S'exprimant à l'ouverture de la 6ème Conférence internationale sur la migration et le développement, qui s'est tenue du 16 au 19 mai à Rabat et à Ifrane (centre du pays), le ministre marocain de l'Enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, a annoncé que le plafond de 45 ans pour le recrutement de talents marocains établis à l'étranger empêche le recrutement de compétences qui reviennent au Maroc après avoir acquis une longue expérience à l'étranger. Il a indiqué, dans ce sens, que 18 % des lauréats des grandes écoles au Maroc choisissent d'émigrer à l'étranger, estimant nécessaire la mise en place d'un nouveau cadre juridique à même de permettre au Maroc de tirer profit de ses compétences scientifiques et techniques qui ont accumulé une grande expérience à l'étranger, notamment dans le domaine universitaire. Pour sa part, le ministre marocain délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Marocains à l'étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz, a souligné que les compétences marocaines à l'étranger, dont le nombre est estimé à quelque 500 000 personnes, représentent un pont important entre le Nord et le Sud à même de faciliter le transfert du savoir scientifique et technologique et des initiatives de développement vers les pays du Grand Maghreb et du continent africain. Le ministre a également plaidé pour une meilleure exploitation de ce "capital commun" entre le Maroc et les pays d'accueil, constitué de près de 5 millions de Marocains résidant à l'étranger, en leur permettant de vivre dans des conditions en harmonie avec les fondamentaux aussi bien de leur pays d'origine que de ceux d'accueil, en préservant leurs droits et leur dignité, en les protégeant contre les effets négatifs des crises économiques, en leur permettant d'exprimer leurs talents artistiques et en leur préparant les bonnes conditions de retour à leur pays d'origine au cas où ils le souhaiteraient. De son côté, Simon Gray, directeur du Département Maghreb et chef du Bureau de la BM au Maroc, a relevé que la mobilité des migrants et leur participation au processus de développement des pays d'origine et d'accueil est une question compliquée mais nécessaire à évoquer pour inciter les décideurs politiques à améliorer la gestion du phénomène migratoire, notamment entre le Nord et le Sud. M. Hein de Haas, professeur à l'International Intitute for Migration à Oxford, a quant à lui fait savoir que les prochaines années verront une recrudescence de la migration des Marocains, surtout les qualifiés d'entre eux, vers les pays qui leur présentent des opportunités sérieuses à saisir. Organisée pour la première fois dans un pays du Sud par la Banque mondiale (BM), le ministère marocain chargé des MRE, le Centre de Marseille pour l'intégration en Méditerranée (CMI), l'Agence française de développement (AFD) et le Center for Global Développent, la Conférence internationale sur la migration, qui constitue une plateforme internationale d'échanges sur les recherches les plus récentes sur les liens entre la migration et le développement, connaît la participation de divers intervenants économiques et sociaux.