La récente flambée du pétrole accroît les préoccupations liées au niveau élevé des prix alimentaires. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a rendu public le nouvel indice des prix alimentaires pour le mois de février. Il bat un nouveau record, renforçant le risque d'une nouvelle crise de la faim dans le monde. Les prix alimentaires mondiaux ont augmenté pour le huitième mois consécutif en février 2011, les cours de tous les groupes de produits alimentaires, à l'exception du sucre, ayant enregistré de nouvelles hausses, a indiqué la FAO, jeudi. L'organisation s'attend à un resserrement de l'offre et de la demande mondiale des céréales en 2011. Face à une demande croissante et au déclin de la production céréalière mondiale en 2010, on s'attend à une chute brutale des stocks céréaliers mondiaux du fait de la diminution des quantités de blé et de céréales secondaires. Les cours internationaux des céréales ont accusé de fortes hausses, les prix à l'exportation des principales céréales ayant augmenté d'au moins 70 % depuis février 2010. " Des hausses inattendues des cours du pétrole pourraient exacerber davantage la situation déjà précaire des marchés alimentaires " affirme David Hallam, directeur de la Division du commerce et des marchés à la FAO. " Cela accroît encore plus l'incertitude quant aux perspectives des prix alimentaires et ce, au moment où la saison des semis dans certaines des principales régions de culture est sur le point de commercer ", ajoute Hallam. Pour Abby Abbassian, économiste de la FAO, les prix des denrées alimentaires ont battu un nouveau record historique au cours du mois de février. L'indice de référence en février de la FAO a en effet bondi de 2,2 % par rapport au mois précédent. Au cours de ces derniers huit mois, l'augmentation a été de prés de 70 %. L'indice des prix des céréales, qui inclut les prix des principales denrées alimentaires de base, notamment le blé, le riz et le maïs, a augmenté de 3,7 % en février (254 points), soit son plus haut niveau depuis juillet 2008. L'indice des prix des produits laitiers a atteint en moyenne 230 points en février 2011, soit une augmentation de 4 % par rapport au mois précédent, mais bien en dessous de son pic de novembre 2007. L'indice FAO des huiles et matières grasses a augmenté légèrement pour atteindre 279 points en février 2011, un niveau juste au dessous du pic enregistré en juin 2008. L'indice FAO des prix de la viande a atteint en moyenne 169 points en février 2011, soit une augmentation de 2 % par rapport à janvier. A l'opposé, l'indice FAO des prix du sucre a atteint en moyenne 418 points en février 2011, légèrement en dessous du mois précédent, mais toujours 16 % de plus qu'en février 2010. " Le prix du panier de céréales a dépassé son niveau de juillet 2008 ", reconnaît Abby Abbassian. Les causes de ce nouveau pic sont connues. Depuis les années 1980, les investissements dans l'agriculture, aussi bien dans les pays riches que les pays pauvres, sont en recul constants. La FAO a plaidé, pour qu'ils soient au moins égal à 5 % du PIB dans les pays en voie de développement. Le développement des biocarburants a également contribué à faire baisser les stocks mondiaux de céréales " l'An dernier, 120 millions d'hectares de céréales ont été ainsi été détournés des marchés alimentaires pour servir aux biocarburants ", a déploré Jacques Diouf, président de la FAO lors d'une conférence de presse. Dernière cause : la spéculation, " excessive " selon le président de la FAO, qui tire les prix vers le haut. L'incertitude liée à l'approvisionnement des denrées alimentaires et à leurs variations de prix depuis 2008 contribue à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté, à la faim et à l'instabilité politique, et il faut se préparer à l'impact de la récente hausse des prix, a déclaré dernièrement le coordonnateur de l'Equipe spéciale de haut niveau du secrétariat général de l'ONU sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire, David Nabarro. Les analyses établies par l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et la Banque mondiale montrent une nouvelle hausse des prix des denrées alimentaires depuis la mi-juin 2010. " Le monde doit être prêt à répondre à l'impact des hausses de prix et aux chocs de l'offre sur le vie, l'alimentation et les moyens de subsistance des pauvres ", a dit Nabarro. " Le système des Nations unies, dans son ensemble, travaille à comprendre la hausse actuelle des prix qui a déjà provoqué des difficultés, et à y répondre ", a-t-il dit. " Nous sommes mieux préparés qu'il y a trois ans, mais la situation est plus complexe ". La FAO s'attend à ce que les cultures d'hiver dans l'hémisphère nord soient généralement favorables. Elle prévoit pour la production de blé mondiale une augmentation d'environ 3 % en 2011. Cela suppose une reprise de la production de blé dans les principaux pays producteurs de la Communauté des Etats indépendants. Jusqu'à présent les conditions des cultures d'hiver dans ces pays sont généralement favorables. Les prévisions concernant l'utilisation de céréales mondiales 2010/11 ont été révisées à la hausse de 48 millions de tonnes depuis décembre dernier. L'essentiel de cette révision reflète des ajustements concernant le fourrage et l'utilisation des céréales secondaires dans l'industrie. Une utilisation accrue du maïs pour la production d'éthanol aux Etats-Unis et des ajustements aux statistiques en ce qui concerne l'historique de l'offre et de la demande de maïs de la Chine depuis 2006/07 expliquent une grande part cette révision à la hausse.