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Le caricaturiste revient parmi les siens
Portrait, tayeb Arab
Publié dans Le Midi Libre le 18 - 03 - 2008

Aujourd'hui, ce dessinateur et artiste peintre revient parmi les siens, et il est tout étonné de découvrir une nouvelle Algérie, avec des jeunes qui ne connaissent ni son nom ni son œuvre. C'est pour cette nouvelle génération qu'il est revenu, pour faire un bout de chemin avec eux.
Aujourd'hui, ce dessinateur et artiste peintre revient parmi les siens, et il est tout étonné de découvrir une nouvelle Algérie, avec des jeunes qui ne connaissent ni son nom ni son œuvre. C'est pour cette nouvelle génération qu'il est revenu, pour faire un bout de chemin avec eux.
Il y eut une époque où l'on disait : qui ne connaît pas Arab ? C'était la décennie 70. Aujourd'hui, la question est «qui connaît Arab ?», ce dessinateur de presse des années 70, qui écumait les colonnes du prestigieux journal la République (el Djemhouria) d'Oran, peut être considéré comme le père de la caricature en Algérie. Ami d'Issiakhem, Kateb Yacine, Benamar Mediène, il aimait croquer l'actualité, en ces années de bouillonnement culturel et révolutionnaire, où les ciseaux de la censure étaient pourtant très vigilants. La pensée unique était à son apogée, bien installée dans son fauteuil (dans son koursi pour reprendre une expression populaire). Et les convocations au commissariat n'étaient pas rares, pour cet adolescent de 17 ans qui ne s'était pas du tout préparé à une telle situation.
Disponible, il l'était. Le journal était tout pour lui. C'était son univers, sa famille, il y passait l'essentiel de son temps. Il y était du matin … au matin. Alors, on le faisait travailler, et il ne disait pas non : 5 ou 6 dessins par jour, parfois, plus. Quand il y avait un trou à remplir, raconte Boulhalfa, actuel directeur d'El Djoumhouria, au moment du bouclage, on appelait Arab, qui fournissait volontiers un dessin pour combler le vide. Un dessin esquissé sur le marbre même. Et c'était à chaque fois un trait de génie.
Et Rose elle vécut ce que vivent les roses, écrit le poète. Il en est de même de la République d'Oran. A force de faire des vagues, de déranger le système et les pontes bien pensantes du régime, l'inévitable est arrivé. Le journal, arabisé, perdit son rang de leader de la presse francophone en Algérie, avec ses tirages frisant les 250.000 exemplaires, ce qui était énorme pour l'époque.
Qui connaît Arab, caricaturiste des années 70 ? Oui, les années 70. C'est si loin, et pourtant si proche. Le passé nous rattrape, parce que le présent ne peut pas faire table rase de tout ce qui a été réalisé par les aînés. Aujourd'hui, ce dessinateur et artiste peintre, qui vit à Montpellier, en France, revient parmi les siens, et il est tout étonné de découvrir une nouvelle Algérie, avec des jeunes qui ne connaissent ni son nom ni son œuvre. C'est pour cette nouvelle génération qu'il est revenu, pour faire un bout de chemin avec eux. Certes, son œuvre atteint à l'universel, mais elle a aussi besoin de se ressourcer auprès de tous ces jeunes dont il pourrait être le grand frère. Il revient après trente ans d'absence dans un pays qu'il a quitté en 1981. Par la suite, il a travaillé entre autres à Afrique Asie, le journal de Simon Malley, mais aussi le Canard enchaîné.
Pourtant, rien ne prédestinait cet enfant né dans un milieu modeste, et dont les parents étaient, dit-il, illettrés, à investir le monde de la presse au point d'en être l'un des plus dignes représentants. «Je viens d'un milieu très modeste. Pour dessiner, je ramassais des cartons dans la rue. Mon crayon, usé, était si petit que quand je le perdais, je mettais deux heures à le chercher.» Il dessinait avant de savoir lire et écrire. Un jour, il avait envoyé ses dessins à un journal local, sans espoir d'être publié. Mais il le fut. Il fut convoqué et recruté comme bouliste (il s'occupait du télex). On lui a même conseillé de s'inscrire à l'école des Beaux-Arts pour parfaire ses connaissances, mais il dessinait mieux que les professeurs. C'est dire. L'arrivée de Bachir Rezzoug en tant que directeur du journal la République, allait changer la donne. Bachir donna des conseils à Arab et lui permit de s'exprimer, d'éclater, de laisser s'exprimer son crayon, ce qu'il fait de bonne grâce, participant à cette belle aventure que fut la République d'Oran. Petit à petit, Arab commençait à prendre des libertés, à faire de vraies caricatures, n'hésitant pas à tirer sur tout ce qui bouge. Résultat : il recevait des menaces, et il se retrouvait au commissariat pour un interrogatoire. Mais un coup de fil anonyme le faisait libérer «Je ne savais pas qui donnait ce coup de fil. Peut-être Boumediene lui-même. Comme je critiquais tout le monde, sauf lui, il devait apprécier.»
