«Je ne veux pas marquer, je veux gagner.» Déjà auteur de quatre buts en deux matches, Mustapha Djallit est incontestablement le joueur en forme du moment. L'enfant de Bechar nous a reçus à son domicile à Draria pour revenir sur ses débuts tonitruants, ses certitudes et ses motivations. Loin d'être tête en l'air, Mustapha Djallit s'est montré humble, mais plus ou moins rassurant malgré la difficile tâche qui attend le MCA face à une équipe de l'USMA revancharde après un début de saison raté. Tout cela dans une ambiance bon enfant égayé par le sourire innocent de sa fille. Echange. Vous avez connu dans votre carrière quatre expériences avec quatre clubs différents, jalonnées par des fortunes diverses. Que retenez-vous de ces premiers mois au MCA ? Ça n'a pas été une réussite en tout point de vue. Déjà que je sortais d'une première moitié de saison ratée avec la JSMB. Comme j'étais appelé à justifier mon transfert au MCA, j'ai vécu disons sous pression. Ça m'a empêché d'évoluer sur ma vraie valeur. On sent que la roue a tourné depuis. Cette année et contrairement aux précédentes, j'ai eu l'occasion de passer de très bonnes vacances, ce qui m'a permis de faire le vide dans ma tête. Cela m'a aidé à repartir du bon pied. Vu la qualité de la préparation qu'on a effectuée en Pologne et en Tunisie, je ne pouvais que mieux me sentir, d'autant que la confiance est au rendez-vous. Déjà quatre buts en deux matches, vous serez sans doute attendus ce samedi lors du derby. Cela vous met-il une pression supplémentaire ? Oui, je sais qu'on attend beaucoup de moi. Si je suis attendu ? Je n'en sais rien. Le plus important est que l'équipe gagne, peu importe celui qui marquera. Y a-t-il de la revanche dans l'air ? Plutôt une envie de bien faire. Ce serait malséant de parler de revanche. On est obligés de gagner un point c'est tout. On joue dans un prestigieux club, on se doit d'honorer ses couleurs. Comment appréhendez-vous ce match ? Ça sera un match très difficile. Notre adversaire recèle des joueurs talentueux, qui peuvent faire basculer le match à tout moment. Comme on le dit souvent, on doit se méfier d'une bête blessée. En cas de victoire, cela voudra dirait-il que vous allez joueur le titre cette saison ? Dans nos têtes, on tente de gérer match par match. Car parler du titre dès maintenant peut nous mettre beaucoup de pression, alors qu'on vient juste de débuter la saison. On parle d'une présence probable du sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, dans les tribunes du stade du 5-Juillet pour voir ce derby, que représente tout cela pour vous ? Vous savez, le fait de savoir que le sélectionneur national s'était déplacé aux stades pour suivre de près les joueurs locaux nous donne beaucoup d'espoir pour le futur, surtout qu'il n'hésite pas à donner la chance à des joueurs issus du championnat national, comme c'est le cas avec Tedjar, Hachoud, Benmoussa et Belkalem. Comme tout joueur ambitieux, je souhaite décrocher une place en sélection. Quels sont vos objectifs cette saison ? Remporter le titre. Le MCA sous le giron de Sonatrach, qu'est-ce que cela vous inspire-t-il ? C'est une très bonne chose pour le club. En tant que joueurs, ça nous permettra de ne plus penser aux problèmes financiers et ainsi se concentrer sur les objectifs à atteindre. Un mot aux supporteurs du Mouloudia ? Je savoure leur sympathie. Face à Saoura, ils nous ont soutenus jusqu'au coup de sifflet final, ça fait vraiment plaisir. Votre club préféré en Algérie ? Le Mouloudia bien sûr ! Et en Europe ? Le Real Madrid. Votre attaquant préféré ? Cristiano Ronaldo. Votre sélection préférée ? L'Italie. Le pays que vous souhaitez visiter ? Le Brésil. Ça sera peut-être au Mondial 2014 ? (Il rit) Oui, pourquoi pas ? Pourquoi avez-vous choisi la Turquie pour vos vacances ? C'est plus facile d'obtenir un visa et une réservation (rires). Le joueur avec lequel vous ne voyagerez jamais... Personne. Avec quel joueur passez-vous le plus de temps ? Yalaoui. Votre entraîneur préféré ? (Il hésite), c'est dur de répondre à cette question. J'ai eu la chance de travailler avec plusieurs bons entraîneurs comme Bouali, Lekak, Bira... J'ai du mal à les départager. Le stade préféré ? Chahid Hamlaoui de Constantine. Le plus mauvais ? Le stade de Mohammadia... trop de pression ! Le meilleur meneur de jeu ? Djabou et Hadj Aïssa. Un régal pour les yeux ! Votre pire souvenir ? J'ai failli mourir dans un accident de la circulation à Tlemcen. Votre plus beau souvenir ? (Il éclate de rire) la naissance de ma fille (elle était avec