Située au sud du chef-lieu de la wilaya de Mila, la sympathique petite ville de Téléghema, jadis réputée pour être la Mecque de la pièce de rechange automobile, est en passe de devenir un nouveau pôle de l'industrie de la récupération et du recyclage des métaux ferreux et non ferreux, à laquelle s'ajoute celle du verre et du plastique. Pour le commun des visiteurs de cet important centre urbain des plaines de l'ouest du Constantinois, il est aisé de s'apercevoir que d'un bout à l'autre de la ville, sont entassés à l'air libre, des dizaines de dépôts et de centres de collecte des déchets ferreux et non-ferreux, plastiques et bouteilles en verre, destinés à l'industrie du recyclage. Dans la périphérie de la ville, ce sont des familles entières qui activent dans ce domaine qui offre désormais une multitude d'emplois. Ce qui a propulsé la récupération et le recyclage au rang d'activités charnières dans cette daïra, c'est cette multitude de transporteurs qui sillonnent la plupart des régions du pays, employant dans nombre de localités des jeunes récupérateurs qui exercent dans les décharges publiques. Et c'est ainsi que Téléghma compte aujourd'hui, pas moins de 120 grands dépôts dont les gérants sont inscrits le plus régulièrement du monde, au registre du commerce. Des jeunes qui travaillent dans la récupération depuis quelques années déjà, sont convaincus qu'après avoir eu ses heures de prospérité cette activité connaît aujourd'hui un déclin que l'on espère, du moins, passager. Certains songent déjà à changer d'activité. Un ancien propriétaire de dépôt a fait remarquer que lorsque la profession était plus dynamique, le travail se faisait par équipes. Un autre travailleur saisonnier depuis six ans, regrette quant à lui, que le marché de la récupération soit en veilleuse, car c'est l'activité industrielle principale dans la ville. L'absence de petites unités de transformation à partir des ateliers qui existent déjà chargées de préparer la matière première à l'aide de broyeurs pour les granulés de plastiques et des brûleurs pour façonner les lingots d'aluminium, se fait malheureusement lourdement ressentir. De l'avis de certains professionnels, cette profession avait besoin, selon lui, d'être pour combattre de façon radicale les bandes organisées qui s'en prennent aux infrastructures publiques, aux clôtures métalliques et aux bouches d'égouts pour récupérer la matière. Pourtant, à Teleghma, l'on soutient obstinément, que l'activité de la récupération dans cette région remonte à la deuxième guerre mondiale, lors du débarquement des anglo-américains qui ont déversé un volume considérable de matériels que des chômeurs exploitaient alors et récupéraient pour le compte des fonderies. La vocation de cette ville venait de naître. Le constat est là et ne prête à aucune équivoque. La récupération et le recyclage sont en voie de disparition. Qui sauvera cette activité ? La réponse demeure à l'évidence…
