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Le tabou est brisé
Le 20 Avril et Tamazight
Publié dans Le Midi Libre le 20 - 04 - 2009

Le Printemps berbère a contribué à sortir le mot amazigh de sa clandestinité, à briser les tabous, et à réconcilier le peuple algérien avec son histoire et sa culture ancestrale.
Le Printemps berbère a contribué à sortir le mot amazigh de sa clandestinité, à briser les tabous, et à réconcilier le peuple algérien avec son histoire et sa culture ancestrale.
Certains s'en souviennent comme d'une fête. D'autres pensent que ce fut une tragédie. Pourtant, le 20 avril est l'une des dates les plus importantes de l'Algérie contemporaine, une date sur laquelle on ne peut pas faire l'impasse. Au début, il y eut le verbe : celui de Mouloud Mammeri, empêché de s'exprimer un certain 20 avril 1980. Ce fut la goutte qui fera déborder le vase et verser le sang d'Algériens, et depuis beaucoup d' «encre» a coulé sous les ponts. De tous les interdits qui existent sur terre, celui qui porte sur la parole est l'un des plus ignobles, dans un pays dont le peuple du nord au sud, et d'est en ouest, a payé un lourd tribut en souffrance, en sang, en privation, pour se libérer du joug colonial.
Après le verbe, il y eut les balles, et puis le feu, et puis la colère, sourde, puissante, rugissante, toute une région, prostrée, et tout un pays inquiet, ne comprenant pas comment on avait pu en arriver là ; alors qu'il suffisait d'un geste, d'un mot, pour arrêter cette spirale et repartir du bon pied. Ce geste, personne ne l'a fait, et ce mot personne ne l'a prononcé. Le moment n'était sans doute pas arrivé de le faire. Toujours est-il que l'Algérie était déchirée et meurtrie, devant un tel gâchis, une telle incompréhension !
Bien sûr, après les morts qu'il a fallu enterrer et pleurer, après la rage qu'il a fallu ravaler, les blessures qui ne sont pas cicatrisées mais que l'on a dû suturer à la hâte, est venu le moment de dire stop ! La constitutionnalisation de la langue amazighe en tant que langue nationale a été une étape importante, qui a permis de mesurer le chemin parcouru. Tout comme la création du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), au milieu des années 90, à la suite de la grève du cartable, a été un premier jalon. D'autres acquis sont à signaler, comme l'introduction du journal en tamazight à la télévision, ou encore la création récente d'une chaine de télévision en tamazight, émettant six heures par jour.
Bien sûr, cela reste insuffisant. On se met déjà, dans les chaumières, à rêver d'une chaîne émettant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cette chaîne offrirait un riche programme thématique, mêlant documentaires, sitcoms, talk-shows, journaux télévisés, variétés, émissions de jeux, mais enfin, ce qui est proposé est déjà un premier pas.
L'erreur, dès le départ, a été de penser que tamazight est dirigée contre la langue arabe, alors qu'il y a une complémentarité entre les deux. Si dans ce pays, il y a des gens qui s'expriment en tamazight, et d'autres en arabe, c'est justement parce que l'unité nationale est construite sur le socle de ces deux constantes, en plus de l'islam.
Les islamo-baathistes ont tenté d'instrumentaliser cette incompréhension pour essayer de monter une partie de l'opinion contre la revendication amazighe. Or, justement, l'opinion n'est pas dupe.
Pour le reste, bien sûr, on pourrait regretter que la célébration du 20 Avril sacrifie beaucoup plus au rituel et au folklorique qu'à une action mieux conçue. Aujourd'hui, ce qui peut donner du baume au cœur, c'est de voir que des gens produisent en tamazight. Je veux parler aussi bien d'une production intellectuelle dense, d'une production artistique de qualité, que de la pratique journalière : pour acheter du pain ou jouer au ballon. Que tamazight, tout comme l'arabe, ne soit plus un mot d'ordre ou un slogan, mais une partie de nous-mêmes, dans la vie de tous les jours.
Ce qu'on sait par exemple, c'est que tamazight à l'école n'a pas vraiment avancé. Il y a encore beaucoup de problèmes et d'entraves.
Les enseignants de tamazight en savent quelque chose, mais c'est justement grâce au travail de tous ces enseignants dévoués que tamazight peut trouver sa place dans une Algérie moderne, fière de ses traditions et de son histoire, en même temps ouverte sur l'universel.
Il reste maintenant à mener à son terme ce projet de création d'une académie berbère, dont les autorités ont déjà parlé et qui sera sûrement un nouveau jalon. Une institution au sein de laquelle des spécialistes auront à se pencher sur l'évolution de tamazight, son enrichissement, son adaptation aux exigences et à la marche de la vie moderne. Mais la chose la plus importante à signaler, c'est que le mot tamazight n'est plus considéré comme tabou.
