Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rencontré le Premier ministre Hamas Ismail Haniyeh pour une nouvelle série de discussions sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, selon des sources officielles. Les deux hommes se sont rencontrés vendredi soir à Gaza. Les services de Mahmoud Abbas ont précisé qu'ils s'étaient mis d'accord pour de nouvelles discussions. Aucun progrès n'a été rapporté. Le président palestinien et le Hamas tentent de négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale qui pourrait permettre d'obtenir la levée du boycott international imposé après la victoire du Mouvement de la résistance islamique aux élections en janvier. L'Assemblée générale de l'ONU a demandé vendredi, à une écrasante majorité, la fin de toutes les formes de violence entre Israël et les Palestiniens, dont les opérations militaires d'Israël à Gaza et les tirs de roquettes sur Israël. L'Assemblée a fait cette demande dans une résolution -non contraignante- adoptée par 156 voix contre 7, avec 6 abstentions. L'Union européenne a voté pour, les Etats-Unis, Israël, l'Australie, Nauru, Palau, la Micronésie et les îles Marshall ont voté contre, le Canada s'est abstenu. La résolution demande l'établissement d'une mission d'enquête sur la bavure de l'artillerie israélienne qui a tué 19 Palestiniens, surtout des femmes et des enfants, le 8 novembre à Beit Hanoun, dans le nord de Gaza. L'Assemblée "appelle Israël, puissance occupante, à cesser immédiatement ses opérations militaires qui mettent en danger la population civile palestinienne dans le Territoire occupé, y compris à Jérusalem-est, et à retirer ses forces de la bande de Gaza sur ses positions d'avant le 28 juin". A cette date, l'enlèvement d'un soldat israélien par des militants palestiniens avait entraîné une offensive d'Israël à Gaza. Elle appelle également à "la cessation immédiate des opérations militaires et de tous actes de violence, terrorisme, provocation, incitation et destruction entre Israël et les Palestiniens, y compris les exécutions extrajudiciaires, bombardements de zones civiles, raids aériens et tirs de roquettes". Elle demande au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, de mettre sur pied une mission d'enquête sur la bavure de Beit Hanoun et de lui faire rapport dans les 30 jours. Le vote a eu lieu lors d'une séance spéciale de l'Assemblée, où siègent les 192 Etats membres de l'ONU, convoquée d'urgence après le rejet lundi d'un texte similaire par le Conseil de sécurité dû à un veto des Etats-Unis, fidèles alliés d'Israël. Après l'échec au Conseil, les diplomates arabes avaient décidé de saisir l'Assemblée générale, où le veto n'existe pas et où la majorité des Etats membres est depuis des décennies plus réceptive aux thèses palestiniennes qu'à celles d'Israël. Dans une intervention à la tribune avant le vote, l'ambassadeur du Qatar à l'ONU, Abdulaziz al-Nasser, qui avait déposé la résolution au nom du groupe arabe, a qualifié le texte de "juste et équilibré". Son collègue israélien, Dan Gillerman, a émis un avis contraire. Réitérant les regrets exprimés par son gouvernement après la bavure de Beit Hanoun et rappelant qu'il a ordonné une enquête, M. Gillerman en a rejeté la responsabilité sur le mouvement Hamas et l'Autorité palestinienne "Ces Palestiniens ont peut-être été tués par des obus israéliens mais ils ont en fait été les victimes de l'Autorité palestinienne", a-t-il affirmé. Il a rejeté en bloc la résolution, soulignant que deux mots en étaient totalement absents: "Hamas" et "terrorisme". "L'effusion de sang peut cesser en un instant si le terrorisme cesse (...) c'est à vous de choisir, mettez fin à la violence et Israël n'aura plus à pratiquer l'auto-défense", a dit M. Gillerman à l'adresse des Palestiniens. Malgré un débat matinal, le vote a été retardé jusqu'au soir, l'ambassadeur américain, John Bolton, ayant soulevé des objections sur la nécessité d'une mission d'enquête sur le drame de Beit Hanoun et sur son coût, estimé à 131.000 dollars. Notant qu'à Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait aussi décidé d'une enquête sur cet incident, M. Bolton a laissé entendre à la presse que cela ne servirait à rien. "De combien de missions d'enquête l'ONU a-t-elle besoin pour visser une ampoule électrique ?", a-t-il demandé. "Le moyen d'arriver à la paix au Proche-Orient est par des négociations directes entre Israël et ses partenaires arabes et ce qui se passe ici est contre-productif, c'est du théâtre", a-t-il affirmé.