Le sommet de l'Opep de Riyad s'est achevé dimanche, laissant place à l'évaluation. Pour le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, ce troisième sommet de l'histoire du Cartel se distingue des deux précédents par le fait qu'il a permis à l'organisation d'adopter, pour la première fois, une stratégie à long terme. Le ministre a, en effet, expliqué dans un entretien à l'APS que cette stratégie tournait autour de trois axes principaux: la stabilité du marché pétrolier par l'assurance d'une offre suffisante et régulière, la relation énergie-développement durable et enfin l'aide aux pays démunis. Concernant la stabilité du marché, l'Opep a encore une fois privilégié la voie du dialogue avec les pays consommateurs car souvent, "les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole n'ont pas les mêmes informations" sur l'état et les perspectives de la production ou de la consommation par pays et à l'échelle internationale, ce qui est source de crises, parfois majeures, a dit le ministre. A cela s'ajoute, a-t-il relevé, le rôle des spéculateurs qui "devient tellement important qu'il tire le marché à sa guise, et c'est cette volatilité qui est néfaste à l'organisation", à son avis. Pour expliquer l'importance du dialogue et de l'échange d'informations entre toutes les parties prenantes dans le commerce pétrolier, M. Khelil a mentionné cet exemple : "les pays consommateurs demandent la sécurité des approvisionnements pendant 15 ans et plus, au moment où les pays producteurs n'ont pas la garantie de vendre la totalité des quantités supplémentaires de pétrole pour lesquelles ils auront énormément investi". "Ce n'est pas normal et le sommet de Riadh a sensibilisé les consommateurs sur ce point", a relevé M. Khelil. "L'Algérie a eu une expérience de ce genre dans les années 1970 avec les Etats-Unis qui lui demandaient d'investir afin d'assurer une production plus importante de gaz pour, en fin de compte, annuler la commande". Pour lui, "c'est ce qui risque de se produire demain entre pays producteurs de l'Opep et pays consommateurs de pétrole". Concernant l'énergie et le développement durable, le ministre a affirme que l'Opep "veut accentuer les aides en faveur des pays pauvres en lançant des projets de développement afin de leur permettre d'utiliser le pétrole comme source d'énergie". A ce propos, l'Opep veut, par exemple, réorienter les activités de son fonds pour les focaliser dans les régions démunies, a expliqué M. Khelil, évoquant la possibilité de créer une nouvelle banque dont l'objectif serait d'aider les pays pauvres dans ce sens. Concernant le troisième point de la stratégie (relation énergie-environnement) M. Khelil a mentionné, notamment, la nécessité de maintenir pendant longtemps la place privilégiée du pétrole dans le bilan énergétique mondial, tout en œuvrant à protéger l'environnement contre ses effets polluants. "Le monde va dépendre pendant longtemps encore du pétrole et du gaz et les mesures prises par certains pays consommateurs sous la forme de taxes trop élevées sur les produits pétroliers, risquent d'être franchement discriminatoires à l'égard de cette ressource, et cette donne est prise en considération dans notre stratégie", a expliqué le ministre. A une question sur l'apport de l'Algérie au sommet de Riadh, M. Khelil a indiqué que la contribution de l'Algérie a résidé surtout dans la rédaction de la déclaration finale, "notamment en rapprochant les points de vue autour des questions centrales". Pour le futur président de l'Opep, "l'Algérie a joué un rôle très positif dans l'élaboration de la stratégie à long terme de l' Opep et a surtout mis l'accent sur la protection de l'environnement et l'aide au processus de soutien aux pays démunis", a-t-il souligné, avant d'ajouter que le prochain sommet des chefs d'Etat de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se déroulerait en 2012 en Libye. Il affirmera que certains sujets non tranchés lors du sommet de Riadh, achevé dimanche, tel que celui relatif à la monnaie de compte de l'organisation, seront soumis à la prochaine réunion des chefs d'Etat.
