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Face aux tensions géostratégiques et les défis du développement, l'urgence de la refonte des partis politiques et de la société civile
Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 11 - 2025

Force est de constater, en ce début du XXIe siècle, que les partis politiques et sociétés civiles traditionnels ont de moins en moins d'impacts sur la mobilisation des citoyens, souvent déconnectés des réalités internes et des nouvelles mutations mondiales. Les nouveaux réseaux sociaux avec le bouleversement de l'intelligence artificielle modèlent de plus en plus les comportements.
Face à la détresse des populations confrontées à une répartition de plus en plus inégalitaire du revenu national, tant au niveau interne qu'au niveau mondial, sapant la cohésion sociale, ce qui ne saurait signifier distribuer des revenus sans contreparties productives qui paradoxalement, à terme, freine le développement et accroît les inégalités, émergent les courants populistes. Cela n'est pas propre à l'Algérie, avec une spécificité, la dépendance forte vis-à-vis de la rente des hydrocarbures qui irriguent directement et indirectement l'économie et la société.
1. Pour la majorité des partis politiques officiels, leur présence se fait d'une manière formelle et ostentatoire lors des élections meublant le vide, impuissant presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappent la majorité d'entre elles, de la défiance nourrie à leur égard, les formations politiques ont une faible capacité de faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d'apporter une contribution efficace à l'œuvre de redressement national. Ce sont là des raisons suffisamment importantes pour envisager sérieusement de réorganiser le système partisan pour qu'il puisse remplir la fonction qui est la sienne dans tout système politique démocratique, devant laisser le soin au marché et non à l'administration par la création de partis artificiels, de mesurer le poids de chaque Parti fonction du nombre de ses adhérents réels. En effet, le discrédit qui frappe les formations politiques doit laisser la place à des formations crédibles, supposant une appréciation objective du statut et du rôle qui doivent être les leurs dans une société qui ambitionne de rejoindre le rang des sociétés développées, d'autant plus que pour les années à venir, les réformes différées seront très douloureuses. Les partis officiels en majorité vivant du transfert de la rente et non sur la base des cotisations de leurs adhérents, se manifestent que lors d'évènements électoraux.
Pour la société civile dite officielle, les supposés indépendants dont les repentants sont accueillis souvent en grande pompe par les autorités officiels, ce qui est un paradoxe, c'est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend mal aisé l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l'Etat ajoutent à cette confusion et rendent impératif une réflexion qui dépasse le simple cadre de cette contribution. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique des années 1990, l'Algérie ayant vécu jusqu'à 1999 une longue période d'instabilité due au terrorisme, la société civile va se scinder en quatre sociétés segments fondamentalement différents, trois au niveau de la sphère réelle et une dominante dans la sphère informelle. Le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l'unique des pouvoirs publics, ce sont des sociétés civiles se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. Nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l'appendice de partis islamiques légaux. Nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Et enfin, nous avons une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante avec des codifications précises formant un maillage dense et sans son intégration, non par des mesures bureaucratiques autoritaires, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile.
