La 28e édition du Salon international du livre d'Alger (SILA) a officiellement tiré sa révérence samedi, lors d'une cérémonie présidée par la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, au Palais des Expositions d'Alger.Cet événement, qui s'est tenu du 29 octobre au 8 novembre, a mis un point final à dix jours d'effervescence littéraire et intellectuelle, rythmés par des rencontres, des hommages et une affluence record du public. La cérémonie de clôture, organisée dans la salle des conférences Assia-Djebar à la SAFEX, a été marquée par la remise du prix «Mon premier livre» 2025, récompensant de jeunes auteurs prometteurs. Plusieurs figures culturelles et intellectuelles y ont été honorées, en présence du commissaire du Salon, Mohamed Iguerb, de représentants d'institutions nationales et du représentant de l'ambassade de Mauritanie, pays invité d'honneur de cette édition. Dans son discours, la ministre Bendouda a salué une édition "exceptionnelle", tant par la diversité de son contenu que par la participation massive du public. «Le SILA 2025 a donné une image lumineuse de l'Algérie de la culture : une Algérie qui lit, qui pense et qui dialogue», a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que les 5,6 millions de visiteurs recensés témoignaient non seulement du succès de la manifestation, mais surtout de la «soif de savoir et de connaissance» des Algériens. «La lecture n'est pas un projet ponctuel, mais une orientation nationale que nous œuvrons à ancrer dans la vie quotidienne de nos concitoyens», a-t-elle ajouté, réaffirmant que le livre demeure "au cœur des priorités du ministère". Une édition record et ouverte sur le monde Organisé sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune, le 28e SILA a réuni 1 254 maisons d'édition venues de 49 pays, dont la Mauritanie en invitée d'honneur. Plus de 140 000 titres ont été présentés au public, confirmant la vitalité de la scène éditoriale nationale et internationale. Placée sous le thème «Le livre, carrefour des cultures», cette édition a offert une programmation culturelle dense, mêlant débats, conférences et rencontres autour de la littérature, de la mémoire et de l'identité. Une trentaine d'activités ont permis de croiser les regards sur des sujets d'actualité et de société, notamment les défis de la création littéraire à l'ère de l'intelligence artificielle. Le SILA a également fait place à l'histoire et à la mémoire collective. Des conférences-débats ont mis en lumière les luttes des peuples pour leur libération, en particulier celles des Palestiniens et des Sahraouis, tout en rappelant les crimes de la colonisation française, notamment les massacres du 8 mai 1945. Cette édition a aussi célébré plusieurs figures majeures de la pensée anticoloniale, à l'image du centenaire de la naissance de Frantz Fanon, ainsi qu'une conférence dédiée à l'Emir Abdelkader, symbole de la résistance et du dialogue des civilisations. Un colloque international intitulé «L'Algérie dans la civilisation» a réuni de nombreux écrivains et chercheurs, algériens et étrangers, venus échanger sur le rôle historique et culturel du pays. Une foire du livre vivante et populaire Durant les dix jours d'ouverture, les allées du Palais des Expositions ont connu une affluence constante, culminant à 850 000 visiteurs le 6 novembre, un record selon le commissaire du Salon. Jusqu'à la dernière journée, les visiteurs se pressaient devant les stands, profitant des remises allant jusqu'à 40% proposées par de nombreux éditeurs. Au-delà des librairies et maisons d'édition, plusieurs institutions ont animé le salon avec des activités variées : le ministère de la Culture et des Arts, l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation à travers un stand commun, mais aussi l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA), le Haut Conseil de la langue arabe (HCLA), le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) et le Centre national de recherche en sociologie culturelle (CRASC). Le public, composé d'étudiants, de familles, d'enseignants et de passionnés de lecture, a salué la richesse de l'offre éditoriale et la qualité des échanges. Le SILA a une fois de plus confirmé sa place comme rendez-vous incontournable de la vie culturelle algérienne et espace privilégié de dialogue entre les cultures. Hommages aux figures disparues de la culture algérienne La clôture du Salon a aussi été un moment d'émotion et de recueillement. Le commissariat du SILA a organisé une rencontre consacrée à la mémoire de plusieurs écrivains, journalistes et éditeurs disparus en 2024 et 2025, dont les œuvres ont marqué la scène culturelle nationale. Parmi eux, Mohamed Salah Nacer, écrivain et polymathe, décédé en août dernier, dont la carrière prolifique a touché à la fiction, à la poésie, à la critique et à l'histoire. L'hommage s'est également étendu au journaliste et intellectuel Nordine Azzouz, disparu en mai, connu pour son engagement dans la presse nationale et son regard sur les affaires internationales. Le romancier et critique de cinéma Djamel Eddine Merdaci, décédé en juillet, a été salué pour son apport essentiel au journalisme culturel et à la critique artistique. Le poète Abdelmadjid Kaouah, disparu la même année, a été honoré pour son œuvre poétique riche de plus de vingt recueils et pour sa contribution à l'anthologie de la poésie algérienne d'expression française. Le Salon a aussi rendu hommage à Ismaïl Ghmoukat, romancier et dramaturge, à Boudaoud Amier, écrivain et traducteur prolifique, ainsi qu'au poète et journaliste Youcef Merahi, disparu en mars dernier. La liste des figures honorées comprenait également Djoher Amhis, Fadila M'rabet, Hmama Laamari, Samia Zennadi, et Abdelaziz Benmahdjoub, plus connu sous le nom de Habib Ayoub, journaliste, sociologue et romancier. Ces hommages, empreints de respect et de reconnaissance, ont rappelé que la littérature algérienne se nourrit de la passion, de l'engagement et du talent de ses acteurs, passés et présents. Une clôture sous le signe de la transmission En lançant à cette occasion la «Caravane de la connaissance», initiative destinée à promouvoir la lecture à travers le pays, le ministère de la Culture a voulu prolonger l'esprit du Salon au-delà de ses murs. «Le SILA n'est pas une fin, mais un départ», a résumé la ministre Bendouda, insistant sur la nécessité de rapprocher le livre de tous les citoyens. Ainsi s'est achevée cette 28e édition du Salon international du livre d'Alger : un carrefour du savoir et de la mémoire, où la passion des lecteurs a rencontré la créativité des auteurs, dans un vibrant hommage à la culture algérienne et universelle.