L'un des sujets phares inscrit dans l'agenda de la visite officielle du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en Russie, est incontestablement la question de la création de "l'Opep du gaz". C'est donc tout naturellement que le président de la République a eu à s'exprimer sur le sujet. Dans une interview publiée par l'agence russe Itar-Tass, le président de la République a appelé à ne pas "oublier la leçon" de la création du cartel pétrolier. "La défense des intérêts des pays membres de l'Opep (...) a été à l'origine de la création de l'Opep en 1960. Cette leçon ne doit être oubliée", a-t-il souligné. Pour M. Bouteflika, le maître mot est la coopération. "Il est évident que des pays comme la Russie, le Qatar et l'Algérie jouent un rôle important sur les marchés gaziers et doivent davantage coordonner leurs activités", a-t-il déclaré. Le parallèle fait avec les motivations qui ont été à l'origine de la création du cartel pétrolier peut être perçu comme un quitus accordé, par le président de la République au lancement de cette "Opep du gaz", d'autant que M. Bouteflika a jouté que "l'augmentation de la part du GNL (gaz naturel liquéfié) dans le commerce international du gaz et l'intensification de l'unification des réseaux de distribution préparent le terrain pour créer un marché gazier semblable à celui du pétrole". Dans ce contexte, M. Bouteflika a appelé à "améliorer le fonctionnement" du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) qui "doit jouer un rôle plus actif dans l'échange d'informations entre ses participants". Après avoir déclaré, il y a moins d'une année, qu'il ne fallait pas "rejeter a priori" la possibilité d'une Opep du gaz, et que l'initiative méritait d'être "examinée et discutée entre tous les intéressés", le président de la République réaffirme, à l'occasion de sa visite à Moscou, que l'Algérie s'inscrit dans cette perspective. Pour rappel, l'idée germait depuis déjà plusieurs années. L'Iran, qui dispose des secondes réserves mondiales de gaz, a été le premier pays à suggérer l'idée d'une "Opep du gaz". Lui emboîtant le pas, le Venezuela, la Bolivie et l'Argentine ont poussé à leur tour vers la création d'une telle organisation. Le Qatar, troisième producteur mondial, mais premier exportateur de gaz liquéfié, y est favorable. A Davos, son ministre de l'Énergie, Hamad Al Attiyah, a indiqué avoir demandé à un expert d'étudier cette idée. Des positions qui rejoignent celles émises par le président russe, Vladimir Poutine, qui a estimé que "cette Opep du gaz est une idée intéressante" et que la Russie allait "y réfléchir". Mieux encore, le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) est en train d'examiner l'éventualité de la transformation de ce club informel qui ne possède aucun organe centralisé de direction et de coordination du travail en une sérieuse organisation internationale de fournisseurs de gaz, à l'instar de l'Opep. Lors de sa réunion, le 9 avril 2007 à Doha, le FPEG a décidé de créer un haut comité technique, présidé par la Russie, pour étudier la question. Selon le quotidien russe Kommersant daté du 24 janvier, cette "Opep du gaz" pourrait voir le jour lors du 7e forum du FPEG à Moscou en juin 2008. Et un projet de charte pourrait être discuté et adopté.