Après avoir récemment sorti un documentaire à sa propre gloire, dont l'avant-première a eu lieu à Londres, Cristiano Ronaldo continue de brouiller les cartes concernant son avenir. Décryptage d'une opération de communication globale qui s'est réalisée sans le Real Madrid. Et qui en dit long sur la suite de sa carrière. Tapis rouge, foule en folie, festival de selfies, stars en séries. Cristiano a vu les choses en grand pour la sortie de "Ronaldo." Le 9 novembre dernier, les fans de CR7 (mais pas que) avaient les yeux braqués vers Londres où se déroulait l'avant-première du documentaire biographique du triple Ballon d'Or. Nœud papillon, smoking, le Portugais de 30 ans a profité de cette "nuit spéciale" pour délivrer un message : "Travaillez dur. Rien n'est impossible". Et on le croit. L'histoire du modeste madérois devenu roi inspire autant que le scénario de cette soirée de gala. Certaines présences ont été aussi marquantes et remarquées que certaines absences. Le film est sorti mais le feuilleton sur l'avenir de Cristiano Ronaldo ne semble que commencer…
Le Real Madrid laissé en dehors de l'opération promotion Louis Saha, Gary Neville, Falcao, Alex Ferguson, Jorge Mendes ou encore José Mourinho ont défilé à Leicester Square, la semaine dernière. Cristiano a surtout pris le temps de poser aux côtés de Carlo Ancelotti. "C'est un grand entraîneur, un grand homme. Il a rendu les Espagnols heureux", a affirmé le meilleur buteur de l'histoire du Real Madrid. Le départ du technicien italien a laissé des séquelles. Le Portugais entretient avec Rafael Benitez une relation peu chaleureuse. Entre Benitez et Mendes c'est même carrément glacial. Les propos d'avant-saison du coach espagnol ne sont tout simplement pas passés. "C'est difficile de dire qui est le meilleur joueur du monde, avait déclaré l'ancien entraîneur de Naples. Pour moi, décrire Ronaldo comme l'un des meilleurs est suffisant". Cajolé par Carlo, Cristiano est banalisé par Rafa. Mendes, son agent et ami, a bien fait savoir à Florentino Pérez que la cohabitation ne pourrait aller au-delà de cette saison. Cristiano garde donc contact avec son ex et, symbole fort, aucun membre (joueur ou dirigeant) du Real n'a été aperçu au lancement du film réalisé par Anthony Wonke. Alors quand le héros lance : "C'est un grand honneur d'être ici avec ma famille, mes amis et les gens qui m'aiment", ça fait écho à ses récentes sorties. Quand il affirme à FHM ne "fermer la porte à aucun championnat", ou répond "Pourquoi pas ?" quand Kicker lui demande s'il pourrait quitter le Real, le natif de Madère alimente ce que son conseiller essaie (et se doit) de réduire à de la "spéculation". Florentino n'est pas tranquille. "Faut qu'on parle", avait lancé le patron merengue à sa star, devant les caméras, avant le match contre le PSG à Bernabeu.
Le fantasme PSG C'est à l'oreille de Laurent Blanc que Cristiano s'est confié. A l'issue de la confrontation de C1 face au PSG, le Portugais a glissé quelques mots à Lolo qui a refusé de trahir le secret. Les supporters parisiens fantasment. Les indices s'accumulent : Thiago Silva a multiplié les éloges à son égard, son épouse les selfies lors de sa venue au Parc. Kátia et Elma, "les sœurs de", étaient dans la capitale au début du mois pour présenter les nouveaux produits de la marque CR7, dans la boutique VIP. Nasser et Mendes qui ont officialisé leur "relation" via le transfert d'Angel Di María, l'été dernier, se rencontrent régulièrement et nul ne doute que certaines conversations portent sur l'avenir de Ronaldo. Ce dernier a fait le tri, devant les caméras d'ITV : "Ça ne veut pas dire que c'est mauvais d'y jouer mais je ne me vois pas évoluer aux Etats-Unis, au Qatar ou à Dubaï". "Il me reste encore six ou sept ans et je veux terminer ma carrière au plus haut niveau, avec dignité et dans un grand club", a poursuivi celui qui célèbrera ses 31 ans en février. Le PSG a donc le profil. Paris c'est aussi l'emplacement du siège de SFR-Numéricâble, détenu par le groupe multinational Altice. Le géant des entreprises de communication a acquis, il y a moins d'un an, Portugal Telecom pour plus de 7 milliards d'euros. Et le nouvel "ambassadeur" de PT, depuis quelques jours, n'est autre que Cristiano Ronaldo. Une campagne de pub est d'ailleurs prévue dans plusieurs pays. Dont la France. Mais pas l'Espagne, ni le Royaume-Uni. De quoi agacer Zlatan ? Le géant suédois a gardé la face dans la Gazzetta dello Sport : "Peu importe ce qui se dit ou ce qui s'écrit, il n'y a qu'un chef". Et "naturellement", il parle de lui. Son départ est une condition à l'éventuelle arrivée du Portugais. Et le contrat d'Ibra s'achève dans quelques mois… en juin 2016.
