Entre les promesses présidentielles et les décisions gouvernementales, sur le même sujet, la nuance est parfois assez prononcée. En pleine campagne électorale pour le 3ème mandat, le président avait promis, le 28 février 2009, à partir de Biskra, l'effacement total des dettes des agriculteurs. Une déclaration qui avait fait le bonheur des agriculteurs obérés par le poids des dettes et qui a été accueillie avec circonspection par les observateurs avertis, y voyant là une mesure populiste servie à la sauce électorale. D'autres observateurs iront plus loin en interprétant cela comme un cadeau fait aux barons de l'agriculture, ayant cumulé des milliards de dinars d'emprunts au niveau des banques à des fins spéculatives. Cependant, dix huit mois après cette annonce et alors que les agriculteurs fondaient beaucoup d'espoirs sur la mise en application des décisions présidentielles, ils sont surpris par la décision du ministère de l'Agriculture de procéder, non pas à l'effacement de leurs dettes comme promis, mais à un échelonnement. C'est ce qui fait réagir les corporations d'agriculteurs qui y voient là un manquement aux engagements des pouvoirs publics. La dernière sortie en date est celle des oléifacteurs qui s'opposent au rééchelonnement des dettes. Par la voix du président de la Fédération algérienne de l'olive, ils demandent l'effacement total de leurs dettes conformément au discours du président de la République, prononcé lors de la campagne présidentielle de 2009. Les représentants de la Fédération qui se sont réunis jeudi 4 novembre avec les propriétaires d'huileries et ont installé à l'issue de cette rencontre une commission provisoire de suivi, ne désespèrent pas de faire fléchir la position du ministre et , ils ont décidé d'adresser une lettre ouverte au président de la République. A travers leur missive, ils veulent rappeler au président son discours, prononcé le 28 février 2009 à Biskra. Un discours dans lequel, il avait affirmé que «la production d'huile d'olive accèdera à un soutien particulier qui sera étendu à l'acquisition de matériels destinés à la réalisation d'huileries ainsi que des capacités de stockage et de conditionnement de la production». Mais sur la liste des agriculteurs et éleveurs devant être dispensés des remboursements au niveau des agences BADR point de trace des oléifacteurs. Bien au contraire, selon certaines sources,les directeurs des agences BADR viennent d'être destinataires d'un courrier où, il est clairement indiqué que les patrons d'huileries sont définitivement exclus de l'effacement des dettes. A la place, la solution préconisée par la Badr est un échéancier de six mois pour ce qui est des intérêts, soit jusqu'à la fin de la récolte oléicole prévue la fin du mois de mars. Pour le capital, il sera proposé des échéanciers de deux à cinq ans maximum étudié au cas par cas. Selon M. Khodja, il y a 80 propriétaires d'huileries en difficultés. Economiquement parlant, s'ils ne sont pas intégrés à l'arrangement, c'est l'avenir de la filière qui sera compromis.