Il faut dire qu'au milieu d'un discours officiel ronronnant, où toute voix discordante était étouffée dans l'œuf, la République osait s'attaquer à tous les problèmes de la société et les dessins d'Arab faisaient passer avec humour les messages facilement déchiffrables par tous.
Dans la biographie de cet artiste, on peut lire que Arab est né à Oran dans une famille modeste, d'un père ouvrier dans une cimenterie et d'une mère au foyer de santé fragile. Depuis l'enfance, il dessinait, mais rien dans son environnement social ou familial ne le prédisposait à faire une carrière d'artiste. Lorsqu'il quitte le collège avec un CAP d'électricien, il préfère travailler comme peintre en lettres pour la publicité murale. Mais il est si mal payé qu'il devient contrebandier, seule façon de faire sortir sa famille du besoin, son père ayant été mis au chômage après la fermeture de la cimenterie. Et la voilà, à quinze ans, obligé de travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Il traverse la frontière, se rend au Maroc, dort dans des cimetières, soudoie des douaniers, des chauffeurs de bus et ramène des disques indous, des cuivres, des tissus de velours brodés qu'il revend dans son quartier.
A 17 ans, donc, il envoie ses dessins à la rubrique des jeunes du talent du journal la République qui les publie et lui consacre un article élogieux. La suite, on la connaît. C'est le début d'une belle aventure qui donnera naissance à l'un des meilleurs artistes d'Algérie, qui va perfectionner son travail aux côtés de grands reporters, mais aussi d'Issiakhem, Kateb Yacine, Mohamed Khadda.
Encouragé par Bachir Rezzoug, qui reconnaît en lui un talent sûr et le pionnier d'un art en formation en Algérie, il va devenir en quelque de temps le maître incontesté de la caricature algérienne en publiant pas moins de 7000 dessins et caricatures. Dessinateur autodidacte de 18 ans, parrainé par des artistes d'envergure international comme Kateb Yacine et le peintre Issiakhem qui collaboraient à l'époque à la République, Arab fera ses classes, certains le surnomment déjà le «Daumier» algérien.
Il intègre rapidement l'intelligentsia de gauche algérienne, et soutient les luttes aussi bien nationales qu'internationales, fréquentant assidûment la cinémathèque, le théâtre professionnel et amateur, crée des affiches pour Alloula, organise des expositions collectives avec Hankour et Zerouki et aide les jeunes artistes. Lui, l'enfant contrebandier (un trabendiste avant l'heure), qui avait appris la vie hors des livres tout en dévorant tous ceux qui étaient à sa portée, prenait revanche sur la vie et la mordait à belles dents. Mais il ne se sentait jamais assez bien qu'en compagnie des gens simples qui lui parlaient de leur quotidien, dans cette Algérie concrète où les inégalités sociales devenaient de plus en plus criantes.
En 1976, cependant, l'arabisation brutale du journal va donner un coup de frein brutal à sa carrière de caricaturiste en Algérie. Il quitte Oran en 1978 et s'installe à Boumerdès, dans l'Algérois où il collabore quelques mois à l'hebdomadaire Algérie Actualité et Révolution africaine, mais lui l'homme en prise directe avec l'actualité depuis plus de dix ans ne se retrouve pas dans cette presse hebdomadaire et dès l'été 1979, il la quitte pour se consacrer à la peinture. En 1981, il s'installe à Paris en France et collabore au bimensuel Afrique Asie, dont la politique éditoriale lui rappelle la République, mais la vie parisienne ne lui convient pas, il n'arrive pas à peindre et il quitte Paris en 1983 pour Orléans, où il peut enfin reprendre la peinture tout en envoyant des dessins au journal, mais la nostalgie du soleil et de la Méditerranée lui fait choisir en 1986 de s'installer dans le Midi de la France où il réside encore aujourd'hui - dans la campagne -, près de Montpellier au milieu des chênes et des oliviers.
