L'Algérie a célébré le soixante troisième anniversaire du déclenchement de la lutte armée de Libération nationale. Soixante-trois années se sont ainsi écoulées depuis le 1er Novembre 1954, date qui marque de son sceau singulier la rupture historique d'une possible émancipation progressive et pacifique et met en place la dynamique d'accélération et de canalisation du phénomène contemporain de la décolonisation dans le sens de son irréversibilité. Le 1er Novembre 54 a enfanté le 5 Juillet 1962, événement qui couvre de son auréole la victoire du jour sur la nuit, de la lumière sur l'obscurité, de l'espoir sur le désespoir, de la présence sur la négation de la consolidation de l'être sur les opérations de sa destruction. Le 1er Novembre 54 est l'instrument de cette rencontre de l'Algérien avec soi, avec sa citoyenneté niée et avec sa reconnaissance en tant que lui-même. Mais avant d'aboutir au 5 Juillet 1962, le 1er Novembre 54 concrétise et exprime avec Puissance une revendication génératrice d'ideaux qui acquièrent très rapidement un solide statut d'universalité. Son esprit révèle la force de sa contestation des tentatives de son dévoiement et de sa négation en tant que programme politique dépassant les frontières de sa concentration dans l'idée de masse réductible à l'indépendance. Car, plus d'une thématique minimale crédible pour tous, l'indépendance à les connotations certaines de l'actualisation du nationalisme aux préoccupations et attentes des populations algériennes. En effet, dès la proclamation du 1er Novembre, il est le " gros " des thèmes majeurs qui vont rendre possible la mobilisation la plus large du peuple algérien. Il correspond à son origine à la perspective revendiquée, les armes à la main, de la restauration de l'Etat, de la construction économique et de la désaliénation culturelle. L'indépendance nationale fixée comme objectif quasi ultime de la proclamation du 1er Novembre 54 qui consacre en même temps la naissance du Front de Libération Nationale (FLN) constitue certes en 1954 une base politique de rassemblement des couches les plus dispersées. Elle aura permis, en ce sens, de faire taire les aspirations contradictoires de ces couches sociales diverses. Ceci est une " vérité " admise aujourd'hui par toutes les lectures faites sur cette partie de la glorieuse histoire du peuple algérien. Mais cette " vérité " est-elle suffisante pour elle-même pour masquer la signification profonde de l'objectif d'indépendance nationale poursuivi par l'acte qui a rendu publique et internationalisé la proclamation du 1er Novembre 54. Il faut révéler que le geste qui a enclenché la lutte armée de Libération nationale a aussi d'autres effets et conséquences. Il a, entre autres et de façon fondamentale participé de la revendication la plus illustre du bénéfice d'un droit qu'il a concouru par ailleurs à hisser parmi les principes universels les plus sacrés de l'humanité, à savoir : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans le même parcours à l'indépendance nationale, le soulèvement de Mai 1945 a démontré que l'idée de recouvrement de l'indépendance avait connu un large écho dans les rangs des masses ; et si l'administration coloniale a reconnu, à travers ses organes répressifs, ses unités militaires et sa machine de guerre, aux opérations d'extermination, d'exode et de bombardements aériens des villages, espérant ainsi annihiler l'idée d'indépendance, par contre ces journées mémorables durant lesquelles sont tombés plus de 45 000 Algériens et Algériennes ont contribué à la maturation de l'idée de lutte armée comme l'unique voie pour le recouvrement de l'indépendance. Tous ces événements ont traduit par leur ampleur la permanence qui a caractérisé la volonté du peuple algérien à mettre un terme au colonialisme qui était fondé sur la négation de l'entité algérienne et le mépris du droit des gens pour les confiner dans l'ignorance de leur histoire et les soumettre à la tyrannie de l'occupant étranger. C'est ainsi que l'annonce du déclenchement de la lutte armée du 1er Novembre 54 est le prolongement et le couronnement de toutes les formes de résistance menées par le vaillant peuple algérien contre l'occupation française. Les raisons concrètes de la guerre de Libération nationale, son contenu sociologique dominant ont vite fait de la transformer en une authentique révolution de la lutte. Ce qui fait revêtir à la question nationale tous les caractères d'une question sociale. La révolution nationale devient indissociable de la révolution sociale, occupant toutes les deux, l'espace programmatique du FLN qui se trouve être le garant du nationalisme algérien et justifie, au lendemain de l'indépendance du pays, la mise en place d'un Etat dont la souveraineté ne pouvait se fonder sur la prise en compte des spécificités des intérêts individuels ou de groupes.