La stratégie de relance et de développement industriels en cours est fondée sur une philosophie économique globale, qui repose sur une vision nouvelle du devenir du pays et de la société. Elle est également fondée sur la liberté d'entreprise, la rationalisation économique et le renforcement du système de solidarité sociale. Ce développement économique durable vise en même temps les conditions d'une stabilité macroéconomique stable dans une perspective de moyen terme, afin d'assurer aux populations ce dont elles ont besoin. A ce titre, la stabilité politique et sociale ne peut assurer le développement durable sans la mise en œuvre et la réussite de ce projet économique réaliste mais audacieux. C'est ainsi que la stratégie industrielle, c'est à dire, le développement des activités industrielles interdépendantes est inséré dans l'objectif de garantir à la société la paix et la prospérité. Une stratégie qui, d'ailleurs, prend en considération les grandes mutations de l'économie mondiale. Tout le monde aurait remarqué que depuis la crise économique et financière mondiale de 2008, les pays développés et leurs entreprises multinationales, tout en continuant à dominer le marché, n'ont plus le monopole de la technologie et du savoir-faire. De grandes entreprises basées dans les pays du Sud deviennent des acteurs majeurs sur le marché mondial. Ainsi, pour la première fois depuis deux siècles, le rapport de force Nord-Sud commence à changer et cette tendance non seulement se maintiendra, mais elle sera renforcée et deviendra irréversible. La meilleure démonstration en est apportée par la situation de l'économie mondiale qui affiche une croissance soutenue grâce aux performances des pays émergents. En tous les cas, la situation structurelle du marché mondial est favorable à l'Algérie, qui doit, comme l'a déclaré récemment le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, profiter de cette situation dans le sens de la démultiplication de sa production nationale. Dans ce nouveau contexte international, il s'agit de quatre conséquences significatives: a)- des entreprises multinationales du Sud ont la capacité d'entrer en compétition avec les grandes multinationales traditionnelles. b)- l'opposition Nord-Sud cède, de plus en plus, le pas à une distinction entre les pays émergents qui ont pu, en réformant leur économie, tirer avantage des transformations de l'économie mondiale, et les autres pays qui n'ont pas pu ou su mener à termes les réformes structurelles nécessaires pour devenir compétitifs. c)- L'innovation et l'expertise distinguent, désormais, les économies nationales capables de soutenir une croissance endogène et celles qui sont dans une situation de fragilité permanente, même si elles disposent, par ailleurs, de ressources naturelles ou financières importantes. Ainsi, un nouveau clivage se dessine: le monde compte des économies dominantes et efficientes du fait de la maîtrise de l'innovation (économies développées et économies émergentes) et des économies non efficientes, en transition permanente. d)- L'investissement direct étranger devient un vecteur important dans le transfert et la maîtrise de la technologie. Il peut provenir des pays du Sud dont les intérêts convergent avec ceux de l'Algérie. Le paradoxe est que l'économie nationale bénéficie d'un taux d'investissement qui a été et qui reste encore un des plus élevés, alors que ses performances sont insuffisantes pour assurer un décollage définitif. L'explication d'un tel paradoxe est à rechercher dans la structuration du cadre de fonctionnement de l'économie. Un fonctionnement qui devra être transformé afin que les investissements nationaux s'accroissent, les entreprises deviennent plus efficientes, et le taux de croissance atteigne les niveaux nécessaires pour un développement durable.