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Hocine Malti. Expert en pétrole « Des affaires ont été réglées pour arranger les compagnies pétrolières américaines »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 01 - 10 - 2010


le 01.10.10
Dans Histoire secrète du pétrole algérien, son livre sorti début septembre chez La Découverte, Hocine Malti revient en détail sur l'histoire du pétrole en Algérie et sur les mécanismes à l'origine de l'accaparement de la rente pétrolière par les dirigeants au détriment de la société.
-Vous écrivez que Abdelaziz Bouteflika n'est pas un expert pétrolier. Qu'il voit dans toute firme pétrolière l'image d'un Etat, et que toute action à son endroit est un message transmis au pays. Dans ce contexte, comment interpréter les affaires de corruption qui ont récemment secoué Sonatrach ?
Les affaires de corruption qui ont récemment secoué Sonatrach n'ont rien à voir avec le fait qu'Abdelaziz Bouteflika ne soit pas un expert pétrolier. Contrairement aux apparences et aux affirmations que l'on a pu lire ici ou là, ce n'est pas lui qui a ordonné ces enquêtes. C'est bel et bien le DRS qui les a déclenchées après s'être autosaisi du dossier et ce sont d'ailleurs ses enquêteurs qui ont pris les choses en main. Vous n'ignorez certainement pas qu'il existe au sein du régime algérien deux clans qui s'affrontent en permanence pour le pouvoir, de manière tantôt feutrée, tantôt violente : celui du président et celui des généraux dits «janviéristes», représentés par le DRS. De ce fait, les règlements de comptes entre ces deux pôles sont fréquents. Le scandale qui a éclaboussé Sonatrach en janvier dernier en est un et les enquêtes qui s'ensuivirent ne constituent pas une sorte «d'opération mains propres».
Il s'agit, en réalité, d'une opération de déstabilisation du président par le DRS qui a néanmoins abouti à la mise sous les verrous ou sous contrôle judiciaire d'une grande partie de l'état-major de Sonatrach. C'est tant mieux si la culpabilité des personnes accusées est démontrée par la justice. L'opération a eu également pour conséquence le limogeage quelque temps après du ministre de l'Energie. Autant de personnes considérées comme faisant partie du clan présidentiel. C'est pourquoi je dis qu'il ne s'agit pas, à vrai dire, d'une «opération mains propres». D'autant que l'autre clan n'est guère plus propre ; malheureusement, les ripoux sont légion dans les deux camps.
-Vous parlez du concept de «maladie hollandaise»* en soulignant que la Norvège et le Koweït s'en sont sortis via la création de fonds souverains dans lesquels ils ont placé leurs excédents. Mais les Algériens prétendent que ces placements sont trop risqués. Et la crise financière mondiale a montré qu'ils n'avaient pas complètement tort…
On pourrait certainement entamer une discussion, byzantine pour ce qui est de l'Algérie, quant aux risques que présentent les fonds souverains. Il n'en reste pas moins que dans les cas de la Norvège et du Koweït, que je n'ai cités qu'à titre d'exemples dans le livre, c'est cette solution qui a été retenue et qui a permis de stabiliser l'économie des deux pays. Quant au mal qui affecte l'Algérie depuis quelques décennies déjà, son Dutch disease, il est beaucoup plus grave et beaucoup plus profond. Il porte sur la nature même du pouvoir et sur le détournement des richesses du pays au profit de la caste des dirigeants. La condition sine qua non à remplir avant la prescription d'un quelconque remède est l'instauration de la démocratie, d'une véritable démocratie, pas celle de façade actuellement en place, dans laquelle seul le candidat de l'armée peut être élu président de la République, après que l'on eut négocié avec lui le score qui lui sera attribué.
-Plusieurs chapitres de votre livre abordent également la question du gaz naturel. Vous y déplorez l'absence de stratégie en vous interrogeant sur les raisons de la passivité des Algériens dans un domaine où ils devraient être en pointe. Cela serait, d'après vous, lié à une exigence américaine. Pourquoi ?
On a pu effectivement constater à plusieurs reprises l'absence de stratégie dans le domaine du gaz de la part du ministre de l'Energie en fonction jusqu'au mois de mai dernier. Quand Iraniens, Vénézuéliens et Russes ont évoqué en 2006-2007 l'idée de création d'une OPEP du gaz, il s'est déclaré contre. Quand le candidat à l'élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, avait mentionné dans son programme électoral la possibilité d'un partenariat entre Gaz de France et Sonatrach, il avait rejeté la proposition au motif qu'elle n'avait pas été présentée de manière officielle.
