Que reste-t-il des villages agricoles socialistes (VAS) construits dans la wilaya de Boumerdès au milieu des années 1970 ? Une question qui mérite un intérêt particulier du point de vue historique et surtout en raison du rôle de ces habitations dans le développement de notre pays. Lorsqu'on évoque les villages agricoles, c'est en quelque sorte le retour vers l'ère Houari Boumediene qui en avait fait son cheval de bataille, la terre à ceux qui la travaillent et c'est pour cela qu'il avait eu l'idée de construire des villages afin de rapprocher le fellah de la terre. Il existe plus d'une dizaine de villages agricoles dans la wilaya de Boumerdès, répartis à travers plusieurs localités, notamment celles rurales et semi-rurales. L'état dans lequel se trouvent ces cantonnements est le moins que l'on puisse dire lamentable. Un décor hideux, des constructions anarchiques et un manque en tous genres, tel est leur état actuellement. Depuis des années, l'on assiste impuissant à la disparition de ces cités qui ont fait la grandeur de tout un pays. En tout cas, les exemples ne manquent pas. Au contraire, en sillonnant les localités de cette wilaya, on a constaté la décadence de ces villes typiquement historiques. Dans la commune des Issers, le VSA, appelé communément Lâabid, est frappé d'une léthargie qui ne dit pas son nom. Pour le commun des habitants, ce village a perdu grandement son image d'antan. «Tout ce qui reste du patrimoine immobilier est un hammam qui a été restauré par un particulier du village», nous dira un habitant dudit village. L'aménagement urbain est des plus souffrant. Absence de trottoirs, absence de systèmes de drainage des eaux pluviales, les routes des quartiers sont quasiment impraticables et les espaces verts ont disparu. En matière d'infrastructures de base, jadis, ledit village était bien loti. Actuellement, tous les édifices publics sont soit fermés soit squattés ou démolis. L'antenne administrative qui y existait a été squattée par un particulier pour les besoins d'une habitation. Concernant la bibliothèque, l'unique édifice culturel du village, elle a été transformée en brigade pour les gardes communaux durant la décennie noire. Pour le village agricole Ali-Boudhar, dans la commune de Si Mustapha, la situation dans laquelle vivotent les habitants n'est guère reluisante. Ceux-ci se plaignent de différentes carences qui ne font qu'envenimer leur quotidien déjà fragilisé par les aléas du temps. Parmi ses insuffisances, l'on peut citer celles relatives à l'absence du gaz naturel et aux soins médicaux. Le calvaire des habitants se fait ressentir particulièrement en périodes hivernales. De ce fait, ils parcourent des kilomètres pour se faire soigner au niveau des centres hospitaliers de Thénia ou de Bordj-Menaïel. En outre, l'annexe de l'APC, transformée en logement d'astreinte, et le bureau de poste sont, depuis belle lurette, inopérants. La grande disparition des édifices publics Plus loin, vers l'est de la wilaya, tous les édifices publics du village agricole n° 2, dans la localité de Naciria, sont pratiquement squattés par des familles qui avaient fuit leurs localités natales en raison de la menace terroriste qui pesaient sur eux. Ni le hammam, ni l'annexe de l'APC, ni encore la maison de jeunes ont été épargnés par le squat. Cette situation a pesé négativement sur les habitants de ce village, appelé habituellement Boudjlal El-Ghorf. A cela s'ajoute la dégradation avancée du réseau routier du village et la détérioration des trottoirs par les extensions des habitations. N'ayant pas trouvé d'endroit pour s'évader, les jeunes préfèrent s'adonner au commerce informel. Des baraques de fortune faites de tôle et de zinc poussent comme des champignons. Et le phénomène de la délinquance ne fait que de prendre une courbe ascendante et ce, en l'absence totale d'endroits de divertissement. De même pour les habitants du village agricole de Chaâbet El-Ameur qui manque de tout. Mis à part d'un terrain Matico réalisé récemment, ce village souffre autant que ses habitants d'une multitude de problèmes : absence d'un bureau de poste, travaux d'une annexe APC à l'arrêt depuis plus de vingt ans et détérioration du réseau routier, notamment au niveau des quartiers se trouvant à l'ouest du village. En somme, les villages agricoles ne sont plus les endroits où il faisait bon d'y vivre. Depuis des années, l'on assiste impuissant à la disparition de ces cités qui ont fait la grandeur de tout un pays. En tout cas, les exemples ne manquent pas. Au contraire, en sillonnant les localités de cette wilaya, on a constaté la décadence de ces villes typiquement historiques. De ce fait, ils parcourent des kilomètres pour se faire soigner au niveau des centres hospitaliers de Thénia ou de Bordj Menaïel. En outre, l'annexe de l'APC, transformée en logement d'astreinte, et le bureau de poste sont, depuis belle lurette, inopérants. Cette situation a pesé négativement sur les habitants de ce village, appelé habituellement Boudjlal El-Ghorf. Et le phénomène de la délinquance ne fait que de prendre une courbe ascendante et ce, en l'absence totale d'endroits de divertissement. Bordj-Menaïel, Aomar Boukhil, un village qui manque de tout Les habitants du village agricole Aomar Boukhil, situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Bordj Menaïel, sont toujours en quête d'une prise en charge de leurs préoccupations par les autorités concernées (APC, daïra, wilaya). Moyens de transport insuffisants, absence d'école et d'infrastructure de santé, taux de chômage très élevé chez les jeunes, réseau routier en piteux état, manque d'éclairage public, et la liste est longue. Mis à part une école primaire, il n'existe rien du tout. Les habitants réclament des solutions à leurs problèmes à travers la programmation de projets de développement qui puissent répondre à leurs aspirations et soustraire la région du sous-développement. «Notre village est un lieu où tout manque alors qu'il relève de la commune de Bordj-Menaïel», nous dira l'un des villageois. Et d'enchaîner : «Nous attendons en vain la réfection de ce réseau routier depuis des années. Les jeunes sont abandonnés, il n'existe aucune structure de loisirs : ni maison de jeunes ni stade de football. L'équipe a été dissoute et si la situation persiste elle risque d'être une source de colère des habitants», affirme notre interlocuteur. Le manque d'eau potable et l'absence d'un réseau AEP est l'autre point signalé, sans oublier le branchement au gaz naturel. Le village souffre de plusieurs autres manques, dont le téléphone, l'internet, une salle de soins. Les habitants sont contraints de se rendre en ville pour se soigner et pour s'y rendre, c'est un véritable parcours du combattant. La population de ce village attend toujours des pouvoirs publics un geste salvateur synonyme de réduction de la misère et de l'isolement.