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Un univers invisible
Le marché informel de l'or
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 04 - 2008

La commercialisation de l'or en Algérie est sous contrôle des grands spéculateurs de tous bords, mais qui sont bien placés pour mener leur activité sereinement. L'émergence du circuit informel, spécialisé dans la commercialisation des produits précieux, a porté un coup fatal au marché national.
La commercialisation de l'or en Algérie est sous contrôle des grands spéculateurs de tous bords, mais qui sont bien placés pour mener leur activité sereinement. L'émergence du circuit informel, spécialisé dans la commercialisation des produits précieux, a porté un coup fatal au marché national.
Au moment où les besoins du marché national en or s'élèvent à trois tonnes, à en croire le directeur général de l'ENOR, les quantités disponibles sur le marché national réglementé sont seulement d'une tonne. De ce fait, tout le besoin restant en matière d'or est comblé par le marché informel, a-t-il témoigné. A ce sujet, il est à signaler que la commercialisation des produits de la joaillerie en Algérie commence, depuis quelques années, à connaître, une évolution fulgurante. En effet, les circuits informels spécialisés dans la commercialisation illégale de l'or sont en progression continue. Ils se structurent dans l'ombre et sous l'œil vigilant de ses «barons».
A Oued Kniss, dans la commune de Belouizdad, où le commerce de l'or s'exerce couramment et quotidiennement, on trouve toutes sortes de qualités et de produits de joaillerie qui sont proposés, dans certaines circonstances, à des prix imbattables, à en croire certains clients rencontrés sur place. «Je viens d'acheter une bague de trois grammes pour 2.900 DA», témoigne Samia, et d'ajouter dans sa lancée : «Une bague pareille ne se vend pas à moins de 6.000 DA en bijouterie». Des bracelets, des bagues, des chaînes, des médaillons et autres objets de valeur sont de fabrication locale ou importés. La différence qu'on peut relever, cependant, en matière d'objets proposés se situe au niveau des prix. Ainsi, "des bagues poinçonnées, dites importées d'Italie ou de Syrie, sont rarement cédées à moins de 10.000 DA", souligne Na Karima, une vieille connue dans le circuit. Cette dame est plutôt spécialisée dans la vente de bijoux fabriqués à l'étranger. Selon Yacine, un riverain de Oued Kniss, Na Karima, originaire de Guelma, contrôle un réseau de vendeuses constitué d'une dizaine de femmes qui vendent de l'or pour elle. Au marché de la Casbah et d'Alger centre, la commercialisation de l'or est, elle aussi, une activité assurée par des femmes de tout âge. Elles sont là du matin au soir, elles ne se soucient guère des services de sécurité, a-t-on constaté. Les bijoutiers qui se trouvent sur les lieux affirment qu'ils ne peuvent rien faire contre ces dernières. Pour Da Moh, un ancien bijoutier d'Alger-Centre, «le métier du bijoutier tend à disparaître. La commercialisation illégale de l'or nous condamne à fermer nos boutiques», a-t-il avoué.
70 % des ateliers de bijouterie sont fermés
70% des ateliers sont fermés à travers le territoire national pour cause de manque en matière première enregistré sur le marché national, mais aussi du fait de la concurrence déloyale que leur livrent les réseaux parallèles qui s'imposent d'une manière ou d'une autre sur le cours du marché national de l'or. Le Comité national des bijoutiers algériens, contacté par nos soins, établit un constat peu reluisant de la situation de sa profession. Un pessimisme confirmé par le directeur général de l'ENOR qui, lors d'une intervention radiophonique, n'a pas manqué de souligner l'état alarmant dans lequel se trouve le marché national de l'or. Il affirme que «le grand vide en matière d'or sur le marché national est comblé par des produits qui proviennent des réseaux informels qui se multiplient de jour en jour».