Ce même ministre a mis fin, dans des conditions peu claires et peu convaincantes, au contrat qui liait Sonatrach aux Espagnols de Repsol et Gas Natural dans le cadre de ce que l'on a appelé le projet de gaz intégré de Gassi Touil. La conséquence en a été que le coût du projet a été augmenté de près de 3 milliards de dollars et la durée de réalisation allongée de 3 années, avec ce que cela suppose comme manque à gagner pour le pays. Est-ce par incompétence ou pour répondre à une exigence américaine ? Probablement les deux, comme je le souligne dans le livre. En tout cas, ces affaires ont pour traits communs d'être toutes trois contre les intérêts nationaux et s'inscrivent, par contre, parfaitement dans le cadre des objectifs de l'administration et des compagnies pétrolières américaines.
-D'après une enquête que nous avions réalisée en janvier, de hauts cadres du groupe et des sources proches du dossier nous avaient affirmé que le vrai décideur de Sonatrach serait en réalité Mohammed Rédha Hemch, ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach et neveu de Chakib Khelil, aujourd'hui résident en Suisse. Pouvez-vous nous parler de lui ?
Vous me permettrez de ne pas répondre à cette question, car mon rôle n'est pas de jouer à l'informateur. Vous savez, tout comme moi, qu'une enquête est en cours depuis le mois de janvier dernier et que les services qui en ont la charge, ceux du DRS en l'occurrence, disposent de tous les moyens d'investigation nécessaires, ainsi que de tous les documents comptables ou autres de Sonatrach pour faire la lumière sur les agissements de telle ou telle personne pour ce qui est de la gestion de la compagnie nationale. Peut-être pourriez-vous demander un complément d'information aux «sources proches du dossier» qui vous ont déjà fait part de certains renseignements ?
-Vous parlez de Sonatrach comme «d'un grand corps malade». Pourquoi ? Comment la décision est prise au sein de Sonatrach ? Pourquoi n'est-elle pas transparente ?
Sonatrach est un grand corps malade, car elle est aujourd'hui gangrenée par la corruption. Rares sont les contrats de vente de pétrole ou de gaz, de réalisation de projets, d'achat de matériels ou de prestation de services qui ne font pas l'objet de versements de pots-de-vin. D'autre part, son personnel est démotivé en raison d'une mauvaise gestion des hommes et des affaires. Pour répondre au deuxième volet de votre question, celui relatif à la manière dont est prise la décision au sein de Sonatrach, je vous dirai que les dizaines de milliards de dollars que brasse Sonatrach annuellement attirent les convoitises de prédateurs, des hommes du pouvoir essentiellement, qui cherchent à détourner à leur profit la manne pétrolière du pays, afin de s'enrichir, enrichir leur entourage et renforcer leur pouvoir en achetant des consciences, des soutiens et le silence des démocraties occidentales sur les dérives du régime.
Pour mettre en place ce système d'appropriation des ressources nationales, ces hommes doivent rendre opaque le mécanisme de prise de décision au sein de l'entreprise, le contenir donc à l'intérieur d'un cercle restreint de dirigeants et créer un réseau de complicités. Ils peuvent ainsi orienter la décision dans le sens de leurs intérêts personnels. Souvenez-vous du nombre de fois où la presse algérienne a dénoncé ces appels téléphoniques, synonymes d'injonctions, «venues d'en haut», reçus par des chefs d'entreprise, des banquiers ou autres opérateurs économiques. Le même système fonctionne à des niveaux hiérarchiques inférieurs pour des décisions, des profits ou des privilèges de moindre importance.
*Phénomène économique qui relie exploitation de ressources naturelles et déclin de l'industrie manufacturière locale. Le terme est apparu dans les années 60, quand les revenus commerciaux des Pays-Bas ont considérablement augmenté à la suite de la découverte de grands gisements de gaz dans le pays et en mer du Nord. Suite à l'accroissement des recettes d'exportations, la devise hollandaise s'est appréciée, ce qui a nui à la compétitivité-prix des exportations non gazières du pays.
Bio expres :
Ingénieur des pétroles, Hocine Malti a participé à la création de la société nationale des hydrocarbures Sonatrach, dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Conseiller du secrétaire général de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Koweït) de 1975 à 1977, puis directeur de l'Arab Petroleum Services Company (Tripoli) jusqu'en 1982, il est aujourd'hui consultant pétrolier.
Mélanie Matarese



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