Il y eut une époque où l'on disait : qui ne connaît pas Arab ? C'était la décennie 70. Aujourd'hui, la question est «qui connaît Arab ?», ce dessinateur de presse des années 70, qui écumait les colonnes du prestigieux journal la République (el Djemhouria) d'Oran, peut être considéré comme le père de la caricature en Algérie. Ami d'Issiakhem, Kateb Yacine, Benamar Mediène, il aimait croquer l'actualité, en ces années de bouillonnement culturel et révolutionnaire, où les ciseaux de la censure étaient pourtant très vigilants. La pensée unique était à son apogée, bien installée dans son fauteuil (dans son koursi pour reprendre une expression populaire). Et les convocations au commissariat n'étaient pas rares, pour cet adolescent de 17 ans qui ne s'était pas du tout préparé à une telle situation.
Disponible, il l'était. Le journal était tout pour lui. C'était son univers, sa famille, il y passait l'essentiel de son temps. Il y était du matin … au matin. Alors, on le faisait travailler, et il ne disait pas non : 5 ou 6 dessins par jour, parfois, plus. Quand il y avait un trou à remplir, raconte Boulhalfa, actuel directeur d'El Djoumhouria, au moment du bouclage, on appelait Arab, qui fournissait volontiers un dessin pour combler le vide. Un dessin esquissé sur le marbre même. Et c'était à chaque fois un trait de génie.
Et Rose elle vécut ce que vivent les roses, écrit le poète. Il en est de même de la République d'Oran. A force de faire des vagues, de déranger le système et les pontes bien pensantes du régime, l'inévitable est arrivé. Le journal, arabisé, perdit son rang de leader de la presse francophone en Algérie, avec ses tirages frisant les 250.000 exemplaires, ce qui était énorme pour l'époque.
Qui connaît Arab, caricaturiste des années 70 ? Oui, les années 70. C'est si loin, et pourtant si proche. Le passé nous rattrape, parce que le présent ne peut pas faire table rase de tout ce qui a été réalisé par les aînés. Aujourd'hui, ce dessinateur et artiste peintre, qui vit à Montpellier, en France, revient parmi les siens, et il est tout étonné de découvrir une nouvelle Algérie, avec des jeunes qui ne connaissent ni son nom ni son œuvre. C'est pour cette nouvelle génération qu'il est revenu, pour faire un bout de chemin avec eux. Certes, son œuvre atteint à l'universel, mais elle a aussi besoin de se ressourcer auprès de tous ces jeunes dont il pourrait être le grand frère. Il revient après trente ans d'absence dans un pays qu'il a quitté en 1981. Par la suite, il a travaillé entre autres à Afrique Asie, le journal de Simon Malley, mais aussi le Canard enchaîné.
Pourtant, rien ne prédestinait cet enfant né dans un milieu modeste, et dont les parents étaient, dit-il, illettrés, à investir le monde de la presse au point d'en être l'un des plus dignes représentants. «Je viens d'un milieu très modeste. Pour dessiner, je ramassais des cartons dans la rue. Mon crayon, usé, était si petit que quand je le perdais, je mettais deux heures à le chercher.» Il dessinait avant de savoir lire et écrire. Un jour, il avait envoyé ses dessins à un journal local, sans espoir d'être publié. Mais il le fut. Il fut convoqué et recruté comme bouliste (il s'occupait du télex). On lui a même conseillé de s'inscrire à l'école des Beaux-Arts pour parfaire ses connaissances, mais il dessinait mieux que les professeurs. C'est dire. L'arrivée de Bachir Rezzoug en tant que directeur du journal la République, allait changer la donne. Bachir donna des conseils à Arab et lui permit de s'exprimer, d'éclater, de laisser s'exprimer son crayon, ce qu'il fait de bonne grâce, participant à cette belle aventure que fut la République d'Oran. Petit à petit, Arab commençait à prendre des libertés, à faire de vraies caricatures, n'hésitant pas à tirer sur tout ce qui bouge. Résultat : il recevait des menaces, et il se retrouvait au commissariat pour un interrogatoire. Mais un coup de fil anonyme le faisait libérer «Je ne savais pas qui donnait ce coup de fil. Peut-être Boumediene lui-même. Comme je critiquais tout le monde, sauf lui, il devait apprécier.»