A cet effet, il est à souligner que l'émergence du circuit informel, spécialisé dans la commercialisation des produits précieux, a porté un coup fatal au cours du marché national règlementé, a-t-il attesté. A ce propos, il est à noter qu'un gramme d'or oscille sur le marché parallèle entre 900 et 1.000 DA. Par contre, il est cédé entre 2.600 et 2.800 DA au niveau des bijoutiers qui se conforment aux règles en vigueur. «Cette grande différence de prix qui caractérise les produits en or qui se vendent sur le marché algérien montre, sans doute, la puissance et l'ancrage des réseaux des marchés parallèles en Algérie qui détiennent les règles du jeu», attestent des experts avertis. Selon plusieurs bijoutiers contactés, «depuis quelque temps, nos boutiques sont devenues des points avisés par une clientèle demandant à tester des produits non poinçonnés achetés sur le marché informel», ont-ils affirmé. Cette situation a poussé certains bijoutiers à rejoindre le secteur informel. A ce titre, selon des sources bien informées, l'on a su que beaucoup de bijoutiers vendent des produits poinçonnés et contrôlés, comme ils vendent, également, des produits provenant des marchés informels.
Une mafia comme une autre
De l'avis de certains bijoutiers, la mafia de l'or est, à leurs yeux, branchée et organisée au niveau de toutes les régions du pays, particulièrement aux «bourses» de l'or d'Alger M'sila, Tébessa, Batna, Guelma, Constantine et Oran. Ces régions sont devenues, depuis quelque temps, de véritables plaques tournantes du vaste trafic de l'or. Elles approvisionnent tous les marchés informels qui se trouvent à travers le territoire national. "L'infiltration de ces réseaux relève d'une mission difficile, voire impossible car leurs animateurs sont d'une extrême prudence et vigilants sur le cours de leur business", nous a fait savoir un vieux bijoutier à la Casbah d'Alger. "Ces réseaux entretiennent de bonnes relations avec de gros fournisseurs français, suisses et italiens et du Moyen-Orient, d'où l'explication de la présence des produits poinçonnés sur le marché parallèle", a-t-il expliqué.
A ce propos, selon un «businessman» ayant l'habitude de faire des séjours en Syrie et en Turquie, "l'or est surtout introduit frauduleusement dans le pays, témoigne-t-il, par des femmes qui travaillent pour des particuliers qui règnent dans l'import-export. Celles-ci sont prises en charge durant leurs séjours d'affaire. Tous les frais sont pris en charge, leur tâche se limite à jouer «le pont», elles s'ornent de bijoux des pieds jusqu'au front, quant elles reviennent de voyage, puis elles remettent la marchandise à ses propriétaires, une fois arrivées au pays, contre un pourcentage sur chaque produit.»
De l'avis d'un ex-bijoutier, "la commercialisation de l'or en Algérie est sous contrôle des grands spéculateurs de tous bords, mais qui sont bien placés pour mener leur activité sereinement". En indiquant, à cet effet, "que ceux auprès desquels nous nous approvisionnons ne représentent, en réalité, que de petits intermédiaires servant les ordres des barons qui agissent dans l'ombre", a encore ajouté le même bijoutier. Soulignant, en outre, que "ces grands bonnets" sont des gens influents et intouchables. Selon un intermédiaire rencontré au marché informel d'Alger-Centre, l'or provient, en grande quantité depuis quelque temps, du Moyen-Orient, notamment de la Syrie. "L'or syrien est très prisé sur le marché algérien tant pour son esthétique que pour sa qualité", témoigné-t-il. Aussi, "les produits en or amenés de l'étranger sont aussi chers que ceux fabriqués localement. Ils sont poinçonnés et garantis. Ces derniers sont très demandés sur le marché national" ajoute notre interlocuteur.
A ce titre, il est à signaler, selon notre source, que la rareté des produits amenés de l'étranger «ont beaucoup encouragé les maîtres des circuits informels à manifester plus d'intérêt à ce business», estime-t-il.
