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Le Cour des miracles
Publié dans Le Midi Libre le 16 - 02 - 2008

Un peu par défaut, le Cours de la Révolution à toujours la côte. La fraîcheur matinale est encore vive et l'humidité, émanation d'une mer qu'on devine sans la voir ne décourage pas les indécrottables habitudes bônoises. Un café sur les pavés de «l'Ours Polaire» ou des autres kiosques est pour beaucoup un rituel sacré. Pas seulement. Depuis que Annaba s'est «normalisée» en désertant les sentiers de la joie de vivre, s'installer sur le Cours a aussi ses relents de désespoir. Il arrive donc qu'on vienne ici parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Le plaisir n'a plus l'exclusivité de la motivation et le réflexe, autrefois, guidé par la certitude d'un moment de bonheur simple devient une accoutumance aux contours de mal obligé. Alors , on va s'attabler sur le Cour parce que c'est plus simple pour un rendez- vous sans dessein, parce que le thé est toujours bon marché, le soleil gratuit pour tout le monde quand il y en a et le temps n'est plus un souci. Des jeunes squattent des chaises comme d'autres offrent leur dos aux murs des immeubles de quartier. « A Alger, vous avez les hittistes, ici nous avons les couristes », résume l'un d'entre eux, perplexe mais fier de sa formule. Hafidh- c'est son prénom- n'est pourtant pas l'archétype du chômeur pleurnichard. Il s'accommode parfaitement de l'alternance de ses situations. Entre une Tiha et une Noudha, il patiente, en attendant le gros lot. L'ANSEJ, les formations et la stabilité à douze mille dinars par mois, «non merci, c'est pas pour moi. Le gouvernement n'a qu'à les donner à des gens moins exigeants parce que moins débrouillards. Aujourd'hui, je vais me contenter d'un sandwich et d'un café, demain je peux me retrouver au Plazza ou mieux, à Tunis. C'est ça la vie A Baba.» Il n'y a pas que Hafidh sur le Cours. Youcef est fonctionnaire. Algérois coincé, il donne l'impression de s'en vouloir d'être là, mais pense que cet endroit est le seul espace vivable à Annaba en dehors de son bureau et de son appartement de fonction. Constat expéditif servi entre une gorgée de café serré et le geste calculé d'un bureaucrate retournant à son journal. Il n'y a plus de femmes sur le Cours ? «C'est rare et surtout pas à cette heure-ci. Leur truc à elles, ce sont les glaces et cette période de l'année n'est pas la bonne», positive quelqu'un, avant d'être interrompu sec par son copain, manifestement plus éloquent et mieux au fait des choses de la ville. «Rien à voir, mon frère. Ce sont les barbus qui ont définitivement fait rentrer les femmes à la maison. Ne me parlez surtout pas des voyous, il y'en a toujours eu à Annaba. Ca n'a empêché personne de sortir et de s'amuser dans cette ville qui était une référence en matière d'ouverture.» Le soleil, presque inutile inonde le Cours de la Révolution. Il y en a même pour l'Algérois coincé et la vieille mendiante entamant sa «journée de travail» sur un banc public, assez loin de «l'Ours Polaire». A une table sont venus s'installer deux jeunes mal réveillés s'il se trouve qu'ils ont dormi de la nuit. Ils tiendront leurs chaises en couristes accomplis et le serveur ne viendra même pas vers eux. A moins qu'ils ne l'appellent, ce qui veut dire qu'aujourd'hui, ils ont de quoi se payer un café à siroter des heures durant. Le soleil, ce n'est pas vraiment un souci pour eux.
Un peu par défaut, le Cours de la Révolution à toujours la côte. La fraîcheur matinale est encore vive et l'humidité, émanation d'une mer qu'on devine sans la voir ne décourage pas les indécrottables habitudes bônoises. Un café sur les pavés de «l'Ours Polaire» ou des autres kiosques est pour beaucoup un rituel sacré. Pas seulement. Depuis que Annaba s'est «normalisée» en désertant les sentiers de la joie de vivre, s'installer sur le Cours a aussi ses relents de désespoir. Il arrive donc qu'on vienne ici parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Le plaisir n'a plus l'exclusivité de la motivation et le réflexe, autrefois, guidé par la certitude d'un moment de bonheur simple devient une accoutumance aux contours de mal obligé. Alors , on va s'attabler sur le Cour parce que c'est plus simple pour un rendez- vous sans dessein, parce que le thé est toujours bon marché, le soleil gratuit pour tout le monde quand il y en a et le temps n'est plus un souci. Des jeunes squattent des chaises comme d'autres offrent leur dos aux murs des immeubles de quartier. « A Alger, vous avez les hittistes, ici nous avons les couristes », résume l'un d'entre eux, perplexe mais fier de sa formule. Hafidh- c'est son prénom- n'est pourtant pas l'archétype du chômeur pleurnichard. Il s'accommode parfaitement de l'alternance de ses situations. Entre une Tiha et une Noudha, il patiente, en attendant le gros lot. L'ANSEJ, les formations et la stabilité à douze mille dinars par mois, «non merci, c'est pas pour moi. Le gouvernement n'a qu'à les donner à des gens moins exigeants parce que moins débrouillards. Aujourd'hui, je vais me contenter d'un sandwich et d'un café, demain je peux me retrouver au Plazza ou mieux, à Tunis. C'est ça la vie A Baba.» Il n'y a pas que Hafidh sur le Cours. Youcef est fonctionnaire. Algérois coincé, il donne l'impression de s'en vouloir d'être là, mais pense que cet endroit est le seul espace vivable à Annaba en dehors de son bureau et de son appartement de fonction. Constat expéditif servi entre une gorgée de café serré et le geste calculé d'un bureaucrate retournant à son journal. Il n'y a plus de femmes sur le Cours ? «C'est rare et surtout pas à cette heure-ci. Leur truc à elles, ce sont les glaces et cette période de l'année n'est pas la bonne», positive quelqu'un, avant d'être interrompu sec par son copain, manifestement plus éloquent et mieux au fait des choses de la ville. «Rien à voir, mon frère. Ce sont les barbus qui ont définitivement fait rentrer les femmes à la maison. Ne me parlez surtout pas des voyous, il y'en a toujours eu à Annaba. Ca n'a empêché personne de sortir et de s'amuser dans cette ville qui était une référence en matière d'ouverture.» Le soleil, presque inutile inonde le Cours de la Révolution. Il y en a même pour l'Algérois coincé et la vieille mendiante entamant sa «journée de travail» sur un banc public, assez loin de «l'Ours Polaire». A une table sont venus s'installer deux jeunes mal réveillés s'il se trouve qu'ils ont dormi de la nuit. Ils tiendront leurs chaises en couristes accomplis et le serveur ne viendra même pas vers eux. A moins qu'ils ne l'appellent, ce qui veut dire qu'aujourd'hui, ils ont de quoi se payer un café à siroter des heures durant. Le soleil, ce n'est pas vraiment un souci pour eux.

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