Le contexte actuel du marché pharmaceutique mondial pourrait être favorable à l'Algérie. A en croire les analystes qui relèvent une crise sans précédent par son ampleur générée par la montée en puissance des génériques que favorise, d'ailleurs, l'érosion des ventes et la diminution du nombre de nouveaux médicaments mis sur le marché, cela peut même profiter à l'épanouissement d'une industrie pharmaceutique algérienne . Selon l'APS, " les parts de marchés détenues par les leaders mondiaux du médicament se sont ainsi effritées entre 2008 et 2010, sous l'effet du développement rapide de la fabrication de médicaments dans la zone ''Asie Pacifique'', comme l'Inde, qui s'est forgé une solide réputation dans ce secteur. Les trois plus importants marchés du médicament sont les Etats-Unis, le Japon et l'Europe qui ont enregistré une croissance inférieure à 5% au cours de 2008 avant d'osciller entre 2,5% et 3,5% en 2010. Notre pays qui importe 70 % de ses produits pharmaceutiques tend à réduire sa facture estimée à près de 900 millions d'euros pour un marché national qui représente 1,450 milliard d'euros soit quelque 170 milliards de dinars. La réduction de cette facture passe par un accord consenti au groupe pharmaceutique public Saidal qui jouit, de fait, d'une place prépondérante dans la production pharmaceutique nationale et contribue au développement du secteur pharmaceutique. Le gouvernement algérien consent à cet effet un investissement de 17 milliards de dinars destiné à l'entreprise Saidal pour doubler sa production au cours des cinq prochaines années. L'objectif escompté est de réduire progressivement les importations pour arriver, en 2014, à une production nationale couvrant 70% des besoins, contre 37% actuellement. Parmi les mécanismes législatifs, la loi de finances complémentaire pour 2010 prévoit une exonération de la taxe sur les activités professionnelles (TAP) pour les médicaments fabriqués localement. Parallèlement, la présence de Sanofi - Aventis, qui compte investir quelque 80 millions d'euros en Algérie grâce à son usine de Sidi Abdallah, contribuera à augmenter des capacités de production locale. Les grandes entreprises ayant lancé la nouvelle génération d'industrie pharmaceutique se localisent notamment aux Etats-Unis avec 53,5 %, l'Europe avec 28% et les pays d'Asie-Pacifique avec 18,5 %, soit des régions capables de supporter les forts coûts des techniques de fabrication pointues et ceux de la recherche et développement, estiment des analystes. Le marché mondial des médicaments est détenu à près de 25,6% par les leaders mondiaux du secteur, classés, en 2010, selon leur chiffre d'affaires : Pfizer (USA, 50 mds USD), Roche (Suisse, 45,8 mds), Novartis (Suisse, 44,2 mds), Merck&Co (USA, 42,9 mds), Sanofi-Aventis (France, 39 mds), Glaxo Smith Kline (GB, 35,9 mds), Astra Zeneca (GB, 32,8 mds), Johnson&Johnson (USA, 22,5 mds), Eli Lilly (USA, 21,8 mds), Bristol Myers Squibb (USA, 18,8 mds). Le reste des parts de marché est réparti entre d'autres groupes pharmaceutiques de moindre envergure à travers le monde. Toutefois, le secteur n'est pas à l'abri des effets de la récession où 50% des sociétés de biotechnologie européennes encourent un risque de faillite d'ici à 2 ans, selon des laboratoires. Pour faire face à ces bouleversements, les grands groupes pharmaceutiques ont multiplié les stratégies de développement, la réorganisation de la recherche-développement, ou les opérations de fusions-acquisitions dans le segment à fort potentiel des biotechnologies. Résultat: les investissements des sociétés de capital-risque dans le secteur ont chuté de 30% en 2009 par rapport à 2007, étant donné qu'il faut entre 500 et 800 millions d'euros pour développer une molécule, soit un risque important, car sur 10.000 molécules potentiellement intéressantes, une seule deviendra un médicament. Une démarche qui pourra, dans de rares cas, donner lieu à un "blockbuster", ce médicament-vedette qui tire le laboratoire détenteur du brevet et dont les recettes sont colossales. Le marché algérien du médicament représentait en 2009 près de 0,2% du marché mondial, selon le docteur Rachid Ghebbi, consultant et expert industriel dans le domaine pharmaceutique, selon lequel le marché mondial a atteint 837 milliards de dollars en 2009. Pour maintenir cette tendance et la confirmer, les efforts des pouvoirs publics se focalisent sur la mise en place d'une politique de sécurité sanitaire, et ce à travers une batterie de mesures encourageant l'émergence d'une industrie locale à même d'assurer l'autosuffisance pour un maximum de médicaments destinés à des pathologies chroniques. En termes clairs, le gouvernement s'attelle ainsi à élaborer un système de santé indépendant des grands groupes pharmaceutiques, pour couvrir les besoins du marché local. Parmi les mesures prévues, il y a notamment l'interdiction de l'importation de médicaments fabriqués localement et l'obligation d'un partenariat avec un opérateur algérien pour les investisseurs étrangers selon le système 51/49%, introduit par la LFC 2009.