Comment assainir le marché informel
Dans le cadre de la lutte contre la prolifération et la commercialisation de l'or illégalement, il est à signaler que l'Etat a mis en place neuf nouveaux poinçons de garantie et du contrôle de la qualité et l'authenticité des produits en or qui sont applicables depuis quelque temps. Cette initiative intervient dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon et la falsification des poinçons par la mafia de l'or, a-t-on appris auprès de la Direction nationale des impôts (DGI). Celle-ci a pour objectif la normalisation et l'adaptation de l'appareil productif du marché national de l'or et l'alignement de ce dernier sur la réalité du marché international. Aussi, trois poinçons sont destinés à garantir l'or à importer et celui à exporter et les ouvrages d'occasion et dont l'origine demeure inconnue. Cependant, deux autres poinçons spécifiques sont réservés pour les objets en platine et en argent. Le dernier poinçon, quant à lui, est réservé aux produits d'orfèvrerie. Cette démarche constitue, selon des responsables de la DGI, un nouveau dispositif pour la reprise en main du marché national de l'or et la lutte contre les «barons de la grande spéculation» qui dominent, précisent-ils, les circuits parallèles. D'autre part, l'on apprend que pour encourager et assainir le marché informel, l'Etat a réduit la taxe de garantie sur les produits fabriqués en or, argent et en platine. Celle-ci a été réduite de 50 % et ce, selon l'article 36 du projet de loi de finances pour 2007, qui vient modifier l'article 340 de la loi sur les impôts indirects. A ce sujet, il est à noter que les produits en or obéissent, désormais, à une taxe de garantie définie à l'hectogramme. A ce titre, 8.000 DA de taxe ont été fixés pour les produits en or. Mais ce tarif comprenait, également, une TVA de 17%. Cette démarche s'inscrit, note-t-on, dans le cadre du renforcement de la commercialisation légale de l'or et la lutte pour assainir le marché des métaux précieux.
L'autre raison évoquée, à ce sujet, est liée, apprend-on, à la baisse de la quantité des produits présentés à l'organisme de garantie et de ce fait l'enregistrement de produits non garantis et contenant des indications falsifiées au niveau du marché. Donc, l'objectif visé, a-t-on expliqué, est d'encourager les artisans bijoutiers à s'approcher de l'organisme de garantie et, par voie de conséquence, se conformer aux pratiques légales dans la commercialisation de l'or sur le marché national. Toutefois, cette mesure qui devrait être suivie par d'autres reste insuffisante et sans effet, a-t-on appris auprès des artisans et des spécialistes des questions relatives au marché de l'or. A ce propos, il convient de dire, selon l'un des membres du Comité national des bijoutiers affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens, que "l'objectif visé par les pouvoirs publics par cette démarche est, sans doute, l'assainissement du marché national de l'or et la lutte contre le marché informel". Toutefois, cette mesure reste insuffisante, pensent-ils, car le grand problème auquel sont confrontés les bijoutiers et les artisans est, selon eux, l'approvisionnement en matière première, qui constitue le point crucial du secteur.
Au moment où les besoins du marché national en or s'élèvent à trois tonnes, à en croire le directeur général de l'ENOR, les quantités disponibles sur le marché national réglementé sont seulement d'une tonne. De ce fait, tout le besoin restant en matière d'or est comblé par le marché informel, a-t-il témoigné. A ce sujet, il est à signaler que la commercialisation des produits de la joaillerie en Algérie commence, depuis quelques années, à connaître, une évolution fulgurante. En effet, les circuits informels spécialisés dans la commercialisation illégale de l'or sont en progression continue. Ils se structurent dans l'ombre et sous l'œil vigilant de ses «barons».
A Oued Kniss, dans la commune de Belouizdad, où le commerce de l'or s'exerce couramment et quotidiennement, on trouve toutes sortes de qualités et de produits de joaillerie qui sont proposés, dans certaines circonstances, à des prix imbattables, à en croire certains clients rencontrés sur place. «Je viens d'acheter une bague de trois grammes pour 2.900 DA», témoigne Samia, et d'ajouter dans sa lancée : «Une bague pareille ne se vend pas à moins de 6.000 DA en bijouterie». Des bracelets, des bagues, des chaînes, des médaillons et autres objets de valeur sont de fabrication locale ou importés. La différence qu'on peut relever, cependant, en matière d'objets proposés se situe au niveau des prix. Ainsi, "des bagues poinçonnées, dites importées d'Italie ou de Syrie, sont rarement cédées à moins de 10.000 DA", souligne Na Karima, une vieille connue dans le circuit. Cette dame est plutôt spécialisée dans la vente de bijoux fabriqués à l'étranger. Selon Yacine, un riverain de Oued Kniss, Na Karima, originaire de Guelma, contrôle un réseau de vendeuses constitué d'une dizaine de femmes qui vendent de l'or pour elle. Au marché de la Casbah et d'Alger centre, la commercialisation de l'or est, elle aussi, une activité assurée par des femmes de tout âge. Elles sont là du matin au soir, elles ne se soucient guère des services de sécurité, a-t-on constaté. Les bijoutiers qui se trouvent sur les lieux affirment qu'ils ne peuvent rien faire contre ces dernières. Pour Da Moh, un ancien bijoutier d'Alger-Centre, «le métier du bijoutier tend à disparaître. La commercialisation illégale de l'or nous condamne à fermer nos boutiques», a-t-il avoué.