lui). Donnez-nous votre équipe type du championnat national, sans citer les joueurs du Mouloudia d'Alger. Dans les bois, je mettrais Doukha. En défense Meftah, Yekhlef, Maïza et Zaoui. Au milieu du terrain Boucherit, Maroci, Souguer et Messaoud, et devant Slimani et Bezzaz. Je retiens quand même Hemani comme éventuel joker (rires). --------------------------------------------------------------------------- Trois raisons pour battre l'USMA Même si les derbies entre le Mouloudia et l'USMA ont toujours était très disputés, il n'en demeure pas moins que les Vert et Rouge ont souvent eu le dernier mot que ce soit en championnat ou en Coupe d'Algérie. Les deux finales remportées par le Doyen face à son voisin en 2006 et 2007 sont la pour conforter cette thèse. Autant dire qu'au fil des années, le MCA est parvenu à se forger cette image de bête noire des Usmiste. Seulement, la victoire obtenue le 2 mai dernier par les gars de Soustara sur le score de 3 à 1 a fait beaucoup jaser. Les Chnaoua avaient même alors déclaré la guerre à leurs joueurs en les accusant d'avoir levé le pied pour permettre à l'ennemi juré de rester dans la course au titre. Ce jour du 2 mai a vu le ciel tomber sur la tête de Chaouchi, Besseghier, Daoud, Zeddam, Mobitang, Moumen, Djallit, Sayeh et Attafen. A l'issue de ce match de toutes les controverses, il y a une grosse cassure entre les supporters et leur équipe. Impossible de colmater les brèches, il aura fallu des mois pour se reconstruire et repartir sur de bases saines et solides. Ce soir, le Mouloudia a rendez-vous avec le 75e derby, celui de la rédemption car une victoire, la troisième de rang de la saison, permettrait aux camarades de Babouche de prendre leur revanche tout en démontrant que la contre performance de mai dernier n'était en réalité qu'un simple accident de parcours. Et une fois n'est pas coutume, bien que l'USMA possède en terme de qualité de loin le meilleur effectif du championnat, c'est le MCA de Rabier qui abordera ce rendez-vous dans la peau du favori. Un statut qui avait tant réussi au Doyen en 2010 lors de la saison du 7e sacre lorsque les Vert et Rouge avaient à trois reprises battu les Usmistes dans l'antre du 5-Juillet. La victoire surprise du 26 novembre 2011 dans toutes les mémoires On n'a pas besoin d'aller très loin pour chercher les face-à-face entre les deux équipes. Tous les Chnaoua gardent en mémoire le match remporté la saison passée face aux gars de Soustara. Alors que l'USMA écrasait tout sur son passage, les Mouloudéens, eux, connaissaient un début de saison très poussif. Mais tout a été rétabli le 26 novembre 2011 lorsque Hamza Zeddam à un quart d'heure de la fin a placé un plat du pied assassin suite à une remise acrobatique de Babouche qui a plongé le club de Soustara dans une crise sans précédent. La folle semaine de mars 2010 restera dans les annales Même si les Chnaoua ont été ces derniers temps très critiques avec leur équipe, personne du côté mouloudéen ne pourra oublier cette folle semaine de mars 2010 lorsque le Mouloudia brillantissime en championnat allait fort logiquement battre leur voisin 2 à 1 au stade olympique grâce à Derrag et Saïdoun contre son camp. Quelques jours plus tard, c'était en Coupe d'Algérie que le Mouloudia, entraînée alors par François Bracci, allait infliger un cinglant 3-0 à son éternel rival toujours au stade du 5-Juillet. Le fait marquant lors de ce match a été sans conteste le penalty transformé dans le temps additionnel par Mohamed-Amine Zemmamouche qui avait attiré les foudres des fans usmistes. Cette large victoire permettait au Mouloudia de prendre sa revanche sur un adversaire qui lui avait infligé une année plus tôt un 3 à 0 à huis clos à Bologhine. Les joueurs veulent se réhabiliter aux yeux des Chnaoua Comme nous l'a déclaré ces derniers jours l'entraîneur Jean Paul Rabier, «pour une telle rencontre, les joueurs n'ont pas besoin d'être motivés. Même si le match va se jouer dans un contexte assez difficile». Pour ces retrouvailles face aux Usmistes, tous les joueurs mouloudéens veulent se révolter question de se refaire une santé et se réconcilier avec leur supporters qui ne leur ont jamais pardonné la défaite concédée en mai dernier. Ayant le sentiment d'avoir été humiliés, les Chnaoua sont prêts à passer l'éponge à condition que leurs joueurs s'imposent aujourd'hui. Et pour toutes ces raisons, Zeddam, Chaouchi, Mobitang, Djallit, Yachir et Babouche n'ont qu'une envie : vaincre coûte que coûte afin de faire plaisir et regagner par la même occasion l'estime de leurs supporters