2.-Quelles perspectives ? Les résultats des différentes élections en Algérie qu'elles soient présidentielles, nationales (députés) ou locales durant les trois dernières décennies, ont montré clairement que les partis politiques et les différents segments et la société civile dont la fonction est déterminante comme intermédiation politique, sociale et économique afin d'éviter un affrontement direct services de sécurité -citoyens en cas de malaise social, renvoyant à la sécurité nationale, ont eu un impact limité. Car pour pouvoir mobiliser, outre la moralité des dirigeants nous renvoyant aux analyses du grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun sur la moralité, le système partisan et la société civile doivent être au service du citoyen et non dans le sillage des relations de clientèles. Pour la mobilisation des citoyens, cela rend urgent la restructuration du système partisans et la société civile officielle bénéficiant pourtant d'un budget de l'Etat conséquent et que seules deux institutions tiennent l'Algérie, l'ANP et les forces de sécurité dans toute leur composante, pour la stabilité et la défense du territoire et sur le plan économique Sonatrach qui avec les dérivées comptabilisées dans la rubrique hors hydrocarbures pour 67% en 2024, selon les statistiques gouvernementales officielles, représentent 98% des recettes d'exportation en devises du pays. Cela rend urgent d'avoir une autre démarche collant à la réalité. Car, lorsqu'un Etat veut imposer ses propres règles déconnectées par rapport aux pratiques sociales, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner avec ses propres organisations. La dynamisation des partis politiques et de la société civile afin d'en faire un instrument efficace d'encadrement de forces vives et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans la société n'a de chance de réussir que si le mouvement qui le compose ne soit pas au service d'ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses. Aussi, face aux tensions futures, économique, sociale et culturelle et les contraintes externes de plus en plus pesantes rendent urgent une véritable stratégie nationale d'adaptation aux nouveaux enjeux géostratégiques et des nouvelles mutations économiques mondiales nous orientant vers un nouvel ordre mondial où toute nation qui n'avance pas recule forcément, n'existant dans toute société de situation statique (voir valeur et croissance- ouvrage du professeur Abderrahmane Mebtoul – Office des publications universitaires – Alger 1983-120 pages – : la théorie de la thermodynamique appliquée à l'analyse de la société et programme de l'Association algérienne de l'économie de marché (ADEM), largement diffusée au niveau mondial en anglais-arabe et français entre 1992/1993 dont j'ai eu l'honneur d'être le président de 1992 à 2016). Tout cela renvoie à une renouveau de la gouvernance et donc à la refondation de l'Etat inséparable de l'accélération de la réforme globale. Or, le constat amer est que paradoxalement que lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s'accroît, les réformes sont freinées, assistant à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère. Ce couple contradictoire rente/réforme explique l'instabilité juridique et le manque de cohérence dans la réforme globale, les gagnants de demain n'étant pas forcément ceux d'aujourd'hui. Le passage de l'Etat de « soutien » à l'Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la nation et l'Etat et que l'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale en conciliant la modernité tout en préservant son authenticité. Il n'est plus permis, grâce à une aisance financière, de continuer de dépenser sans compter, importer au lieu de privilégier la production locale se fondant tant sur l'entreprise locale ou étrangère créatrice de richesses impliquant une nette volonté politique d'aller vers une économie de marché concurrentielle à finalité sociale. C'est pourquoi, la refondation de l'Etat implique des aménagements dans l'organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l'Etat dans le développement économique et social et ne devant pas occulter les besoins d'autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La refondation de l'Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique, création de nouvelles wilayas ne devant pas confondre décentralisation nécessaire avec déconcentration et ce grâce aux nouvelles technologies facilitant le rapprochement avec les citoyens éloignés. L'autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie vis-à-vis du pouvoir central mais un acte qui renforce le rôle de la société civile afin de transformer les collectivités locales « providence » en « commune entreprise ». Cela suppose que toutes les composantes de la société soient impliqués, dans le processus décisionnel qui engage la configuration du territoire, afin de renforcer la cohésion sociale et l'efficacité économique grâce à une réelle décentralisation autour de six à sept grands pôles économiques régionaux, piloté par des chambres de commerce régionales regroupant entreprises publics, privées, banques, universités, centres de recherche, syndicats, réseaux de la société civile , les autorités centrales et locales servant de facilitateurs et de régulateur.
En résumé, il existe, comme l'a montré l'économiste prix Nobel Amara Sen, un lien dialectique entre Etat de droit- démocratie, qui est un long processus devant tolérer les idées productives contradictoires, et développement , tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés, ne pouvant ignorer pour l'Afrique son histoire et ses traditions, et sécurité et développement. Aussi, il est illusoire d'ignorer le facteur politique et social qui permet la mobilisation citoyenne et de vouloir fonder le développement sur des réseaux de l'administration, ce qui renforcera forcément la bureaucratisation facteur de blocage et de corruption l'Algérie, pays à fortes potentialités, peut devenir entre 2028/2030 ,sous réserve de profondes réformes, un pays pivot facteur de la sécurité des espaces méditerranéens et africains. La solution est essentiellement interne et il appartient aux citoyens algériens et à eux seuls de réaliser cette espérance afin de réaliser un développement harmonieux conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale au sein d'un monde en plein bouleversement, en n'oubliant jamais que la richesse d'une Nation provient du travail et non d'une rente éphémère.
Abderrahmane Mebtoul
Professeur des Universités


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