Les perspectives du marché pharmaceutique mondial se sont rétrécies, selon des analystes, qui évoquent notamment une crise inédite par son ampleur ayant mené à l'érosion des ventes et à une diminution du nombre de nouveaux médicaments mis sur le marché, et la montée en puissance des génériques. Les parts de marchés détenues par les leader mondiaux du médicament se sont ainsi effritées entre 2008 et 2010, sous l'effet du développement rapide de la fabrication de médicaments dans la zone ''Asie Pacifique'', comme l'Inde, qui s'est forgée une solide réputation dans ce secteur. Les trois plus importants marchés du médicament que sont les Etats-Unis, le Japon et l'Europe ont enregistré une croissance inférieure à 5% au cours de 2008 avant d'osciller entre 2,5% et 3,5% en 2010, indiquent les laboratoires dans leurs bilans sur les perspectives de marchés. Les grandes entreprises ayant lancé la nouvelle génération d'industrie pharmaceutique se localisent notamment aux Etats-Unis avec 53,5 %, l'Europe avec 28% et les pays d'Asie-Pacifique avec 18,5 %, soit des régions capables de supporter les forts coûts des techniques de fabrication pointues et ceux de la recherche et développement, estiment des analystes. En fait, le marché mondial des médicaments est détenu à près de 25,6% par les leaders mondiaux du secteur, classés en 2010 selon leur chiffre d'affaires: Pfizer (USA, 50 mds usd), Roche (Suisse, 45,8 mds), Novartis (Suisse, 44,2 mds), Merck&co (USA, 42,9 mds), Sanofi-aventis (France, 39 mds), Glaxo Smith Kline (GB, 35,9 mds), Astra Zeneca (GB, 32,8 mds), Johnson&Johnson (USA, 22,5 mds), Eli Lilly (USA, 21,8 mds), Bristol Myers Squibb (USA, 18,8 mds). Le reste des parts de marché est répartie entre d'autres groupes pharmaceutiques de moindre envergure à travers le monde. Toutefois, le secteur n'est pas à l'abri des effets de la récession où 50% des sociétés de biotechnologie européennes encourent un risque de faillite d'ici à 2 ans, selon des laboratoires. Pour faire face à ces bouleversements, les grands groupes pharmaceutiques ont multiplié les stratégies de développement, la réorganisation de la recherche-développement, où les opérations de fusions-acquistions dans le segment à fort potentiel des biotechnologies. Résultat: les investissements des sociétés de capital-risque dans le secteur ont chuté de 30% en 2009 par rapport à 2007, étant donné qu'il faut entre 500 et 800 millions d'euros pour développer une molécule, soit un risque important, car sur 10.000 molécules potentiellement intéressantes, une seule deviendra un médicament. Une démarche qui pourra dans de rares cas donner lieu à un "blockbuster", ce médicament-vedette qui tire le laboratoire détenteur du brevet et dont les recettes sont colossales. Le marché algérien du médicament représentait en 2009 près de 0,2% du marché mondial, selon le docteur Rachid Ghebbi, consultant et expert industriel dans le domaine pharmaceutique, selon lequel le marché mondial a atteint 837 milliards de dollars en 2009. Pour maintenir cette tendance et la confirmer, les efforts des pouvoirs publics se focalisent sur la mise en place d'une politique de sécurité sanitaire, et ce à travers une batterie de mesures encourageant l'émergence d'une industrie locale à même d'assurer l'autosuffisance pour un maximum médicaments destinés à des pathologies chroniques. En termes clairs, le gouvernement s'attèle ainsi a élaborer un système de santé indépendant des grands groupes pharmaceutiques, pour couvrir les besoins du marché local. Parmi les mesures prévues, il y a notamment l'interdiction de l'importation de médicaments fabriqués localement et l'obligation d'un partenariat avec un opérateur algérien pour les investisseurs étrangers selon le système 51/49%, introduit par la LFC 2009. Le ministre de l'Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi avait souligné en octobre dernier devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) que ''le marché national ne représentait que 1,450 milliard d'euros (170 milliards de dinars), les importations s'étant établies à près de 900 millions d'euros''. Pour réduire la facture, le gouvernement estime devoir accorder au groupe pharmaceutique public Saidal une place prépondérante dans la production nationale et le développement du secteur. Ainsi dans sa déclaration de politique générale, présentée à l'Assemblée populaire nationale en octobre dernier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait annoncé un investissement de 17 milliards de DA de Saidal pour doubler sa production au cours des cinq prochaines années. L'objectif du gouvernement est de diminuer progressivement les importations pour arriver, en 2014, à une production nationale couvrant 70% des besoins, contre 37% actuellement. Enfin, parmi les autres mesures de soutien à la production locale, la loi de finance complémentaire 2010 prévoit également une exonération de la taxe sur les activités professionnelles (TAP) pour les médicaments fabriqués localement.