70 % des ateliers de bijouterie sont fermés
70% des ateliers sont fermés à travers le territoire national pour cause de manque en matière première enregistré sur le marché national, mais aussi du fait de la concurrence déloyale que leur livrent les réseaux parallèles qui s'imposent d'une manière ou d'une autre sur le cours du marché national de l'or. Le Comité national des bijoutiers algériens, contacté par nos soins, établit un constat peu reluisant de la situation de sa profession. Un pessimisme confirmé par le directeur général de l'ENOR qui, lors d'une intervention radiophonique, n'a pas manqué de souligner l'état alarmant dans lequel se trouve le marché national de l'or. Il affirme que «le grand vide en matière d'or sur le marché national est comblé par des produits qui proviennent des réseaux informels qui se multiplient de jour en jour».
A cet effet, il est à souligner que l'émergence du circuit informel, spécialisé dans la commercialisation des produits précieux, a porté un coup fatal au cours du marché national règlementé, a-t-il attesté. A ce propos, il est à noter qu'un gramme d'or oscille sur le marché parallèle entre 900 et 1.000 DA. Par contre, il est cédé entre 2.600 et 2.800 DA au niveau des bijoutiers qui se conforment aux règles en vigueur. «Cette grande différence de prix qui caractérise les produits en or qui se vendent sur le marché algérien montre, sans doute, la puissance et l'ancrage des réseaux des marchés parallèles en Algérie qui détiennent les règles du jeu», attestent des experts avertis. Selon plusieurs bijoutiers contactés, «depuis quelque temps, nos boutiques sont devenues des points avisés par une clientèle demandant à tester des produits non poinçonnés achetés sur le marché informel», ont-ils affirmé. Cette situation a poussé certains bijoutiers à rejoindre le secteur informel. A ce titre, selon des sources bien informées, l'on a su que beaucoup de bijoutiers vendent des produits poinçonnés et contrôlés, comme ils vendent, également, des produits provenant des marchés informels.
Une mafia comme une autre
De l'avis de certains bijoutiers, la mafia de l'or est, à leurs yeux, branchée et organisée au niveau de toutes les régions du pays, particulièrement aux «bourses» de l'or d'Alger M'sila, Tébessa, Batna, Guelma, Constantine et Oran. Ces régions sont devenues, depuis quelque temps, de véritables plaques tournantes du vaste trafic de l'or. Elles approvisionnent tous les marchés informels qui se trouvent à travers le territoire national. "L'infiltration de ces réseaux relève d'une mission difficile, voire impossible car leurs animateurs sont d'une extrême prudence et vigilants sur le cours de leur business", nous a fait savoir un vieux bijoutier à la Casbah d'Alger. "Ces réseaux entretiennent de bonnes relations avec de gros fournisseurs français, suisses et italiens et du Moyen-Orient, d'où l'explication de la présence des produits poinçonnés sur le marché parallèle", a-t-il expliqué.
A ce propos, selon un «businessman» ayant l'habitude de faire des séjours en Syrie et en Turquie, "l'or est surtout introduit frauduleusement dans le pays, témoigne-t-il, par des femmes qui travaillent pour des particuliers qui règnent dans l'import-export. Celles-ci sont prises en charge durant leurs séjours d'affaire. Tous les frais sont pris en charge, leur tâche se limite à jouer «le pont», elles s'ornent de bijoux des pieds jusqu'au front, quant elles reviennent de voyage, puis elles remettent la marchandise à ses propriétaires, une fois arrivées au pays, contre un pourcentage sur chaque produit.»