Il faut dire qu'au milieu d'un discours officiel ronronnant, où toute voix discordante était étouffée dans l'œuf, la République osait s'attaquer à tous les problèmes de la société et les dessins d'Arab faisaient passer avec humour les messages facilement déchiffrables par tous.
Dans la biographie de cet artiste, on peut lire que Arab est né à Oran dans une famille modeste, d'un père ouvrier dans une cimenterie et d'une mère au foyer de santé fragile. Depuis l'enfance, il dessinait, mais rien dans son environnement social ou familial ne le prédisposait à faire une carrière d'artiste. Lorsqu'il quitte le collège avec un CAP d'électricien, il préfère travailler comme peintre en lettres pour la publicité murale. Mais il est si mal payé qu'il devient contrebandier, seule façon de faire sortir sa famille du besoin, son père ayant été mis au chômage après la fermeture de la cimenterie. Et la voilà, à quinze ans, obligé de travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Il traverse la frontière, se rend au Maroc, dort dans des cimetières, soudoie des douaniers, des chauffeurs de bus et ramène des disques indous, des cuivres, des tissus de velours brodés qu'il revend dans son quartier.
A 17 ans, donc, il envoie ses dessins à la rubrique des jeunes du talent du journal la République qui les publie et lui consacre un article élogieux. La suite, on la connaît. C'est le début d'une belle aventure qui donnera naissance à l'un des meilleurs artistes d'Algérie, qui va perfectionner son travail aux côtés de grands reporters, mais aussi d'Issiakhem, Kateb Yacine, Mohamed Khadda.
Encouragé par Bachir Rezzoug, qui reconnaît en lui un talent sûr et le pionnier d'un art en formation en Algérie, il va devenir en quelque de temps le maître incontesté de la caricature algérienne en publiant pas moins de 7000 dessins et caricatures. Dessinateur autodidacte de 18 ans, parrainé par des artistes d'envergure international comme Kateb Yacine et le peintre Issiakhem qui collaboraient à l'époque à la République, Arab fera ses classes, certains le surnomment déjà le «Daumier» algérien.
Il intègre rapidement l'intelligentsia de gauche algérienne, et soutient les luttes aussi bien nationales qu'internationales, fréquentant assidûment la cinémathèque, le théâtre professionnel et amateur, crée des affiches pour Alloula, organise des expositions collectives avec Hankour et Zerouki et aide les jeunes artistes. Lui, l'enfant contrebandier (un trabendiste avant l'heure), qui avait appris la vie hors des livres tout en dévorant tous ceux qui étaient à sa portée, prenait revanche sur la vie et la mordait à belles dents. Mais il ne se sentait jamais assez bien qu'en compagnie des gens simples qui lui parlaient de leur quotidien, dans cette Algérie concrète où les inégalités sociales devenaient de plus en plus criantes.
En 1976, cependant, l'arabisation brutale du journal va donner un coup de frein brutal à sa carrière de caricaturiste en Algérie. Il quitte Oran en 1978 et s'installe à Boumerdès, dans l'Algérois où il collabore quelques mois à l'hebdomadaire Algérie Actualité et Révolution africaine, mais lui l'homme en prise directe avec l'actualité depuis plus de dix ans ne se retrouve pas dans cette presse hebdomadaire et dès l'été 1979, il la quitte pour se consacrer à la peinture. En 1981, il s'installe à Paris en France et collabore au bimensuel Afrique Asie, dont la politique éditoriale lui rappelle la République, mais la vie parisienne ne lui convient pas, il n'arrive pas à peindre et il quitte Paris en 1983 pour Orléans, où il peut enfin reprendre la peinture tout en envoyant des dessins au journal, mais la nostalgie du soleil et de la Méditerranée lui fait choisir en 1986 de s'installer dans le Midi de la France où il réside encore aujourd'hui - dans la campagne -, près de Montpellier au milieu des chênes et des oliviers.


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