Sous la bannière populaire initiatique, les Algériens se sont regroupés pour le septième vendredi consécutif pour refuser la continuation des restes du pouvoir, et ce, afin de permettre au peuple de nouer avec sa souveraineté la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Une démarche propre et une mobilisation massive qui permettent à la situation, en la dépouillant et en l'exaltant, d'atteindre toutes ses dimensions pouvant mettre un terme à cette crise sans précédent que vit l'Algérie. Les manifestants en éveil dans la rue depuis le 22 février dernier, sur la question du changement radical du système ont donné des réponses immédiates et ponctuelles, à savoir ; le départ de tous les dirigeants du pays. Pour une fois, les citoyens se sont donné la main pour dire qu'ils ne sont pas des " hommes de parti ", et qu'ils ne sont pas soumis aux contraintes des " hommes politiques " car le discours politique-partisan jusqu'à présent a été un discours pauvre, et souvent débilitant. Depuis très longtemps il est remarqué un véritable hiatus entre la conception qu'ont les Algériens de la vie en société et le discours des hommes politiques, qui sont coincés par les règles d'un jeu qu'ils pratiquent trop souvent pour des ambitions personnelles. Face à cet encombrement qui persiste, le peuple algérien tient à la naissance d'une nouvelle société plus démocratique et exige de l'état-major de l'ANP d'y réfléchir dans le seul intérêt de la Nation surtout à veiller à la " décentralisation " de la démocratie qui a été centralisée durant deux décennies et dominée en haut lieu de l'Etat. Dans ce concert populaire destiné à " neutraliser " un pouvoir qui s'est détaché du peuple, les gens qui sont sortis dans la rue semblent tellement obsédés par le retard démocratique, économique et social du pays qu'ils ont doublé d'ardeur, de ne plus céder leur droit d'aînesse sur la démocratie et sur l'avenir du pays ; Ici, il y a lieu de rappeler l'édito de la revue El-Djeich " dans sa livraison du mois d'avril qui met en relief la maturité du peuple algérien face aux développements que connaît la scène nationale. " Les Algériens sont pleinement conscients que la solution proposée est à même d'éviter au pays d'aller vers un vide institutionnel et de se retrouver dans une situation aux lendemains incertains ". L'éditorialiste ajoute : " Au moment où il est attendu de tous de faire prévaloir l'esprit patriotique, la sincérité, l'abnégation et les intérêts suprêmes du pays, certaines parties mues, par le biais de manœuvres et de plans préjudiciables aux intérêts suprêmes du pays, tentent de porter atteinte à la crédibilité et à l'image de l'institution militaire par des intentions malveillantes et des intérêts étroits, afin de faire avorter les revendications légitimes clairement exprimées par le peuple lors des manifestations pacifiques qui ont englobé l'ensemble des wilayas du pays ". Il est dit que " ces parties, à travers une campagne médiatique concertée et tendancieuse, véhiculant des informations fallacieuses dans les médias conventionnels et sur les réseaux sociaux, visant l'ANP, se sont arrogé le droit de s'exprimer au nom du peuple, en faisant croire que ce dernier refusait l'application de l'article 102, ce qui est loin de la vérité et que dément la réalité. "En conséquence, se berce d'illusions celui qui croit que tel ou tel plan pourrait tromper le peuple, tant le consolider ces dernières années, au point que ces vociférations qui s'élèvent, au service d'intérêts personnels étroits et au détriment des intérêts suprêmes de la patrie, ne sauraient, en aucune circonstance, le rompre ", insiste la revue El-Djeich, assurant que le " lien vital entre le peuple et son armée n'a jamais été rompu, quelles que soient les circonstances ". Mais s'il est de bon ton de mettre une croix sur la gestion, la gouvernance du pays durant ces deux dernières décennies , n'est-il pas temps de s'interroger sur la période de transition et la mise e n relief saine des articles 7et 8 de la Constitution prévoyant que " le peuple est la source de tout pouvoir " ? Mais voilà encore, la marche de vendredi est revenue sur cette question en exigeant le départ immédiat du président du Conseil de la nation, le président du Conseil constitutionnel, du Premier ministre et de son gouvernement dans l'objectif de favoriser la gestion de la période de transition avec des hommes nouveaux qui comprennent la nécessité du changement exigé par le peuple, sans que, dans l'état présent des choses, il puisse être question d'un travail de sape des revendications populaires. Dans cet esprit, la classe politique a le devoir de contribuer à trouver les pistes lui permettant de s'inscrire dans le camp du peuple et de l'état-major de l'ANP. D'ailleurs, pour le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah ,c'est maintenant, en effet, le peuple qui assume et assumera chaque jour davantage la responsabilité du combat pour recouvrir ses droits sur la démocratie. Oui, de son aptitude au sacrifice, au civisme, de son sens de l'organisation, de sa maturité dépendront l'issue de la transition et la prochaine élection présidentielle pour aboutir à la naissance d'une nouvelle République. Dans un contexte d'intérêt de la patrie, la protestation est devenue une protestation de la vraie élite populaire créative du renouveau de l'Etat de droit, y compris de toutes les catégories sociales, contre la cruauté politique et démocratique du système. Dans ce contexte, la revue El-Djeich dans sa livraison du mois d'avril vient une fois de plus de rappeler que " La voix du peuple est souveraine ", soit un autre engagement fort de l'ANP d'avaliser les " revendications légitimes " du peuple pour un vrai changement. Il est rappelé à ce propos les déclarations du chef d'état-major , selon lesquelles il devenait " nécessaire ", voire impératif d'adopter une solution pour sortir de la crise, qui réponde aux revendications légitimes du peuple algérien et qui garantisse le respect des dispositions de la Constitution et le maintien de la souveraineté de l'Etat. Une solution selon l'éditorialiste de la revue à même d'aboutir à un consensus de l'ensemble des visions et faire l'unanimité de toutes les parties, à savoir la solution stipulée par la Constitution dans son article 102.