De l'avis d'un ex-bijoutier, "la commercialisation de l'or en Algérie est sous contrôle des grands spéculateurs de tous bords, mais qui sont bien placés pour mener leur activité sereinement". En indiquant, à cet effet, "que ceux auprès desquels nous nous approvisionnons ne représentent, en réalité, que de petits intermédiaires servant les ordres des barons qui agissent dans l'ombre", a encore ajouté le même bijoutier. Soulignant, en outre, que "ces grands bonnets" sont des gens influents et intouchables. Selon un intermédiaire rencontré au marché informel d'Alger-Centre, l'or provient, en grande quantité depuis quelque temps, du Moyen-Orient, notamment de la Syrie. "L'or syrien est très prisé sur le marché algérien tant pour son esthétique que pour sa qualité", témoigné-t-il. Aussi, "les produits en or amenés de l'étranger sont aussi chers que ceux fabriqués localement. Ils sont poinçonnés et garantis. Ces derniers sont très demandés sur le marché national" ajoute notre interlocuteur.
A ce titre, il est à signaler, selon notre source, que la rareté des produits amenés de l'étranger «ont beaucoup encouragé les maîtres des circuits informels à manifester plus d'intérêt à ce business», estime-t-il.
Comment assainir le marché informel
Dans le cadre de la lutte contre la prolifération et la commercialisation de l'or illégalement, il est à signaler que l'Etat a mis en place neuf nouveaux poinçons de garantie et du contrôle de la qualité et l'authenticité des produits en or qui sont applicables depuis quelque temps. Cette initiative intervient dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon et la falsification des poinçons par la mafia de l'or, a-t-on appris auprès de la Direction nationale des impôts (DGI). Celle-ci a pour objectif la normalisation et l'adaptation de l'appareil productif du marché national de l'or et l'alignement de ce dernier sur la réalité du marché international. Aussi, trois poinçons sont destinés à garantir l'or à importer et celui à exporter et les ouvrages d'occasion et dont l'origine demeure inconnue. Cependant, deux autres poinçons spécifiques sont réservés pour les objets en platine et en argent. Le dernier poinçon, quant à lui, est réservé aux produits d'orfèvrerie. Cette démarche constitue, selon des responsables de la DGI, un nouveau dispositif pour la reprise en main du marché national de l'or et la lutte contre les «barons de la grande spéculation» qui dominent, précisent-ils, les circuits parallèles. D'autre part, l'on apprend que pour encourager et assainir le marché informel, l'Etat a réduit la taxe de garantie sur les produits fabriqués en or, argent et en platine. Celle-ci a été réduite de 50 % et ce, selon l'article 36 du projet de loi de finances pour 2007, qui vient modifier l'article 340 de la loi sur les impôts indirects. A ce sujet, il est à noter que les produits en or obéissent, désormais, à une taxe de garantie définie à l'hectogramme. A ce titre, 8.000 DA de taxe ont été fixés pour les produits en or. Mais ce tarif comprenait, également, une TVA de 17%. Cette démarche s'inscrit, note-t-on, dans le cadre du renforcement de la commercialisation légale de l'or et la lutte pour assainir le marché des métaux précieux.
L'autre raison évoquée, à ce sujet, est liée, apprend-on, à la baisse de la quantité des produits présentés à l'organisme de garantie et de ce fait l'enregistrement de produits non garantis et contenant des indications falsifiées au niveau du marché. Donc, l'objectif visé, a-t-on expliqué, est d'encourager les artisans bijoutiers à s'approcher de l'organisme de garantie et, par voie de conséquence, se conformer aux pratiques légales dans la commercialisation de l'or sur le marché national. Toutefois, cette mesure qui devrait être suivie par d'autres reste insuffisante et sans effet, a-t-on appris auprès des artisans et des spécialistes des questions relatives au marché de l'or. A ce propos, il convient de dire, selon l'un des membres du Comité national des bijoutiers affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens, que "l'objectif visé par les pouvoirs publics par cette démarche est, sans doute, l'assainissement du marché national de l'or et la lutte contre le marché informel". Toutefois, cette mesure reste insuffisante, pensent-ils, car le grand problème auquel sont confrontés les bijoutiers et les artisans est, selon eux, l'approvisionnement en matière première, qui constitue le point crucial du secteur.


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