Aujourd'hui, les jeunes footballeurs espagnols ont des modèles. Tout le monde veut ressembler à Xavi, Iniesta et les autres joueurs de la sélection et ils vont tout faire pour y arriver. Au sein de la sélection espagnole olympique, qui participera dans quelques semaines aux jeux Olympiques de Londres, il y a certains joueurs qui feront bientôt partie de la sélection A.
Les tensions qui ont marqué les Clasicos Real–Barça, lors de la saison 2010–2011, se sont sensiblement apaisées la saison dernière. Cela pourra-t-il se répercuter positivement sur la sélection ?
En 2010-2011, il y a eu beaucoup de confrontations entre les deux équipes et c'est normal qu'il y ait de la tension et des différends. A un certain moment, il y a eu un peu d'inquiétude, mais les joueurs se sont vite rappelés que même s'ils doivent défendre les intérêts de leurs clubs respectifs, ils ont un objectif commun en sélection, celui de défendre les couleurs du champion du monde. Ils ont compris leur rôle en sélection.
Mais le fait que les Clasicos se soient bien déroulés aidera-t-il la sélection ?
Si les Clasicos se sont bien déroulés, cela veut dire que les joueurs ont tout compris. Le meilleur exemple est la récente victoire du Real au Camp Nou où les joueurs du Barça ont dignement accepté la défaite et où les joueurs du Madrid ont fait des déclarations mesurées.
Qu'est-ce qui a manqué au Real et au Barça pour atteindre la finale de la Ligue des champions et faire en sorte que les deux finales européennes soient animées par quatre clubs espagnols ?
Si on revoit les demi-finales des coupes européennes, on se rend compte qu'il y avait cinq équipes espagnoles sur huit : le Real, le Barça, l'Atlético, l'Athletic Bilbao et Valence. C'était un succès sans précédent. Qu'est-ce qui a
manqué ? C'est difficile à comprendre. Le Barça a mené 2 à 0 (contre Chelsea, ndlr), il a joué avec un joueur en plus durant une bonne partie du match, il a passé une grande partie de la rencontre dans le camp adverse, mais, à la fin, il n'est pas passé. C'est inexplicable. Même chose pour le Real : 2 à 0 après vingt minutes de jeu seulement, les prolongations à domicile et une élimination aux tirs au but. Personne en Espagne ne s'attendait à ça.
Pensez-vous que la bipolarité Real–Barça va continuer encore ? Y aura-t-il une troisième équipe qui cassera cette bipolarité ?
Quand on donne des prévisions sur l'avenir, on court toujours des risques, mais apparemment le Real et le Barça vont dominer le football espagnol et même européen pour quelques années encore.
Selon vous, ni Séville, ni Valence, ni l'Atlético ne peuvent bousculer cet ordre ?
J'espère qu'ils le feront un jour pour qu'il y ait plus de concurrence et pour que le football se socialise un peu plus, mais ça sera difficile.
En Espagne, il y a le duel Real–Barça, mais aussi Messi–Cristiano Ronaldo. Selon vous, qui a été le meilleur cette saison ?
Les deux sont très bons. C'est vrai que, personnellement, j'ai une préférence mais j'avoue que les deux sont très, très bons.
Revenons un peu à la Coupe d'Europe des nations. Qu'est-ce qui va déterminer le futur vainqueur à votre avis ? La condition physique des joueurs puisque la compétition arrive en fin de saison ? La gestion des matchs ?
Je crois que toutes les équipes qui viendront à la Coupe d'Europe sortent d'une saison dure dans des championnats intenses. Les joueurs arriveront donc fatigués physiquement et mentalement. L'équipe qui, au fil des matches, se sentira forte mentalement et qui gagnera en enthousiasme et en émotion sera celle qui remportera le tournoi, c'est certain. Ceux qui pensent pouvoir gagner juste parce qu'ils sont techniquement forts se trompent. Le mental et l'entretien physique jouent aussi un rôle très important dans une telle compétition.
Les Algériens en particulier et tous les Maghrébins en général vont être pour la plupart derrière l'Espagne, dont ils admirent le jeu. Avez-vous un mot à leur adresser ?
Vous n'aviez même pas besoin de me dire que l'Espagne compte beaucoup d'admirateurs en Afrique du Nord. J'ai pu le constater de visu lors d'un récent voyage à Tanger. J'avais l'impression d'être dans une ville espagnole en voyant les gens porter fièrement les maillots du Real et du Barça notamment. J'espère d'abord leur donner une bonne image du football espagnol et qu'ils se sentent heureux en voyant la sélection à l'Euro.


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