La pénurie de médicaments de traitement de fond s'installe en Algérie. Les opérateurs du marché du médicament (fournisseurs, distributeurs et pharmaciens), qui annoncent, d'ores et déjà, une rupture de stocks, pointent d'un doigt accusateur les mesures de durcissement des conditions de commerce extérieur décidées par la Loi de finances complémentaire 2009, notamment celle de l'instauration du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations. Une soixantaine de médicaments, dont une vingtaine est nécessaire pour le traitement de maladies chroniques, est touchée par cette pénurie qui menace de s'aggraver dans les prochaines semaines si rien n'est fait pour y remédier. La pénurie touche toutes les catégories de produits, des corticoïdes injectables, aux pommades ophtalmiques, en passant par les sirops antitussifs, des antibiotiques, des antihistaminiques des hormones, des collutoires et même de certaines vitamines. Ce malade qui se pointe chez ce pharmacien avec une ordonnance est surpris par l'absence d'un médicament de traitement de l'hypertension pourtant prescrit par son médecin. Le malade a fait le tour de plusieurs officines pour trouver ce médicament mais en vain. Le pharmacien propose un autre médicament alternatif au patient. «J'ai essayé ce médicament générique, mais il n'est pas vraiment efficace dans mon cas», rétorque le malade. La scène se reproduit quotidiennement dans nos officines ces derniers jours. L'instauration subite du crédit documentaire comme unique moyen de paiement par la LFC complémentaire 2009 a faussé tous les calculs des importateurs de médicaments en Algérie. Première conséquence de cette disposition contestée par les opérateurs du marché du médicament est le prolongement des délais d'importation de ces produits vitaux pour la santé de centaines de milliers de malades. Les fournisseurs, les distributeurs, les pharmaciens, mais aussi et surtout les malades ont été pris au dépourvu. Les producteurs nationaux sont également touchés par cette pénurie, puisqu'une grande partie des substances utilisées dans la fabrication de médicaments est importée de l'étranger. Le plus inquiétant dans cette crise est que la pénurie qui concernait une quarantaine de médicaments, semble prendre de l'ampleur au fil des jours pour toucher de plus en plus de médicaments de traitement de fond. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) tire la sonnette d'alarme et annonce des jours bien difficiles pour les malades dans les prochaines semaines. «De nombreux médicaments nécessaires pour le traitement de graves pathologies souffrent d'une rupture de stocks, alors que d'autres sont délivrés aux compte-gouttes par les fournisseurs», révèle ce pharmacien. Les gérants d'officine ne cachent plus leurs inquiétudes quant à l'évolution de cette crise. Ils soutiennent que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est désormais tenu responsable de cette situation qui menace, à court terme, de coûter gros à la santé des malades. Parmi les médicaments qui souffrent d'une rupture de stocks sur le marché il y a Aldomet 250 mg, Prostacar, Tareg 160 et 80 mg ainsi que Glucophage. A cela s'ajoutent d'autres produits pharmaceutiques tels que Syntol gel, Bristopen, un antibiotique utilisé dans le traitement des infections bactériennes spécifiques et Glucophage traitant certains diabètes. A noter que les médicaments ne sont pas les seuls concernés par cette crise, puisque la pénurie s'est étendue à tous les segments du secteur pharmaceutique pour toucher les réactifs indispensables aux analyses médicales.