Tous les Algériens maintenant sont fiers de leur histoire millénaire ancestrale, et les plus hautes autorités assument cet héritage, et cela grâce au combat des enfants du Printemps berbère, puis du Printemps noir.
Certains s'en souviennent comme d'une fête. D'autres pensent que ce fut une tragédie. Pourtant, le 20 avril est l'une des dates les plus importantes de l'Algérie contemporaine, une date sur laquelle on ne peut pas faire l'impasse. Au début, il y eut le verbe : celui de Mouloud Mammeri, empêché de s'exprimer un certain 20 avril 1980. Ce fut la goutte qui fera déborder le vase et verser le sang d'Algériens, et depuis beaucoup d' «encre» a coulé sous les ponts. De tous les interdits qui existent sur terre, celui qui porte sur la parole est l'un des plus ignobles, dans un pays dont le peuple du nord au sud, et d'est en ouest, a payé un lourd tribut en souffrance, en sang, en privation, pour se libérer du joug colonial.
Après le verbe, il y eut les balles, et puis le feu, et puis la colère, sourde, puissante, rugissante, toute une région, prostrée, et tout un pays inquiet, ne comprenant pas comment on avait pu en arriver là ; alors qu'il suffisait d'un geste, d'un mot, pour arrêter cette spirale et repartir du bon pied. Ce geste, personne ne l'a fait, et ce mot personne ne l'a prononcé. Le moment n'était sans doute pas arrivé de le faire. Toujours est-il que l'Algérie était déchirée et meurtrie, devant un tel gâchis, une telle incompréhension !
Bien sûr, après les morts qu'il a fallu enterrer et pleurer, après la rage qu'il a fallu ravaler, les blessures qui ne sont pas cicatrisées mais que l'on a dû suturer à la hâte, est venu le moment de dire stop ! La constitutionnalisation de la langue amazighe en tant que langue nationale a été une étape importante, qui a permis de mesurer le chemin parcouru. Tout comme la création du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), au milieu des années 90, à la suite de la grève du cartable, a été un premier jalon. D'autres acquis sont à signaler, comme l'introduction du journal en tamazight à la télévision, ou encore la création récente d'une chaine de télévision en tamazight, émettant six heures par jour.
Bien sûr, cela reste insuffisant. On se met déjà, dans les chaumières, à rêver d'une chaîne émettant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cette chaîne offrirait un riche programme thématique, mêlant documentaires, sitcoms, talk-shows, journaux télévisés, variétés, émissions de jeux, mais enfin, ce qui est proposé est déjà un premier pas.
L'erreur, dès le départ, a été de penser que tamazight est dirigée contre la langue arabe, alors qu'il y a une complémentarité entre les deux. Si dans ce pays, il y a des gens qui s'expriment en tamazight, et d'autres en arabe, c'est justement parce que l'unité nationale est construite sur le socle de ces deux constantes, en plus de l'islam.
Les islamo-baathistes ont tenté d'instrumentaliser cette incompréhension pour essayer de monter une partie de l'opinion contre la revendication amazighe. Or, justement, l'opinion n'est pas dupe.
Pour le reste, bien sûr, on pourrait regretter que la célébration du 20 Avril sacrifie beaucoup plus au rituel et au folklorique qu'à une action mieux conçue. Aujourd'hui, ce qui peut donner du baume au cœur, c'est de voir que des gens produisent en tamazight. Je veux parler aussi bien d'une production intellectuelle dense, d'une production artistique de qualité, que de la pratique journalière : pour acheter du pain ou jouer au ballon. Que tamazight, tout comme l'arabe, ne soit plus un mot d'ordre ou un slogan, mais une partie de nous-mêmes, dans la vie de tous les jours.
Ce qu'on sait par exemple, c'est que tamazight à l'école n'a pas vraiment avancé. Il y a encore beaucoup de problèmes et d'entraves.
Les enseignants de tamazight en savent quelque chose, mais c'est justement grâce au travail de tous ces enseignants dévoués que tamazight peut trouver sa place dans une Algérie moderne, fière de ses traditions et de son histoire, en même temps ouverte sur l'universel.
Il reste maintenant à mener à son terme ce projet de création d'une académie berbère, dont les autorités ont déjà parlé et qui sera sûrement un nouveau jalon. Une institution au sein de laquelle des spécialistes auront à se pencher sur l'évolution de tamazight, son enrichissement, son adaptation aux exigences et à la marche de la vie moderne. Mais la chose la plus importante à signaler, c'est que le mot tamazight n'est plus considéré comme tabou.
Tous les Algériens maintenant sont fiers de leur histoire millénaire ancestrale, et les plus hautes autorités assument cet héritage, et cela grâce au combat des enfants du Printemps berbère, puis du Printemps noir.


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