Le rapprochement avec Mourinho a débuté Certains Parisiens se mettent carrément à rêver d'un coup double. José et Cristiano de nouveaux réunis. A Paris. Il y a quelque temps encore, le scénario semblait improbable. Leur histoire avait mal tourné au Bernabéu. Jorge Mendes œuvre, sans relâche, au rapprochement (à la normalisation, du moins) de deux êtres qui lui sont "chers." Le Mou était présent au lancement du film de son ancien joueur. Et tant pis s'il est parti avant la fin. C'est le geste qui compte. Quelques jours auparavant, le joueur prenait la défense du manager de Chelsea sur BBC Sport : "Je connais Mourinho et il va retourner cette situation difficile." Et voilà que c'est à Chelsea que Cris est maintenant annoncé. Abramovitch serait prêt à une nouvelle folie pour attirer le triple Ballon d'Or. En cas de départ du "Special One", Ancelotti est pressenti. "J'aimerais bien revenir en Angleterre", a confessé Carlo. L'Italien poursuit : "Je n'aurais aucun problème avec Chelsea mais José ne sera pas limogé. Ils ont décidé de la garder et je pense qu'ils ont fait le bon choix". L'ex-coach du PSG se mue même en défenseur du Mou : "C'est vrai qu'un manager doit motiver ses joueurs mais il ne peut le faire si le joueur ne l'est pas lui-même. Mourinho est l'un des meilleurs managers de la planète."
Jorge Mendes fait des pieds et des mains pour sa star Derrière cette habile opération de communication turbine l'incontournable Jorge Mendes. Le patron de la Gestifute s'est rapproché de Carlo et pourrait bien, grâce à son immense réseau, satisfaire les envies de Premier League de ce dernier. Pour le moment, c'est l'image de CR7 que Mendes entend préserver. CR7 est une marque qui rapporte autant et à mesure qu'elle se diversifie. Caleçons, chaussures, tee-shirts, parfum… Ses tweets se monnaient autour de 200 000 euros. Un fait divers est venu alerter les conseillers du Portugais : l'actualité récente de Badr Hari. Au moment où la Seleção disputait son dernier match de qualif pour l'Euro 2016 en Serbie, le Portugais en était dispensé et s'envolait pour le Maroc. Quelques heures plus tard, des photos de lui ont circulé sur les réseaux sociaux où il est apparu accompagné du kick-boxeur Badr Hari. Une vidéo a d'ailleurs rapidement circulé sur le Web : on y a aperçu Hari s'adressant à une foule de fans impatients de rencontrer le footballeur : "Ne me faites pas honte. Je lui ai dit que le Maroc est un beau pays et qu'il a beaucoup de fans ici. (…) . Je le jure devant Dieu, si quelqu'un se conduit mal, je vais le frapper, ok ?" Le "Bad Boy" déjà condamné à plusieurs reprises pour agressions, vient d'écoper de 18 mois de prison (dont dix avec sursis) pour avoir agressé le réceptionniste d'un hôtel. Le genre de pub que les proches du Madrilène préfèrent éviter. Plus encore au moment où son pote, Karim Benzema, doit faire face à la justice française dans une affaire de chantage présumé. Du coup, Ronaldo a multiplié les entretiens ces dernières semaines. Sa rivalité avec Messi qu'il a qualifié de "fantastique", le Ballon d'Or qu'il a jugé "ne pas être le plus important", son rôle de père, de fils, de frère, le joueur n'a absolument rien esquivé. Pas même sur sa personnalité : "Si je suis fier ? Un peu. Nous devons tous l'être un peu". A en croire son sélectionneur, Fernando Santos, voilà l'un des secrets de sa réussite : Un égoïsme pur" : "Ce qui le rend meilleur, c'est qu'il est en lutte contre lui-même". Le voilà bientôt face à un dilemme. Celui de son avenir.
